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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 124<br />

Un impôt foncier, assis également sur toutes les terres en culture, sans avoir égard à la<br />

différence <strong>de</strong>s qualités, fera hausser le prix du blé en proportion <strong>de</strong> l’impôt payé par le<br />

cultivateur <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> la plus mauvaise qualité. <strong>Des</strong> terres <strong>de</strong> qualité différente, sur les-<br />

d'ours, <strong>de</strong> bœuf, entre les dix ou douze espèces <strong>de</strong> poils qui paient tribut à la protection ? Les douaniers sontils<br />

doués d'une science universelle en fait <strong>de</strong> produits, <strong>et</strong> sauraient-ils classer à l'odorat telle ou telle qualité<br />

<strong>de</strong> graisse, comme un courtier <strong>de</strong> thés, en Chine, classe par la dégustation les innombrables variétés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

plante ? Eh bien ! ce qu'on fait pour ces produits <strong>et</strong> pour tant d'autres, il serait très-facile <strong>de</strong> le faire, par<br />

exemple, pour les vins. Outre que les vases qui les contiennent affectent <strong>de</strong>s formes très-variées, suivant<br />

l'origine <strong>et</strong> la qualité, formes auxquelles la consommation est habituée <strong>et</strong> qui, pour les vins du Rhin, le<br />

Champagne, le Tokay, sont <strong>de</strong>venues traditionnelles, il est un moyen bien simple ; - en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l'entrée en<br />

tonneaux qui a ses inconvénients, - c'est <strong>de</strong> prélever le droit ad valorem sur le montant <strong>de</strong>s factures ou <strong>de</strong>s<br />

l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> voiture. Le procédé, comme on voit, n'a rien <strong>de</strong> révolutionnaire, rien d'inquisiteur, <strong>et</strong> il trouverait<br />

une garantie puissante dans la pénalité redoutable qui s'attache à toutes les frau<strong>de</strong>s commises au préjudice du<br />

trésor. Ce serait là une réforme transitoire en attendant le moment où, balayées par le souffle du progrès, les<br />

barrières <strong>de</strong> l'octroi tomberaient avec celles <strong>de</strong> la douane aux applaudissements <strong>de</strong> tous. Je ne veux pour<br />

garants <strong>de</strong> ces applaudissements, que les passages lumineux que M. Horace Say a consacrés à ce problème<br />

<strong>de</strong>s octrois dans ses belles Étu<strong>de</strong>s sur l'administration <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Paris (Paris, 1846, Guillaumin,<br />

Éditeur.).<br />

Renoncer aux magnifiques rec<strong>et</strong>tes que font les caisses municipales avec leurs désirs d'entrée, est<br />

quelque chose qui peut paraître aussi utopique qu'héroïque : mais il faudra bien y venir le jour où les idées<br />

que nous venons d'ém<strong>et</strong>tre, <strong>et</strong> que couvre la sanction <strong>de</strong> maîtres illustres, auront fait irruption dans l'esprit<br />

public ; d'ici là il faudra ramener peu à peu les droits sur les <strong>de</strong>nrées <strong>de</strong> première nécessité à <strong>de</strong>s tarifs qui<br />

semblent légers, même aux plus pauvres : d'ici là il faudra faire violence au trésor, par le raisonnement, pour<br />

lui faire adopter ces tarifs modérés, qui seraient son honneur <strong>et</strong> sa richesse s'il savait s'en servir. Et comme<br />

les améliorations s'enchaînent, comme le bien a sa logique ainsi que le mal, la nécessité d'alléger le far<strong>de</strong>au<br />

qui r<strong>et</strong>ombe sur les classes pauvres, conduira à la nécessité <strong>de</strong> diminuer l'ensemble <strong>de</strong>s charges publiques ;<br />

<strong>de</strong> désarmer ces légions <strong>de</strong> soldats qui sont un véritable anachronisme à une époque où triomphent les<br />

théories <strong>de</strong> la paix ; d'arracher <strong>de</strong> nos dépenses toutes les branches gourman<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> nos industries tous les<br />

monopoles, <strong>de</strong> notre régime économique tous les abus. Le licenciement <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> l’armée, suivant le<br />

mo<strong>de</strong> prussien, n’ôterait rien <strong>de</strong> leur héroïsme à nos soldats, restituerait à la production <strong>de</strong>s bras vigoureux,<br />

<strong>et</strong> perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> faire à la nation la remise <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois cents millions. Or, ce licenciement que tout rend<br />

probable, s’effectuera dès l’instant où comprenant l’amère tristesse <strong>de</strong> Napoléon à Eylau. on se détournera<br />

avec horreur <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> bataille. La philosophie nous apprend en eff<strong>et</strong> que toutes les fois qu’on creuse la<br />

tombe d‘un homme on creuse celle d’une richesse matérielle <strong>et</strong> intellectuelle : la nation perd un citoyen, la<br />

famille un ami, l’Économie <strong>politique</strong> une valeur - <strong>et</strong> la plus noble <strong>de</strong> toutes.<br />

Si maintenant nous voulions résumer en quelques ligues, nos idées sur la répartition <strong>de</strong> l’impôt, sur le<br />

point où il doit cesser <strong>et</strong> commencer, nous proposerions, en complétant <strong>et</strong> élargissant les maximes posées<br />

par Sismondi, Smith <strong>et</strong> Ricardo, les règles suivantes :<br />

1° L’impôt, pour être régulièrement <strong>et</strong> soli<strong>de</strong>ment assis, doit atteindre surtout les revenus fixes, les<br />

propriétés, les différentes branches du travail industriel <strong>et</strong> commercial, par les contributions directes, les<br />

patentes <strong>et</strong> une application judicieuse <strong>de</strong> l‘income-tax (taxe sur les revenus).<br />

2° L’impôt , pour être équitable, doit ne s’adresser aux revenus incertains, variables <strong>de</strong> l’employé, <strong>de</strong><br />

l’artiste, <strong>de</strong> l’ouvrier, qu’après avoir épuisé toutes les autres sources <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tes.<br />

3° L’impôt, pour être réellement proportionnel, doit effleurer seulement les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />

nécessaire pour peser lour<strong>de</strong>ment sur les matières <strong>de</strong> luxe <strong>et</strong> d’ostentation De même, une taxe sur les<br />

revenus <strong>de</strong>vra tenir compte non seulement du chiffre <strong>de</strong>s revenus, mais encore <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stination, <strong>et</strong> ne pas<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r 5 pour cent à un pauvre rentier <strong>de</strong> 500 fr., comme au Nabab qui reçoit annuellement 500,000<br />

francs.<br />

4° L’impôt, pour être productif, doit être modéré, <strong>et</strong> l’être d’autant plus, qu’il atteindra <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong><br />

consommation générale, qui s’adressent surtout aux humbles, aux pauvres.<br />

De c<strong>et</strong>te manière on attend, pour y puiser, que les richesses du pays soient créées <strong>et</strong> on n’en tarit pas les<br />

sources en accablant le travailleur : <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te manière on est juste tout en étant charitable, charitable tout en<br />

étant habile, noble <strong>et</strong> triple résultat que nous recommandons à nos législateurs. A. F.

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