Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 82<br />
cent sur son capital, <strong>et</strong> une valeur égale aura été importée en Angl<strong>et</strong>erre. S’il tire plus <strong>de</strong><br />
1,200 1. <strong>de</strong> ses cinquante pipes, ce marchand fera un profit supérieur au taux général, <strong>et</strong> un<br />
commerce aussi lucratif attirerait bientôt les capitaux, jusqu’à ce que la baisse dans le prix du<br />
vin eût tout ramené à l’ancien niveau.<br />
On a néanmoins prétendu que les gros bénéfices que r<strong>et</strong>irent certains négociants du<br />
commerce étranger, font hausser le taux général <strong>de</strong>s profits dans le pays, <strong>et</strong> que les capitaux<br />
que l’on détourne d'autres emplois pour les consacrer à c<strong>et</strong>te nouvelle branche lucrative du<br />
commerce extérieur, doit faire hausser les prix, <strong>et</strong>, par suite, les profits. Les écrivains les plus<br />
estimés ont émis c<strong>et</strong>te opinion : Si, disent-ils, le capital consacré à la culture du blé, à la<br />
fabrication du drap, à celle <strong>de</strong>s chapeaux, <strong>de</strong>s souliers, <strong>et</strong>c., est diminué, tandis que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> ces articles reste la même, le prix <strong>de</strong> ces obj<strong>et</strong>s haussera tellement, que le fermier, le<br />
chapelier, le fabricant <strong>de</strong> draps <strong>et</strong> le cordonnier auront <strong>de</strong> plus forts profits, ainsi que le<br />
négociant qui fait le commerce étranger 1 .<br />
Ceux qui soutiennent c<strong>et</strong>te proposition conviennent avec moi que les profits <strong>de</strong>s divers<br />
emplois <strong>de</strong> capital ten<strong>de</strong>nt à se rapprocher entre eux, à hausser ou à baisser ensemble. Nous<br />
ne différons qu'en ceci : ils préten<strong>de</strong>nt que la hausse générale <strong>de</strong>s profits doit en amener l'égalité<br />
; <strong>et</strong> moi, je soutiens que les profits <strong>de</strong> la branche <strong>de</strong> commerce favorisée doivent r<strong>et</strong>omber<br />
promptement au niveau général.<br />
Car, d'abord, je n'adm<strong>et</strong>s pas qu'il y ait nécessairement moins <strong>de</strong> capital employé à la<br />
culture du blé, à la fabrication <strong>de</strong>s draps, <strong>de</strong>s chapeaux, <strong>de</strong>s souliers, <strong>et</strong>c., à moins que la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces articles n'ait diminué ; <strong>et</strong> si cela était, ils ne baisseraient point le prix. Pour<br />
ach<strong>et</strong>er les marchandises étrangères, il faudra employer une quantité égale, plus faible ou<br />
plus forte <strong>de</strong>s produits du sol <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'industrie <strong>de</strong> l'Angl<strong>et</strong>erre. Si l'on emploie une portion<br />
égale, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> draps, <strong>de</strong> souliers, <strong>de</strong> blé <strong>et</strong> <strong>de</strong> chapeaux, sera la même que par le passé,<br />
<strong>et</strong> la même quantité <strong>de</strong> capital sera consacrée à leur production. Si, par suite du meilleur<br />
marché <strong>de</strong>s marchandises étrangères, on consacre à leur achat une moindre portion du produit<br />
annuel du sol <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'industrie <strong>de</strong> l'Angl<strong>et</strong>erre, il en restera davantage pour d'autres obj<strong>et</strong>s. Si<br />
la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> chapeaux, <strong>de</strong> souliers, <strong>de</strong> blé, <strong>et</strong>c., <strong>de</strong>vient plus forte, comme cela peut arriver,<br />
les consommateurs <strong>de</strong>s marchandises étrangères ayant une plus gran<strong>de</strong> portion <strong>de</strong> leur revenu<br />
<strong>de</strong> disponible, le capital <strong>de</strong>stiné auparavant à ach<strong>et</strong>er les articles <strong>de</strong> l'étranger lorsqu'ils<br />
avaient une plus forte valeur, <strong>de</strong>viendra également disponible. Ainsi donc, tandis que la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> blé, <strong>de</strong> souliers, <strong>et</strong>c., aura augmenté, il y aura en même temps plus <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong><br />
les payer, <strong>et</strong> par conséquent il ne peut y avoir <strong>de</strong> hausse permanente ni dans les prix, ni dans<br />
les profits.<br />
Si une plus forte portion du produit du sol <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre est employée à<br />
l’achat <strong>de</strong>s marchandises étrangères, on ne pourra pas en dépenser autant à d’autres obj<strong>et</strong>s, <strong>et</strong><br />
par conséquent la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> chapeaux, <strong>de</strong> souliers, <strong>et</strong>c., diminuera ; mais en même temps<br />
qu’on aura détourné <strong>de</strong>s capitaux <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong>s chapeaux, <strong>de</strong>s souliers, <strong>et</strong>c., on en aura<br />
versé davantage dans les manufactures qui fabriquent les articles avec lesquels on achète les<br />
1 Voyez Adam Smith, liv. I, chap. 9.