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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 106<br />

nation, adm<strong>et</strong>tent trop facilement qu’une hausse ou une baisse dans le prix <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong><br />

première nécessité n’est suivie que lentement d’une pareille hausse ou baisse <strong>de</strong>s salaires. Le<br />

haut prix <strong>de</strong>s vivres peut provenir <strong>de</strong> causes très-différentes, <strong>et</strong> peut par conséquent produire<br />

<strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s très-différents aussi. Il peut venir :<br />

1° D’un défaut d’approvisionnement ;<br />

2° D’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> graduellement croissante, qui peut à la longue occasionner une<br />

augmentation <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> production ;<br />

3° D’une baisse dans la valeur <strong>de</strong> la monnaie ;<br />

4° <strong>Des</strong> impôts sur les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> première nécessité.<br />

Ceux qui ont cherché à connaître l’influence <strong>de</strong> la cherté <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> première nécessité<br />

sur les salaires, n’ont pas su distinguer suffisamment ces quatre causes les unes <strong>de</strong>s autres :<br />

nous allons les examiner successivement.<br />

Une mauvaise récolte fera renchérir les <strong>de</strong>nrées alimentaires, <strong>et</strong> leur cherté est la seule<br />

chose qui puisse proportionner la consommation à l’approvisionnement. Si tous les ach<strong>et</strong>eurs<br />

<strong>de</strong> blé étaient riches, le prix du blé pourrait hausser indéfiniment ; mais le résultat subsisterait,<br />

<strong>et</strong> le blé <strong>de</strong>viendrait à la fin si cher, que les personnes qui seraient moins riches se<br />

verraient dans la nécessité d‘en r<strong>et</strong>rancher <strong>de</strong> leur consommation ordinaire une certaine<br />

partie ; car il n’y aurait aucun autre moyen <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>scendre la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au niveau <strong>de</strong> l’approvisionnement,<br />

que <strong>de</strong> diminuer la consommation. Dans <strong>de</strong> telles circonstances, rien n’est<br />

plus absur<strong>de</strong> que <strong>de</strong> vouloir, par <strong>de</strong>s moyens violents, régler le prix en argent <strong>de</strong>s salaires sur<br />

celui <strong>de</strong>s subsistances, ainsi que cela se pratique souvent par une fausse application <strong>de</strong>s lois<br />

concernant les pauvres. De pareils règlements n’améliorent en rien la condition <strong>de</strong>s masses,<br />

car leur eff<strong>et</strong> est <strong>de</strong> faire hausser encore davantage le prix du blé, <strong>et</strong> l’ouvrier est enfin obligé<br />

<strong>de</strong> réduire sa consommation au niveau <strong>de</strong> l‘approvisionnement diminué. Dans le cours<br />

naturel <strong>de</strong>s choses, une dis<strong>et</strong>te produite par <strong>de</strong> mauvaises récoltes n’occasionnerait pas <strong>de</strong><br />

hausse dans les salaires, si on ne la provoquait par d‘aussi pernicieux règlements. La hausse<br />

<strong>de</strong>s salaires n’est que nominale pour celui qui les reçoit ; elle augmente la concurrence entre<br />

les ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> blé, <strong>et</strong>, en <strong>de</strong>rnier résultat, elle ne fait qu’élever les profits <strong>de</strong>s cultivateurs <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s marchands <strong>de</strong> blé. Le salaire du travailleur ne se règle, en eff<strong>et</strong>, que par la proportion qui<br />

existe entre l’approvisionnement <strong>et</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> première nécessité, <strong>et</strong> l’offre <strong>et</strong><br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bras, - la monnaie n’étant que le moyen ou la mesure qui sert à exprimes la<br />

valeur <strong>de</strong> ce salaire. Dans le cas posé, la détresse du travailleur est inévitable, <strong>et</strong> aucun<br />

gouvernement ne peut y remédier autrement que par l’importation d’une plus gran<strong>de</strong> somme<br />

<strong>de</strong> subsistances.<br />

Quand la cherté du blé est due à une plus forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, elle est toujours précédée par la<br />

hausse <strong>de</strong>s salaires ; car la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne peut augmenter qu’autant que le peuple possè<strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> payer ce dont il a envie. L’accumulation <strong>de</strong>s capitaux produit naturellement<br />

une concurrence plus active parmi les personnes qui emploient <strong>de</strong>s ouvriers, <strong>et</strong> par conséquent<br />

fait hausser le prix <strong>de</strong> la main-d‘œuvre. Les salaires, ainsi augmentés, ne sont pas

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