Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 167<br />
On est si convaincu qu’un produit, dès qu’il est frappé d‘impôt, ne peut plus être exporté<br />
aussi avantageusement, qu’on accor<strong>de</strong>, sous forme <strong>de</strong> draw-hack, la remise <strong>de</strong>s droits aux<br />
marchandises exportées, <strong>et</strong> qu’on établit les droits sur l’importation <strong>de</strong>s produits similaires.<br />
Si c<strong>et</strong>te remise <strong>de</strong>s droits <strong>et</strong> ces droits d’entrée sont assis avec équité, non-seulement sur ces<br />
marchandises elles-mêmes, mais encore sur toutes les autres sur lesquelles ils peuvent<br />
exercer une influence indirecte, alors il n’y aura certes aucun dérangement dans la valeur <strong>de</strong>s<br />
métaux précieux. Dès que nous pouvons exporter un article frappé <strong>de</strong> l’impôt aussi bien<br />
qu’auparavant, sans donner aucune facilité particulière à l’importation, les métaux précieux<br />
n’entreront pas plus que par le passé dans la liste <strong>de</strong>s matières d’exportation.<br />
Il n’est peut-être point <strong>de</strong> matières plus propres à être imposées que celles que la nature ou<br />
l‘art produisent avec une facilité remarquable. Pour ce qui concerne les pays étrangers, l’on<br />
peut ranger ces obj<strong>et</strong>s parmi ceux dont le prix n’est pas réglé par la quantité <strong>de</strong> travail qu’ils<br />
ont coûté, mais plutôt par le caprice, le goût <strong>et</strong> les facultés <strong>de</strong> l‘ach<strong>et</strong>eur. Si l‘Angl<strong>et</strong>erre<br />
possédait <strong>de</strong>s mines d‘étain plus riches que celles <strong>de</strong>s autres pays ; si, par la supériorité <strong>de</strong>s<br />
machines ou l’avantage du combustible, elle avait <strong>de</strong>s facilités particulières pour fabriquer<br />
<strong>de</strong>s tissus <strong>de</strong> coton, les prix <strong>de</strong> l’étain <strong>et</strong> du coton n’en seraient pas moins réglés, en Angl<strong>et</strong>erre,<br />
par la quantité comparative <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> <strong>de</strong> capital nécessaires pour la production <strong>de</strong> ces<br />
matières, <strong>et</strong> la concurrence parmi nos négociants ferait que le consommateur étranger les<br />
paierait à peine plus cher que nous<br />
Notre supériorité dans la production <strong>de</strong> ces obj<strong>et</strong>s pourrait être telle que, dans les marchés<br />
étrangers, ils se vendissent beaucoup plus cher ; sans que cela influât beaucoup sur leur<br />
consommation. Mais ils ne pourraient jamais parvenir à ce prix par aucun autre moyen que<br />
par un droit <strong>de</strong> sortie, tant que la concurrence serait libre chez nous. C<strong>et</strong> impôt r<strong>et</strong>omberait<br />
principalement sur les consommateurs étrangers, <strong>et</strong> une partie <strong>de</strong>s dépenses du gouvernement<br />
anglais serait défrayée par un impôt sur l’agriculture <strong>et</strong> sur l’industrie <strong>de</strong>s autres pays. L’impôt<br />
sur le thé, que paie actuellement le peuple anglais, <strong>et</strong> qui fournit à une partie <strong>de</strong> la<br />
dépense du gouvernement <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre, pourrait, s’il était levé en Chine à la sortie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
plante, servir à défrayer les dépenses du gouvernement chinois.<br />
Les impôts sur <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> luxe ont quelque avantage sur ceux qui frappent <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s<br />
<strong>de</strong> nécessité. Ils sont en général payés aux dépens <strong>de</strong>s revenus, <strong>et</strong> ne diminuent point par<br />
conséquent le capital productif du pays. Si le vin renchérissait beaucoup par suite d‘un impôt,<br />
il est vraisemblable qu’on renoncerait plutôt au plaisir d‘en boire, qu’on ne serait disposé à<br />
faire une brèche un peu importante à son capital pour avoir le moyen d’ach<strong>et</strong>er du vin. <strong>Des</strong><br />
impôts <strong>de</strong> ce genre sont tellement i<strong>de</strong>ntifiés avec le prix, que le contribuable s’aperçoit à<br />
peine qu’il paie un impôt. Mais ils ont aussi leurs inconvénients. D’abord, ils n’atteignent<br />
jamais le capital ; <strong>et</strong> il y a <strong>de</strong>s circonstances extraordinaires où il peut être nécessaire que le<br />
capital même contribue aux besoins <strong>de</strong> l’État ; en second lieu, il n’y a point <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong><br />
quant au produit <strong>de</strong> ces impôts ; car ils peuvent même ne pas atteindre le revenu. Une personne<br />
décidée à économiser, se soustraira à un impôt sur le vin, en renonçant à en boire. Le<br />
revenu du pays peut ne pas souffrir <strong>de</strong> diminution, <strong>et</strong> cependant l’impôt peut ne pas fournir<br />
un seul shilling à l’État.