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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 102<br />

Si le prix <strong>de</strong>s produits agricoles ne montait pas assez pour dédommager le cultivateur <strong>de</strong><br />

l’impôt qu’il est tenu <strong>de</strong> payer, il quitterait probablement un genre d’industrie dans lequel ses<br />

profits se trouveraient réduits au-<strong>de</strong>ssous du niveau général. Cela ferait diminuer l’approvisionnement<br />

jusqu’à ce que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> soutenue <strong>de</strong>s produits agricoles les fit hausser au point<br />

d’en rendre la culture aussi profitable que serait, en général, l’emploi <strong>de</strong>s fonds dans les<br />

autres genres d‘industrie.<br />

Ce n’est que par la hausse <strong>de</strong>s prix que le cultivateur pourra payer ses contributions, en<br />

continuant à r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong> son capital employé les profits ordinaires. Il ne peut prendre la valeur<br />

<strong>de</strong> ses impôts sur la rente, en forçant ainsi son propriétaire à payer l’impôt, puisqu’il ne paie<br />

pas <strong>de</strong> rente. Il ne peut le prendre sur ses profits, car il n’y aurait aucune raison pour qu’il<br />

continuât une industrie si peu lucrative, alors que toutes les autres branches du travail en<br />

donneraient <strong>de</strong> plus considérables. Il est donc indubitable qu’il pourra élever le prix <strong>de</strong> ses<br />

produits bruts d’une valeur égale à celle <strong>de</strong> l’impôt.<br />

Ainsi donc, l’impôt sur le produit agricole n’est payé ni par le propriétaire ni par le fermier<br />

; c’est le consommateur qui, payant ces <strong>de</strong>nrées plus cher, acquitte l’impôt.<br />

Il faut se rappeler que la rente, ou les profits <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> terre, est la différence qui existe<br />

entre les produits obtenus par <strong>de</strong>s quantités égales <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> <strong>de</strong> capital employées sur <strong>de</strong>s<br />

terrains <strong>de</strong> qualité différente ou semblable. Il faut se rappeler aussi que la rente en argent <strong>et</strong> la<br />

rente en blé ne varient pas dans une même proportion.<br />

Par l’eff<strong>et</strong> d’un impôt sur les <strong>de</strong>nrées agricoles, tel qu’une contribution foncière ou une<br />

dîme, la rente en blé changera, tandis que celle en argent restera la même.<br />

Si, comme nous l’avons déjà supposé, la terre en culture est <strong>de</strong> trois qualités différentes, <strong>et</strong><br />

que par l’emploi d‘un capital pareil on obtienne<br />

180 quarters <strong>de</strong> blé du terrain n° 1,<br />

que le moindre impôt sur les terres ou sur leur produit immédiat, doit élever le prix <strong>de</strong> ce produit, ou faire<br />

abandonner la culture <strong>de</strong>s terres qui ne paient point <strong>de</strong> profit foncier à leur propriétaire. Mais les choses ne<br />

se passent pas rigoureusement ainsi. Toute terre cultivée paie toujours un fermage, quelque faible qu'il soit.<br />

Un propriétaire, ne fût-ce que par mauvaise humeur, ne laisserait pas cultiver sa terre, si elle ne lui rapportait<br />

absolument rien. On voit dans les montagnes <strong>de</strong>s Alpes <strong>et</strong> du Jura une foule <strong>de</strong> mauvais pâturages sur<br />

lesquels il n'y a aucun capital répandu, qui tous rapportent un loyer à leurs propriétaires. S'il y a quelques<br />

terres cultivées qui ne rapportent absolument rien à leur propriétaire pour son droit <strong>de</strong> propriété, elles sont en<br />

si p<strong>et</strong>ite quantité, que sur un grand pays elles exercent probablement peu d’influence sur la quantité <strong>et</strong> le prix<br />

<strong>de</strong>s produits généraux. Il faudrait qu’un nouvel impôt sur les produits <strong>de</strong>s terres fût considérable au point <strong>de</strong><br />

faire abandonner <strong>de</strong>s terres actuellement en culture, pour qu’il fit augmenter le prix <strong>de</strong>s blés. Si un tel impôt<br />

n’augmente pas sensiblement l’étendue <strong>de</strong>s terrains en friche, on ne voit pas pourquoi le prix <strong>de</strong>s blés<br />

augmenterait, puisque l’approvisionnement serait le même. Le gouvernement ou le clergé lèveraient <strong>de</strong>s<br />

dîmes en nature, que le prix du blé resterait encore le même, puisque la même quantité <strong>de</strong> ce produit irait sur<br />

le marché, serait j<strong>et</strong>ée dans la circulation par les collecteurs à défaut <strong>de</strong>s cultivateurs. Tout impôt <strong>de</strong> ce<br />

genre, à moins qu’il ne soit exagéré, ne peut donc que diminuer les profits du propriétaire <strong>et</strong> ceux du<br />

cultivateur, sans faire renchérir le produit <strong>de</strong>s terres. - J.-B. SAY.

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