Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 55<br />
saurait augmenter : car si, par une cause quelconque, les profits d'un <strong>de</strong> ces genres d'industrie<br />
venaient à hausser <strong>de</strong> 10 pour cent, c<strong>et</strong>te hausse serait momentanée, <strong>et</strong> ils reviendraient<br />
promptement à leur taux ordinaire, ou les profits <strong>de</strong>s autres commerces s'élèveraient dans la<br />
même proportion.<br />
Supposons que toutes les marchandises soient à leur prix naturel, <strong>et</strong> par conséquent que le<br />
taux <strong>de</strong>s profits du capital reste le même dans toutes les industries ; ou bien supposons que<br />
les profits ne diffèrent que parce que ces marchandises ont, dans l'esprit <strong>de</strong>s parties intéressées,<br />
quelque avantage réel ou imaginaire dont on jouit ou auquel on renonce. Supposons<br />
ensuite qu'un changement dans la mo<strong>de</strong> augmente la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s soieries <strong>et</strong> diminue celle<br />
<strong>de</strong>s étoffes <strong>de</strong> laine : leur prix naturel restera le même, car la quantité <strong>de</strong> travail nécessaire a<br />
leur production n'aura pas changé ; mais le prix courant <strong>de</strong>s soieries haussera, <strong>et</strong> celui <strong>de</strong>s<br />
étoffes <strong>de</strong> laine baissera. Par conséquent les profits du fabricant <strong>de</strong> soieries se trouveront au<strong>de</strong>ssus,<br />
<strong>et</strong> ceux du fabricant d'étoffes <strong>de</strong> laine, au-<strong>de</strong>ssous du taux ordinaire <strong>de</strong>s profits ; <strong>et</strong> ce<br />
changement survenu dans les profits s'étendra au salaire <strong>de</strong>s ouvriers. Cependant la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
extraordinaire <strong>de</strong>s soieries serait bientôt satisfaite, au moyen <strong>de</strong>s capitaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'industrie<br />
détournés <strong>de</strong>s manufactures <strong>de</strong> draps vers celles <strong>de</strong> soieries ; <strong>et</strong> alors les prix courants <strong>de</strong>s<br />
étoffes <strong>de</strong> soie <strong>et</strong> <strong>de</strong> laine se rapprocheraient <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong> leurs prix naturels, <strong>et</strong> chacune <strong>de</strong><br />
ces branches <strong>de</strong> manufactures ne donnerait plus que les profits ordinaires.<br />
C'est donc l'envie qu'a tout capitaliste <strong>de</strong> détourner ses fonds d'un emploi déterminé vers<br />
un autre plus lucratif, qui empêche le prix courant <strong>de</strong>s marchandises <strong>de</strong> rester longtemps<br />
beaucoup au-<strong>de</strong>ssus ou beaucoup au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> leur prix naturel. C'est c<strong>et</strong>te concurrence qui<br />
établit la valeur échangeable <strong>de</strong>s marchandises, <strong>de</strong> telle sorte qu'après le paiement <strong>de</strong>s<br />
salaires pour le travail nécessaire à leur production, <strong>et</strong> après les autres dépenses indispensables<br />
pour donner au capital engagé toute sa faculté <strong>de</strong> production, l'excédant <strong>de</strong> valeur est<br />
dans chaque espèce <strong>de</strong> manufacture en raison <strong>de</strong> la valeur du capital employé.<br />
Dans le premier chapitre <strong>de</strong> la Richesse <strong>de</strong>s Nations, tout ce qui a rapport à c<strong>et</strong>te question<br />
est traité avec beaucoup <strong>de</strong> sagacité. Quant à nous, après avoir pleinement reconnu les eff<strong>et</strong>s<br />
qui, dans certains emplois du capital, peuvent modifier acci<strong>de</strong>ntellement le prix <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées,<br />
celui <strong>de</strong>s salaires <strong>et</strong> les profits <strong>de</strong>s fonds sans avoir aucune influence sur le prix général <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nrées, <strong>de</strong>s salaires ou <strong>de</strong>s profits ; après avoir, dis-je, reconnu ces eff<strong>et</strong>s qui se font également<br />
sentir à toutes les époques <strong>de</strong> la société, nous pouvons les négliger entièrement en<br />
traitant <strong>de</strong>s lois qui règlent les prix naturels, les salaires naturels <strong>et</strong> les profits naturels, toutes<br />
choses indépendantes <strong>de</strong> ces causes acci<strong>de</strong>ntelles. En parlant donc <strong>de</strong> la valeur échangeable<br />
<strong>de</strong>s choses, ou du pouvoir qu’elles ont d’en ach<strong>et</strong>er d’autres, j‘entends toujours parler <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te faculté qui constitue leur prix naturel, toutes les fois qu’elle n’est point dérangée par<br />
quelque cause momentanée ou acci<strong>de</strong>ntelle 1 .<br />
1 La distinction entre le prix naturel <strong>et</strong> le prix courant que M. Ricardo adm<strong>et</strong> après Smith, paraît être tout à fait<br />
chimérique. Il n’y a que <strong>de</strong>s prix courants en économie <strong>politique</strong>. En eff<strong>et</strong>, que voyons nous dans toute<br />
espèce <strong>de</strong> production ? 1° <strong>de</strong>s services productifs fonciers (l’action productive <strong>de</strong> la terre), dont le prix<br />
courant s’établit comme la valeur <strong>de</strong> toute autre chose, en raison composée <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> ce service,<br />
offerte <strong>et</strong> <strong>de</strong>mandée en chaque lieu ; 2° <strong>de</strong>s services rendus par <strong>de</strong>s capitaux productifs dont le prix courant,<br />
le loyer, se règle sur les mêmes motifs ; 3° enfin <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> tout genre, dont le prix courant dépend <strong>de</strong>s