Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 165<br />
producteur tirât moins <strong>de</strong> profit <strong>de</strong> la production du sel, il en <strong>de</strong>vait obtenir davantage <strong>de</strong> la<br />
production <strong>de</strong> quelque autre <strong>de</strong>nrée. Si un impôt, quelque lourd qu’il soit, est assis sur le<br />
revenu, <strong>et</strong> non sur le capital, il ne diminue pas la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, il ne fait qu’en changer la nature.<br />
Il m<strong>et</strong> le gouvernement dans le cas <strong>de</strong> consommer autant du produit <strong>de</strong> la terre <strong>et</strong> du travail<br />
national, que les contribuables en consommaient auparavant. Si mon revenu est <strong>de</strong> 1000 1.<br />
par an, <strong>et</strong> que je sois tenu <strong>de</strong> payer 100 1. d‘impôts par an, je ne pourrai faire que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s neuf dixièmes <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> marchandises que je consommais auparavant ; mais je<br />
fournis au gouvernement les moyens <strong>de</strong> faire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’autre dixième. Si c’est le blé<br />
qui est l’article imposé, il n’est pas nécessaire que ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en soit diminuée, car je puis<br />
préférer <strong>de</strong> payer 100 1. <strong>de</strong> plus par an pour mon blé, en réduisant ma dépense en vin, en<br />
meubles, ou en autres obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> luxe d‘une somme pareille 1 . Moins <strong>de</strong> capital sera par conséquent<br />
employé dans le commerce <strong>de</strong>s vins, ou dans celui <strong>de</strong>s meubles, mais il y en aura<br />
davantage d‘employé à la fabrication <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s que le gouvernement se procure moyennant<br />
le produit <strong>de</strong>s impôts qu’il lève.<br />
M. Say dit que M. Turgot, en réduisant les droits d’entrée <strong>et</strong> <strong>de</strong> halle sur la marée <strong>de</strong><br />
moitié à Paris, n’en diminua point le produit total, <strong>et</strong> qu’il faut par conséquent que la<br />
consommation du poisson ait doublé. Il en conclut qu’il faut que les profits du pécheur <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
ceux qui font le commerce du poisson aient doublé aussi, <strong>et</strong> que le revenu du pays ; doit<br />
s’être accru <strong>de</strong> tout le montant <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong>s profits, dont une partie, en s’accumulant,<br />
doit avoir augmenté les ressources nationales 2 .<br />
<strong>de</strong> s’étayer même du principe le mieux établi, pour en déduire constamment les conséquences les plus<br />
incontestables. Les résultats sont modifiés par une foule <strong>de</strong> circonstances dont l’influence n’est pas moins<br />
incontestable, <strong>et</strong> qu’il est on ne peut pas plus difficile d’apprécier. Heureusement que ces questions ardues<br />
ne sont pas celles dont l’application présente le plus d’utilité. Ce qu’il y a <strong>de</strong> vraiment important dans<br />
l’Économie <strong>politique</strong>, c’est <strong>de</strong> savoir en quoi consistent les richesses, par quels moyens elles se multiplient<br />
<strong>et</strong> se détruisent ; <strong>et</strong> sur ces points essentiels, Smith, Buchanan, Malthus, Ricardo sont heureusement<br />
d’accord. - J.-B SAY.<br />
1 M. Say dit que « l’impôt ajouté au prix <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nrée en élève le prix. » Et il dit aussitôt après : « Tout<br />
renchérissement d‘un produit diminue nécessairement le nombre <strong>de</strong> ceux qui sont à portée <strong>de</strong> se le procurer,<br />
ou du moins la consommation qu’ils en font. » Cela n’est pas une conséquence nécessaire. Si l’on imposait<br />
le pain, le drap, le vin ou le savon, je ne crois pas que la consommation d’aucune <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>nrées <strong>de</strong>vînt<br />
moindre. (Note <strong>de</strong> l’Auteur.)<br />
Dans les dis<strong>et</strong>tes, <strong>et</strong> lorsque le blé renchérit, il s’en consomme beaucoup moins. C’est un fait attesté par<br />
tous les administrateurs qui ont été chargés <strong>de</strong> pourvoir aux subsistances. « Dans les années d’abondance, dit<br />
Steuart (Écon. polit., liv. I, chap. XVII), tout le mon<strong>de</strong> est mieux nourri ; ou emploie une partie <strong>de</strong>s produits<br />
à engraisser <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> basse-cour ; les <strong>de</strong>nrées étant moins chères, il y a un peu plus <strong>de</strong> gaspillage.<br />
Quand la dis<strong>et</strong>te survient, la classe indigente est mal nourrie ; elle fait <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites parts à ses enfants ; loin <strong>de</strong><br />
m<strong>et</strong>tre en réserve, elle consomme ce qu’elle avait amassé ; enfin il n’est que trop avéré qu’une portion <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te classe souffre <strong>et</strong> meurt. »<br />
C’est un <strong>de</strong>s faits les plus constants que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> diminue à mesure que les prix augmentent, <strong>et</strong> la<br />
raison en est palpable. Les facultés <strong>de</strong>s consommateurs s’élèvent par <strong>de</strong>grés insensibles, <strong>de</strong>puis les plus<br />
pauvres jusqu’aux plus riches ; or, du moment qu’un pris s’élève, il excè<strong>de</strong> les facultés <strong>de</strong> quelques<br />
consommateurs qui pouvaient y atteindre l’instant d’avant. C<strong>et</strong>te conséquence est forcée ; autrement les<br />
consommateurs dépenseraient plus qu’ils n’ont dépenser. Quand cela arrive à quelqu’un, c’est qu’il dépense<br />
le bien d’un autre, qu’il substitue sa consommation à celle qu’un autre aurait faite. - J.-B. SAY.<br />
2 La remarque suivante du même auteur me semble également fausse : « Lorsqu’on m<strong>et</strong> un droit excessif sur<br />
les cotons, on nuit à la production <strong>de</strong> tous les tissus dont c<strong>et</strong>te matière est la base. Si la valeur totale ajoutée<br />
aux cotons par les diverses manufactures s’élève en un certain pays à 100 millions par an , <strong>et</strong> que les droits