Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 63<br />
guimpe délicate qui entoure le sein <strong>de</strong> nos villageoises, les chauds vêtements qui couvrent nos paysans <strong>et</strong><br />
nos ouvriers sont d’institution toute récente <strong>et</strong> témoignent d‘un bien-être croissant. <strong>Des</strong> voies <strong>de</strong> communication<br />
plus parfaites ont permis aux hommes, aux idées, aux choses, du rayonner <strong>de</strong> toutes parts <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
moraliser les populations : <strong>de</strong>s écoles, <strong>de</strong>s salles d’asile, <strong>de</strong>s hôpitaux, <strong>de</strong>s hospices, <strong>de</strong>s crèches s’ouvrent <strong>de</strong><br />
toutes parts <strong>de</strong>vant l’intelligence qui va éclore, l’enfant qui va naître, le vieillard qui va mourir; l’air, la<br />
lumière, l’eau commencent à circuler dans les rues, grâce à nos institutions municipales, <strong>et</strong> pour résumer<br />
tous ces faits en un seul fait décisif, la moyenne <strong>de</strong> la vie humaine s’est accrue <strong>de</strong>puis cinquante années,<br />
hâtons-nous <strong>de</strong> le dire, ailleurs que dans les colonnes élastiques <strong>et</strong> torses <strong>de</strong> la statistique.<br />
Et il n’en saurait être autrement. L’évolution économique suit nécessairement l’évolution <strong>politique</strong>, <strong>et</strong><br />
l’influence que gagne chaque jour la démocratie, - c<strong>et</strong> évangile systématisé <strong>et</strong> démontré, - doit se refléter <strong>et</strong><br />
se reflète dans la prospérité générale. Le premier mouvement d’une nation qui se sait indépendante est <strong>de</strong> se<br />
vouloir heureuse, riche ; d’organiser les intérêts <strong>et</strong> les individus en vue <strong>de</strong> ce bien-être, <strong>et</strong>, par conséquent,<br />
<strong>de</strong> progresser, d’aller en avant. Or, la tendance mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s peuples est vers l’indépendance, <strong>et</strong> on ne saurait<br />
faire un procès a notre époque, sous le rapport industriel, saris y joindre un procès <strong>politique</strong>, sans souffl<strong>et</strong>er,<br />
comme l’ont fait les socialistes <strong>et</strong> les pessimistes <strong>de</strong> toutes les sectes, la liberté sur la joue <strong>de</strong> l’économie<br />
<strong>politique</strong>.<br />
Et d’ailleurs la théorie, la logique démontrent tout cela bien avant les faits. Quel est ici-bas le capital du<br />
prolétaire ? le travail. Quel principe règle la valeur du travail, en fixe la rémunération ? l’offre <strong>et</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s bras. Entre quelles limites extrêmes oscille c<strong>et</strong>te rémunération ? entre le point où les salaires prélèveraient<br />
sur les profits une part trop large <strong>et</strong> qui m<strong>et</strong>trait le chef d’industrie dans l’impossibilité <strong>de</strong> continuer<br />
son œuvre, - danger peu redoutable, avouons-le : - <strong>et</strong>, d’un autre côté, le point où les salaires <strong>de</strong>viendraient<br />
insuffisants pour nourrir l’ouvrier. Le problème consiste donc à accroître constamment la somme <strong>de</strong> travail à<br />
répartir, afin d‘élever la valeur <strong>de</strong> ce travail, <strong>et</strong> par conséquent <strong>de</strong> grossir le revenu du pauvre : il consiste<br />
encore à élargir la zone où il puise sa consommation, les marchés où se ven<strong>de</strong>nt les céréales, les bestiaux, les<br />
étoffes, afin <strong>de</strong> le faire participer au bénéfice <strong>de</strong> la concurrence la plus complète, la plus absolue. Laissez<br />
circuler le travail, laissez circuler les produits, toute la question est là, <strong>et</strong>, avec elle, le bonheur <strong>de</strong>s classes<br />
laborieuses. Pour affaiblir entre les mains <strong>de</strong>s propriétaires ce monopole formidable que couvre d‘une<br />
