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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 94<br />

Toutes les fois que la circulation normale du numéraire est arrêtée par <strong>de</strong>s moyens violents,<br />

<strong>et</strong> que l’argent ne peut trouver son vrai niveau, il n’y a plus <strong>de</strong> bornes aux variations du<br />

cours du change ; <strong>et</strong> il en résulte <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s semblables à ceux qui ont lieu lorsqu’on donne un<br />

cours forcé un papier-monnaie qui n’est point échangeable contre <strong>de</strong>s espèces au gré du<br />

porteur. Un pareil papier-monnaie ne pouvant avoir cours que dans le pays où l’émission en<br />

est faite, il ne saurait se répandre au <strong>de</strong>hors. Lc niveau <strong>de</strong> la circulation est détruit, <strong>et</strong> le<br />

change doit inévitablement <strong>de</strong>venir contraire au pays où c<strong>et</strong> agent <strong>de</strong> la circulation se trouve<br />

en quantité excessive. La même chose arrivera si, I’agent <strong>de</strong> la circulation étant métallique, il<br />

était possible, par <strong>de</strong>s moyens violents, par <strong>de</strong>s lois qu’on ne pût point élu<strong>de</strong>r, <strong>de</strong> r<strong>et</strong>enir<br />

l’argent dans un pays pendant que le cours du commerce lui donnerait une impulsion vers<br />

d‘autres.<br />

Quand chaque pays possè<strong>de</strong> précisément la quantité <strong>de</strong> numéraire qu’il doit avoir, le<br />

change doit se trouver au pair, quoique l’argent n’ait pas, à la vérité, une même valeur dans<br />

tous les pays, <strong>et</strong> qu’il puisse même exister dans c<strong>et</strong>te valeur une différence <strong>de</strong> 5, <strong>de</strong> 10, <strong>et</strong><br />

même <strong>de</strong> 20 pour 100, par rapport à plusieurs <strong>de</strong>nrées. Avec 100 1. st., ou l’argent contenu<br />

dans 100 1., on achète une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> change <strong>de</strong> 100 1. qui donne une quantité pareille d’argent<br />

en France, en Espagne ou en Hollan<strong>de</strong> 1 .<br />

Quand il est question du change <strong>et</strong> <strong>de</strong> la valeur comparative <strong>de</strong> l’argent entre <strong>de</strong>ux pays, il<br />

ne faut nullement considérer la valeur relative du numéraire, estimée en <strong>de</strong>nrées. Jamais le<br />

taux du change ne peut être déterminé en comparant la valeur <strong>de</strong> l’argent avec celle du blé,<br />

du drap, ou <strong>de</strong> tout autre produit. L’échange n’est que la valeur <strong>de</strong> la monnaie d’un pays<br />

comparée à la valeur <strong>de</strong> la monnaie d‘un autre pays.<br />

On peut encore connaître le taux du change entre <strong>de</strong>ux pays en comparant la valeur <strong>de</strong> leur<br />

monnaie avec une mesure fixe, <strong>et</strong> commune aux <strong>de</strong>ux pays. Si, par exemple, avec une traite<br />

<strong>de</strong> 100 1. st. sur l’Angl<strong>et</strong>erre on peut ach<strong>et</strong>er en France ou en Espagne une quantité <strong>de</strong> marchandise<br />

égale à celle qu’on achèterait avec une traite <strong>de</strong> pareille somme sur Hambourg, c’est<br />

une preuve que le change entre l’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> Hambourg est au pair ; mais si avec une traite<br />

<strong>de</strong> 130 1. sur l’Angl<strong>et</strong>erre on n’achète pas plus qu’avec une <strong>de</strong> 100 1. sur Hambourg, le<br />

change sera <strong>de</strong> 30 pour 100 contre l’Angl<strong>et</strong>erre.<br />

1 Sauf pourtant les frais d’assurance <strong>et</strong> <strong>de</strong> commerce nécessaires pour faire passer <strong>de</strong>s métaux précieux d’un<br />

pays dans l’autre. Je peux consentir à recevoir quatre-vingt-dix-huit onces d’argent à Paris contre une l<strong>et</strong>tre<br />

<strong>de</strong> change valant cent onces d’argent payable à Londres ; car si je faisais venir en nature les cent onces<br />

d’argent qu’on me doit à Londres, il se pourrait qu’elles fussent réduites, par les frais, à quatre-vingt-dixhuit<br />

onces. Mais quand il n’y a pas <strong>de</strong> prohibition, ces frais se réduisent à peu <strong>de</strong> chose pour l’or <strong>et</strong> pour<br />

l’argent, <strong>et</strong> même quand il y a <strong>de</strong>s prohibitions, il n’en est pas qu’on élu<strong>de</strong> plus facilement.<br />

Quant aux marchandises encombrantes, elles peuvent, même avec la liberté <strong>de</strong> commerce, différer<br />

beaucoup dans leur valeur en argent d‘un pays à l’autre, parce que les frais <strong>de</strong> transport sont proportionnellement<br />

plus considérables pour ces marchandises que pour les métaux précieux. Les différents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong><br />

difficulté qu’il y a à transporter les marchandises d’un pays dans un autre, soit que la difficulté naisse <strong>de</strong> la<br />

nature <strong>de</strong>s choses ou <strong>de</strong>s lois, sont la seule raison qui établisse une gran<strong>de</strong> différence <strong>de</strong> prix en argent pour<br />

ces marchandises dans les <strong>de</strong>ux pays. - J.-B. SAY.

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