Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 99<br />
Le désir que tout homme a <strong>de</strong> maintenir son rang dans le mon<strong>de</strong>, <strong>et</strong> <strong>de</strong> conserver intacte sa<br />
fortune, fait que la plupart <strong>de</strong>s impôts sont payés par le revenu, qu’ils se trouvent, d’ailleurs,<br />
assis sur les capitaux ou sur les revenus. Par conséquent, à mesure que les impôts augmentent,<br />
ainsi que les dépenses du gouvernement, la dépense annuelle <strong>de</strong> la nation doit diminuer,<br />
à moins que le peuple ne puisse augmenter son capital <strong>et</strong> son revenu dans les mêmes<br />
proportions. Il est <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> tout gouvernement d‘encourager c<strong>et</strong>te disposition dans le<br />
peuple, <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne jamais lever <strong>de</strong>s impôts qui atteignent inévitablement les capitaux ; car on<br />
attaque ainsi le fonds <strong>de</strong>stiné à l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong> l‘industrie, <strong>et</strong> on diminue par conséquent la<br />
production future du pays 1 .<br />
On n’a point suivi ce système en Angl<strong>et</strong>erre, quand on a imposé les pièces probantes <strong>de</strong>s<br />
testaments, <strong>et</strong> qu’on a établi <strong>de</strong>s impôts sur les transmissions <strong>de</strong> propriété du mort au vif. Si<br />
un legs <strong>de</strong> 1,000 liv. est suj<strong>et</strong> à un impôt <strong>de</strong> 100 liv. le légataire regar<strong>de</strong> son legs comme<br />
n’étant que <strong>de</strong> 900 1. <strong>et</strong> n’éprouve aucune envie d‘épargner le droit <strong>de</strong> 100 liv. sur sa dépense,<br />
<strong>et</strong> il en résulte que le capital national est diminué. Mais s’il avait réellement reçu 1,000<br />
liv., <strong>et</strong> qu’on lui fit payer 100 1. d‘impôts sur son revenu, sur le vin, sur les chevaux, sur les<br />
domestiques, il eût probablement diminué, ou plutôt il n’eût point augmenté sa dépense<br />
d‘une pareille somme, <strong>et</strong> le capital national serait resté le même.<br />
"<strong>Des</strong> impôts sur les transmissions <strong>de</strong> propriété du mort au vif (dit Adam Smith )<br />
tombent ou immédiatement ou définitivement sur la personne à laquelle c<strong>et</strong>te propriété<br />
est transmise. Les impôts sur les ventes <strong>de</strong> terres tombent en totalité sur le<br />
ven<strong>de</strong>ur. Le ven<strong>de</strong>ur est presque toujours dans la nécessité <strong>de</strong> vendre, <strong>et</strong> est dès lors<br />
obligé <strong>de</strong> prendre le prix qu’il peut avoir. L’ach<strong>et</strong>eur, au contraire, n’est presque<br />
jamais dans la nécessité d’ach<strong>et</strong>er, <strong>et</strong> ne donne par conséquent que le prix qu’il lui<br />
plaît <strong>de</strong> donner. Il calcule ce que la terre lui coûtera tant en achat qu’en impôt : plus<br />
il sera obligé <strong>de</strong> payer comme impôt, moins il sera disposé à donner comme prix.<br />
"De tels impôts tombent donc presque toujours sur une personne qui est déjà<br />
dans un état <strong>de</strong> nécessité, <strong>et</strong> ils doivent être par conséquent durs <strong>et</strong> oppressifs. Les<br />
droits <strong>de</strong> timbre <strong>et</strong> les droits d’enregistrement <strong>de</strong>s obligations <strong>et</strong> contrats pour argent<br />
prêté tombent en entier sur l’emprunteur, <strong>et</strong> dans le fait ils sont toujours payés par<br />
lui. Les droits <strong>de</strong> la même espèce sur les actes <strong>de</strong> procédure tombent en entier sur les<br />
plai<strong>de</strong>urs ; ils réduisent, pour les <strong>de</strong>ux parties, la valeur <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> en litige. Plus il<br />
nous en coûte pour acquérir une propriété, moins elle a nécessairement pour nous <strong>de</strong><br />
valeur n<strong>et</strong>te quand elle est acquise. Tous les impôts établis sur <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> toute<br />
espèce <strong>de</strong> propriété, en tant qu’ils diminuent la valeur capitale <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te propriété,<br />
ten<strong>de</strong>nt à diminuer le fonds <strong>de</strong>stiné à l’entr<strong>et</strong>ien du travail productif ; tous sont plus<br />
ou moins <strong>de</strong>s impôts dissipateurs qui augmentent le revenu du souverain : or, le<br />
souverain entr<strong>et</strong>ient généralement <strong>de</strong>s travailleurs improductifs aux dépens du capital<br />
du peuple, qui n’entr<strong>et</strong>ient, lui, jamais que <strong>de</strong>s ouvriers productifs."<br />
Mais ce n’est pas là la seule objection contre les impôts sur les transmissions <strong>de</strong> propriété.<br />
Ils empêchent encore le capital national <strong>de</strong> se distribuer <strong>de</strong> la manière la plus avantageuse<br />
1 Lorsque le gouvernement, comme il arrive en Angl<strong>et</strong>erre, dépense annuellement une forte somme levée par<br />
<strong>de</strong>s emprunts, alors il dépense évi<strong>de</strong>mment une portion du capital du pays, ou du moins <strong>de</strong>s accumulations<br />
<strong>de</strong> l’année, qui, sans cela, seraient allées grossir le capital productif du pays. - J.-B. SAY.