sanction nécessaire, - sinon sacro-sainte, comme on l’a bien voulu dire, - le pacte social, il suffit <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à<br />
la disposition <strong>de</strong> tous, la terre qui appartient à tous, <strong>et</strong> <strong>de</strong> laisser se développer librement c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> loi<br />
économique qui divise le travail parmi les nations, <strong>et</strong> fait cultiver par l’Indien ou l’Américain le sucre qui<br />
doit s’échanger contre les produits <strong>de</strong> l’Européen. L’espèce humaine a besoin d’un espace illimité pour<br />
entr<strong>et</strong>enir ses membres toujours plus nombreux : c’est un flot qui grandit sans cesse, <strong>et</strong> à qui il faut les<br />
plages les plus vastes, sous peine <strong>de</strong> désordres, <strong>de</strong> calamités. Les quelques esprits égarés qui, par conviction,<br />
veulent le maintien <strong>de</strong> nos restrictions commerciales, c’est-à-dire l’appauvrissement <strong>de</strong> l’ouvrier par l‘action<br />
combinée d’un travail moins actif <strong>et</strong> <strong>de</strong> subsistances moins abondantes ; les esprits égarés, dis-je, qui n’ont<br />
pas compris la fécondité <strong>de</strong>s <strong>principes</strong> <strong>de</strong> liberté commerciale, <strong>et</strong> ceux qui, au contraire, plus nombreux, plus<br />
audacieux, ne veulent pas <strong>de</strong> ces <strong>principes</strong>, parce qu’ils en comprennent trop bien la gran<strong>de</strong>ur, ne sauraient<br />
nier cependant qu’il faut à l’expansion naturelle <strong>de</strong>s générations une sphère immense, où se nivelleront les<br />
besoins, les intérêts, les capitaux. L’univers est une immense ruche où les travailleurs doivent circuler<br />
librement <strong>de</strong> cellule en cellule. Tandis que sur les districts manufacturiers, agités par la fièvre <strong>de</strong> la production<br />
<strong>et</strong> par les crises financières, s’agglomèrent aujourd’hui <strong>de</strong>s légions d‘ouvriers qui les surchargent <strong>et</strong> les<br />
épuisent, d’énormes superficies <strong>de</strong> terrain restent incultes <strong>et</strong> désertes, attendant les capitaux <strong>et</strong> le travail pour<br />
épancher <strong>de</strong>s monceaux <strong>de</strong> produits. Croit-on, par exemple, que si nos lois <strong>et</strong> les lois anglaises sur les<br />
céréales eussent été abolies, tout le territoire <strong>de</strong> la Pologne, <strong>de</strong> la Hongrie., <strong>de</strong> l’Ukraine , <strong>de</strong> l’Égypte, <strong>de</strong><br />
l’Amérique, ne se fût pas couvert, comme par enchantement, <strong>de</strong> moissons qui, déversées sur l’Europe,<br />
eussent à la fois abaissé le prix <strong>de</strong>s aliments, excité le travail <strong>de</strong> nos manufactures, la valeur du travail , <strong>et</strong><br />
réfuté par l’éclat <strong>de</strong>s résultats la décourageante hypothèse <strong>de</strong> Ricardo ? A quoi servirait donc <strong>de</strong> découvrir<br />
<strong>de</strong>s Amériques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Océanies, si ce n’était pour y aller chercher les ressources qui nous manquent, la place<br />
que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt nos cités encombrées ? Avec le système <strong>de</strong> l’affranchissement commercial, les civilisations<br />
sont constamment jeunes, constamment vigoureuses. Lorsqu’un sol a été épuisé, on va chercher ailleurs une<br />
sève nouvelle, <strong>et</strong> la société se trouve ainsi constamment maintenue dans c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> active, où la somme<br />
<strong>de</strong> travail dépasse la homme <strong>de</strong> bras <strong>et</strong> se joint au bas pris <strong>de</strong>s subsistances pour améliorer le sort <strong>de</strong><br />
l’ouvrier. Plus un arbre est élevé, plus il faut à ses racines <strong>de</strong> l’espace pour se nourrir : il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s