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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 143<br />

La considération <strong>de</strong> ce fait doit nous conduire à la connaissance d’un principe trèsimportant,<br />

auquel je crois qu’on n’a jamais fait attention. Le voici : - Dans un pays où il n’y<br />

aurait point d’impôts, les variations dans la valeur <strong>de</strong> l’argent, provenant <strong>de</strong> sa rar<strong>et</strong>é ou <strong>de</strong><br />

son abondance, doivent produire un eff<strong>et</strong> pareil sur le prix <strong>de</strong> toutes les <strong>de</strong>nrées ; car si une<br />

<strong>de</strong>nrée qui vaut 1,000 1. monte à 1200 1. ou tombe à 800 l., une autre <strong>de</strong>nrée qui vaut 10,000<br />

1. montera à 12,000 1. ou tombera à 8,000 1. : mais dans les pays où les prix haussent<br />

artificiellement par l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt , l’abondance <strong>de</strong> numéraire par son affluence du <strong>de</strong>hors,<br />

ou sa rar<strong>et</strong>é, par suite <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s venues <strong>de</strong> l’étranger, ne modifieront pas dans la même<br />

proportion les prix <strong>de</strong> toutes les <strong>de</strong>nrées ; les unes hausseront ou baisseront <strong>de</strong> 5, 6 ou 12<br />

pour cent, <strong>et</strong> les autres <strong>de</strong> 3, 4 ou 7 pour cent. Dans un pays qui ne paierait point d‘impôts, si<br />

le numéraire diminuait <strong>de</strong> valeur, son abondance dans tous les marchés produirait un eff<strong>et</strong><br />

sensible sur tous les marchés. Si la vian<strong>de</strong> haussait <strong>de</strong> 20 pour cent, le pain, la bière, la<br />

chaussure <strong>et</strong> la main-d’œuvre hausseraient également <strong>de</strong> 20 pour cent. Il faut qu’il en soit<br />

ainsi pour assurer à chaque branche d‘industrie le même taux <strong>de</strong> profits. Mais cela cesse<br />

d'être vrai dès qu’une <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>nrées est imposée ; car si, dans ce cas, elles haussaient toutes<br />

à proportion <strong>de</strong> la baisse dans la valeur <strong>de</strong> l’argent, les profits <strong>de</strong>viendraient inégaux. Dans le<br />

cas où les <strong>de</strong>nrées seraient imposées, les profits s'élèveraient au <strong>de</strong>ssus du niveau général, <strong>et</strong><br />

le capital passerait d'un emploi à un autre jusqu'à ce que l'équilibre <strong>de</strong>s profits se trouvât<br />

rétabli, ce qui ne pourrait arriver qu'après que les prix relatifs seraient changés.<br />

Ce principe n'explique-t-il pas les différents eff<strong>et</strong>s que l'on a observés dans le prix <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées, à la suite du changement dans la valeur du numéraire, pendant la durée <strong>de</strong> la loi qui<br />

autorisait la Banque d'Angl<strong>et</strong>erre à suspendre ses paiements en argent ? On objectait à ceux<br />

qui soutenaient que l'agent <strong>de</strong> la circulation était déprécié par la trop gran<strong>de</strong> abondance <strong>de</strong><br />

papier-monnaie, que si cela était vrai, toutes les <strong>de</strong>nrées auraient dû hausser dans la même<br />

proportion. On remarquait bien que plusieurs d'entre elles avaient varié <strong>de</strong> prix beaucoup plus<br />

que d'autres ; mais on en concluait que la hausse <strong>de</strong>s prix était due à quelque cause qui<br />

affectait la valeur même <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées, <strong>et</strong> non à un changement quelconque dans la valeur <strong>de</strong><br />

l'agent <strong>de</strong> la circulation. Et cependant il semble, d'après ce que nous venons <strong>de</strong> dire, que dans<br />

un pays qui paie <strong>de</strong>s impôts sur les <strong>de</strong>nrées, leur prix ne varie pas dans les mêmes proportions,<br />

par suite <strong>de</strong> la hausse ou <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> la monnaie courante.<br />

Si les profits <strong>de</strong> tout commerce étaient imposés, à l'exception <strong>de</strong> ceux du fermier, toutes<br />

les marchandises, excepté les fruits <strong>de</strong> la terre, auraient une plus forte valeur en monnaie. Le<br />

fermier aurait le même revenu en blé qu'auparavant, <strong>et</strong> il vendrait son blé également au même<br />

prix en monnaie ; mais comme il serait obligé <strong>de</strong> payer plus cher toutes les <strong>de</strong>nrées autres<br />

que le blé, ce serait pour lui un impôt sur sa dépense. Un changement, même dans la valeur<br />

<strong>de</strong> l'argent, n'allégerait en rien le poids <strong>de</strong> c<strong>et</strong> impôt ; car ce changement pourrait faire baisser<br />

toutes les <strong>de</strong>nrées à leur ancien prix, mais celle qui ne serait point imposée tomberait au<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> son ancien niveau ; <strong>et</strong> par conséquent, quoique le fermier pût ach<strong>et</strong>er les <strong>de</strong>nrées<br />

pour sa consommation à leur ancien prix il se trouverait avoir moins d'argent à dépenser pour<br />

leur achat.<br />

La position du propriétaire n'aurait pas changé non plus ; il recevrait autant <strong>de</strong> rente en blé<br />

<strong>et</strong> en argent qu'auparavant, si le prix <strong>de</strong> toutes les <strong>de</strong>nrées haussait pendant que l'argent

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