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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 70<br />

qualité règle les prix courants, ni le manufacturier qui fabrique <strong>de</strong>s marchandises, ne réservent<br />

aucune portion du produit pour la rente. La valeur entière <strong>de</strong> leurs articles se partage en<br />

<strong>de</strong>ux seules portions, dont l'une constitue les profits du capital, <strong>et</strong> l'autre est consacrée au<br />

salaire <strong>de</strong>s ouvriers.<br />

En supposant que le blé <strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>s manufacturés se ven<strong>de</strong>nt toujours au même prix, les<br />

profits seront toujours élevés ou réduits, selon la hausse ou la baisse <strong>de</strong>s salaires. Mais si le<br />

prix du blé hausse, parce que sa production exige plus <strong>de</strong> travail, c<strong>et</strong>te cause ne fera point<br />

hausser le prix <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s manufacturés dont la fabrication n’exige point <strong>de</strong> travail additionnel.<br />

Dans ce cas, si les salaires restent les mêmes, les profits ne changeront pas ; mais<br />

comme il est indubitable que les salaires montent par la hausse du blé, les profits alors<br />

doivent nécessairement baisser.<br />

Si un fabricant donnait toujours ses marchandises pour la même somme d’argent, pour<br />

1,000 liv. st., par exemple, ses profits dépendraient du prix du travail nécessaire pour leur<br />

fabrication. Ils seraient moindres avec <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong> 800 livres qu’avec d’autres <strong>de</strong> 600<br />

livres. A mesure donc que les salaires hausseraient, les profits diminueraient 1 . Mais si le prix<br />

<strong>de</strong>s produits agricoles augmente, l’on pourrait <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si du moins le fermier n’aura pas les<br />

1 Je vois, moi, dans ces <strong>de</strong>ux faits un parallélisme, constant, inévitable même, <strong>et</strong> non c<strong>et</strong> antagonisme déplorable<br />

que signale Ricardo. Suivant lui, les salaires <strong>et</strong> les profits représenteraient les <strong>de</strong>ux plateaux d’une<br />

balance, l'un s’abaissant tandis que l’autre s’élèverait : <strong>et</strong> comme le manufacturier peut toujours troubler<br />

I’équilibre à son profit, grâce aux capitaux dont il dispose, il s’ensuivrait que les profits suivraient une<br />

progression toujours ascendante. Or, il n’en est rien. Pour nous les intérêts <strong>de</strong> l’ouvrier <strong>et</strong> du chef d‘industrie<br />

sont entièrement liés : greffés comme <strong>de</strong>ux rameaux sur la production, ils en suivent toutes les phases,<br />

prospérant ou languissant avec elle. En eff<strong>et</strong>, n’est-ce pas sur le prix courant <strong>de</strong>s marchandises que le<br />

manufacturier prélève son revenu <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> l’ouvrier, <strong>et</strong> ce prix courant ne varie-t-il pas en raison <strong>de</strong>s frais<br />

<strong>de</strong> production combinés avec l’abondance <strong>de</strong>s produits ? Faites que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s soient actives, que les<br />

échanges se multiplient, que l’industrie fatigue les machines à produire, <strong>et</strong> vous aurez élevé le prix <strong>de</strong>s<br />

marchandises. Et comme une production animée nécessite <strong>de</strong>s bras nombreux, le travail haussera <strong>de</strong> valeur<br />

inévitablement : - c’est l’époque où l’ouvrier comman<strong>de</strong> <strong>et</strong> fait largement sa part dans le butin industriel.<br />

Faites, au contraire, que les besoins diminuent, que les magasins encombrés <strong>de</strong> produits réduisent au repos la<br />

plupart <strong>de</strong>s usines, <strong>et</strong> vous voyez fléchir aussitôt le prix <strong>de</strong>s marchandises. Or, comme un travail languissant<br />

est le signal <strong>de</strong> la désertion <strong>de</strong>s ateliers, l’ouvrier voit s’anéantir ses ressources : - c’est l’époque où il fléchit<br />

le genou, pressé par la faim <strong>et</strong> par une concurrence acharnée. Mais dans tous les cas les chances sont les<br />

mêmes pour le travailleur <strong>et</strong> le capitaliste ; <strong>et</strong> s’il arrive que, même aux époques <strong>de</strong> prospérité manufacturière,<br />

l’ouvrier ne participe que faiblement aux bénéfices <strong>de</strong> la production, on peut être sûr que sa<br />

condition est bien plus douloureuse, plus poignante aux moments <strong>de</strong> crise <strong>et</strong> d’abaissement. L’exempte <strong>de</strong><br />

I’Angl<strong>et</strong>erre <strong>de</strong>puis ces <strong>de</strong>rnières années suffirait seul pour démontrer la vérité <strong>de</strong> ces conclusions que nous<br />

dictent le bon sens <strong>et</strong> la logique. En 1838, 39 <strong>et</strong> 40, on vit les districts manufacturiers s’assombrir tout à<br />

coup, menacés par une dis<strong>et</strong>te imminente <strong>et</strong> par une crise qui <strong>de</strong>vait être le contre-coup <strong>de</strong>s crises financières<br />

<strong>de</strong> l’Amérique. Les manufacturiers, privés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ordinaires <strong>de</strong> la classe laborieuse, restreignirent<br />

leur fabrication. Le 12 mai 1839, quarante-cinq filateurs <strong>de</strong> coton s'engagèrent à ne pas travailler plus <strong>de</strong><br />

quatre jours par semaine, <strong>et</strong> tandis que les capitaux s’épuisaient dans une production ruineuse, tandis que les<br />

profits se changeaient en faillites nombreuses, les salaires baissaient <strong>de</strong> 20, <strong>de</strong> 40 pour cent. Lorsque<br />

l’industrie courbée sous ces orages financiers se releva, on vit les manufacturiers reconstituer leurs fortunes<br />

ébranlées, activer le travail, <strong>et</strong> hausser immédiatement les salaires. Or, ce qui est vrai pour l’Angl<strong>et</strong>erre est<br />

vrai pour tous les pays, <strong>et</strong> suffit sans aucune espèce d’optimisme pour nous rassurer sur l’avenir <strong>de</strong>s masses<br />

<strong>et</strong> les prédictions <strong>de</strong> Ricardo. A. F.

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