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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 155<br />

Si l’impôt avait été établi directement sur le peuple, le fonds national pour l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong>s<br />

travailleurs aurait diminué dans la même proportion que celui du gouvernement, <strong>de</strong>stiné au<br />

même emploi, <strong>et</strong> il n’y aurait pas eu, par conséquent, <strong>de</strong> hausse <strong>de</strong>s salaires ; car, quoique la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> restât la même, il n’y aurait plus la même concurrence. Si. une fois l’impôt levé, le<br />

gouvernement en exportait le produit pour le donner comme subsi<strong>de</strong> à un État étranger ; <strong>et</strong> si<br />

par conséquent ces fonds étaient consacrés à payer les travailleurs étrangers, au lieu <strong>de</strong>s<br />

Anglais, tels que <strong>de</strong>s soldats, <strong>de</strong>s matelots, <strong>et</strong>c.., alors il y aurait sans doute une moindre<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bras, <strong>et</strong> les salaires pourraient bien ne pas hausser, quoique étant imposés. Mais<br />

la même chose arriverait si l’impôt avait été mis sur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>de</strong> consommation, sur les<br />

profits du capital, ou si la même somme avait été levée <strong>de</strong> toute autre manière, pour fournir le<br />

montant du subsi<strong>de</strong> ; c’est-à-dire, il y aurait moins <strong>de</strong> bras employés dans le pays. Dans l’un<br />

<strong>de</strong>s cas, on empêche les salaires <strong>de</strong> monter ; dans l’autre, ils doivent baisser absolument.<br />

Mais supposons que le montant d’un impôt sur les salaires, après avoir été prélevé sur les<br />

ouvriers, fût donné gratuitement à ceux qui les emploient ; cela augmenterait le capital <strong>de</strong><br />

ceux-ci d'une somme d’argent <strong>de</strong>stinée a payer la main-d’œuvre, mais cela ne multiplierait ni<br />

les <strong>de</strong>nrées ni le nombre <strong>de</strong>s bras. Il y aurait donc augmentation <strong>de</strong> concurrence entre ceux<br />

qui emploient <strong>de</strong>s ouvriers, <strong>et</strong> l’impôt n’occasionnerait en définitive aucune perte ni à<br />

l’ouvrier ni à celui qui l’emploie. Ce <strong>de</strong>rnier paierait plus cher le travail ; <strong>et</strong> ce surcroît <strong>de</strong><br />

salaire, l'ouvrier le paierait à son tour au gouvernement, qui, dans le cas supposé, le rendrait à<br />

l'entrepreneur <strong>de</strong> travaux.<br />

On ne doit cependant pas oublier que le produit <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong> est souvent dissipé sans fruit, <strong>et</strong><br />

qu'en diminuant le capital, <strong>l'impôt</strong> tend à diminuer le fonds réel <strong>de</strong>stiné au soutien <strong>de</strong>s travailleurs,<br />

<strong>et</strong> par conséquent qu'il occasionne une moindre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bras. Les impôts donc en<br />

général, en tant qu'ils diminuent le capital réel du pays, ren<strong>de</strong>nt la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bras moindre<br />

; par conséquent l'eff<strong>et</strong> probable d'un impôt sur les salaires, quoique c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ne soit ni<br />

nécessaire ni particulier à c<strong>et</strong> impôt, c'est que, quoique les salaires éprouvent une hausse, elle<br />

ne sera cependant pas d'une somme précisément égale à la valeur <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong>.<br />

Adam Smith, ainsi que nous l'avons déjà dit, convient pleinement que l'eff<strong>et</strong> d'un impôt<br />

sur les salaires serait <strong>de</strong> les faire monter d'une somme égale au moins à la valeur <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong>,<br />

<strong>et</strong> que c<strong>et</strong> impôt serait en définitive payé par l'entrepreneur <strong>de</strong> travaux, s'il ne l'était pas im-<br />

fonds <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> l’ouvrier ; les jouissances du premier sont multipliées aux dépens quelquefois<br />

<strong>de</strong>s besoins urgents du second ; mais on peut dire, à la rigueur, que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s travaux productifs n’est<br />

pas diminuée : elle n’est que déplacée. On <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en travaux qui concourent à <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> luxe, ce que<br />

l’ouvrier cesse <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en bonne nourriture, en bons vêtements, en ameub1ements commo<strong>de</strong>s.<br />

Lorsque l’impôt est pris sur le capital, il ne faut pas croire qu’il achète autant <strong>de</strong> travaux que s’il était<br />

<strong>de</strong>meuré dans c<strong>et</strong> utile emploi. A la vérité, le gouvernement se sert <strong>de</strong> son montant pour faire <strong>de</strong>s achats qui<br />

remplacent ceux qu’aurait faits c<strong>et</strong>te portion <strong>de</strong> capital ; c’est-à-dire peut-être <strong>de</strong> la poudre à canon, au lieu<br />

<strong>de</strong> la laine dont on aurait fabriqué du drap ; mais la poudre à canon ne se reproduit pas par elle-même, tandis<br />

que le drap, une fois fabriqué, se vend, <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa valeur on recommence a ach<strong>et</strong>er <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong>nrées dont la<br />

production fait travailler <strong>de</strong> nouveau les producteurs, <strong>et</strong> le même jeu se renouvelle perpétuellement. Dans ce<br />

cas, il ne faut pas dire que le montant <strong>de</strong> l’impôt entre les mains du gouvernement réclame autant <strong>de</strong> travaux<br />

industriels qu’entre les mains <strong>de</strong>s particuliers. - J.-B. SAY.

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