Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 133<br />
peut s’effectuer que par l’importation d‘espèces métalliques <strong>de</strong> l’étranger, ou par la création<br />
ou l’augmentation du papier-monnaie dans le pays.<br />
Supposons donc que le roi d’Espagne soit le possesseur exclusif <strong>de</strong>s mines d‘or, <strong>et</strong> l’or, le<br />
seul métal employé comme monnaie ; s’il m<strong>et</strong>tait un impôt considérable sur l’or, il en ferait<br />
hausser beaucoup la valeur naturelle ; <strong>et</strong> comme le prix courant, en Europe, est en <strong>de</strong>rnière<br />
analyse réglé par le prix naturel dans l’Amérique espagnole, 1‘Europe livrerait une plus<br />
gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> marchandises pour une quantité déterminée d’or. Cependant 1’Amérique<br />
ne produirait plus la même quantité d’or; car sa valeur ne hausserait qu’en proportion <strong>de</strong> la<br />
rar<strong>et</strong>é qui résulterait <strong>de</strong> l’accroissement <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> production. L’Amérique n’obtiendrait<br />
donc pas plus <strong>de</strong> marchandises que par le passé, en échange <strong>de</strong> tout l’or qu’elle exporterait, <strong>et</strong><br />
on pourrait <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quel serait, dans ce cas, l’avantage que l’Espagne <strong>et</strong> ses colonies en<br />
r<strong>et</strong>ireraient. Le voici. S’il y a moins d’or produit, moins <strong>de</strong> capital aura été employé à la production<br />
; on importera la même valeur en marchandises d’Europe, par l’emploi d’un moindre<br />
capital, <strong>et</strong> par conséquent tous les produits obtenus par l’emploi du capital détourné <strong>de</strong>s<br />
mines, sera un avantage que l‘Espagne r<strong>et</strong>irera <strong>de</strong> l’impôt, <strong>et</strong> qu’elle ne saurait obtenir en<br />
aussi gran<strong>de</strong> abondance, ni avec autant <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>, par la possession du monopole <strong>de</strong> toute<br />
autre <strong>de</strong>nrée. Il ne résulterait <strong>de</strong> c<strong>et</strong> impôt, en tant qu’il concerne le numéraire, aucun inconvénient<br />
pour les nations européennes ; elles possé<strong>de</strong>raient la même quantité <strong>de</strong> marchandises<br />
<strong>et</strong> par conséquent elles auraient les mêmes moyens <strong>de</strong> jouissance que par le passé : seulement,<br />
la circulation <strong>de</strong> ces marchandises se ferait avec moins <strong>de</strong> numéraire.<br />
Si, par l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong> impôt, les mines ne rendaient plus qu’un dixième <strong>de</strong> l’or qu’elles produisent<br />
à présent, ce dixième vaudrait autant que les dix dixièmes actuels. Mais le roi d’Espagne<br />
n’est pas le possesseur exclusif <strong>de</strong>s mines <strong>de</strong> métaux précieux , <strong>et</strong> quand il le serait,<br />
l'avantage qu’il pourrait r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te possession <strong>et</strong> <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre un impôt sur ces<br />
métaux, serait réduit <strong>de</strong> beaucoup par la diminution <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la consommation en<br />
Europe, par suite du papier-monnaie qu’on y substituerait plus ou moins aux métaux<br />
précieux. L’accord du prix naturel <strong>et</strong> du prix courant <strong>de</strong> toutes les marchandises dépend<br />
toujours <strong>de</strong> la facilité avec laquelle l’approvisionnement peut en être augmenté ou diminué.<br />
C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ne peut pas, dans certaines circonstances, s’opérer rapi<strong>de</strong>ment pour ce qui regar<strong>de</strong><br />
l’or, les maisons, les bras <strong>et</strong> beaucoup d’autres obj<strong>et</strong>s. Il n’en est point ainsi <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées qui<br />
sont consommées <strong>et</strong> reproduites tous les ans, telles que les chapeaux, les souliers, le drap <strong>et</strong><br />
le blé ; on peut en diminuer l’approvisionnement au besoin, en l’accommodant à l’augmentation<br />
<strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> production, <strong>et</strong> sans qu’il faille pour cela un intervalle <strong>de</strong> temps bien long.<br />
Un impôt sur les produits agricoles r<strong>et</strong>ombe, ainsi que nous l’avons déjà vu, sur le consommateur,<br />
<strong>et</strong> n’affecte nullement la rente, à moins qu’en diminuant les fonds <strong>de</strong>stinés au<br />
soutien <strong>de</strong>s travailleurs il ne fasse baisser les salaires, <strong>et</strong> ne diminue la population ainsi que la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> blé. Mais un impôt sur le produit <strong>de</strong>s mines d'or doit, en élevant la valeur <strong>de</strong> ce<br />
métal, en réduire nécessairement la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, <strong>et</strong> doit par conséquent détourner les capitaux <strong>de</strong><br />
l'emploi auquel ils étaient consacrés. Alors même que l'Espagne tirerait tous les avantages<br />
que nous avons exposés, d'un impôt sur l'or, les propriétaires <strong>de</strong>s mines, dont on aurait<br />
détourné les capitaux, en auraient perdu tout leur loyer. Ce serait une perte pour les particuliers,<br />
mais non pour la nation : - le loyer n'étant point une richesse créée, mais uniquement