Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 131<br />
d'une <strong>de</strong>nrée est susceptible d’être réduit glus aisément, le prix en augmentera plus vite<br />
quand la production sera <strong>de</strong>venue plus difficile, par l’eff<strong>et</strong> d’un impôt ou <strong>de</strong> toute autre<br />
cause. Le blé étant une <strong>de</strong>nrée indispensablement nécessaire pour tout le mon<strong>de</strong>, l’impôt aura<br />
à peine quelque eff<strong>et</strong> sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du blé, <strong>et</strong> par conséquent l’approvisionnement ne saurait<br />
en être longtemps surabondant, alors même que les producteurs éprouveraient <strong>de</strong> grands<br />
obstacles à détourner leurs capitaux <strong>de</strong> la terre ; le prix du blé montera donc promptement par<br />
l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt, <strong>et</strong> le fermier aura le moyen d'en rej<strong>et</strong>er le far<strong>de</strong>au sur le consommateur.<br />
Si les mines qui nous fournissent <strong>de</strong> l’or étaient dans ce pays, <strong>et</strong> si l’or était imposé, il ne<br />
pourrait hausser <strong>de</strong> valeur par rapport aux autres choses, tant que sa quantité ne serait pas<br />
réduite. Cela arriverait surtout si l’on se servait exclusivement <strong>de</strong> l’or pour fabriquer la<br />
monnaie. A la vérité, les mines les moins productives, celles qui ne paient pas <strong>de</strong> loyer, ne<br />
pourraient plus être exploitées ; car, pour rendre le taux général <strong>de</strong>s profits, il faudrait que la<br />
valeur relative <strong>de</strong> l’or haussât d'une somme égale à celle <strong>de</strong> l’impôt. La quantité <strong>de</strong> l’or, <strong>et</strong><br />
par conséquent celle <strong>de</strong> la monnaie, diminuerait lentement ; la diminution serait faible la première<br />
année, plus forte la secon<strong>de</strong>, <strong>et</strong> à la longue la valeur <strong>de</strong> l’or hausserait à proportion <strong>de</strong><br />
l’impôt. Mais, dans l’intervalle, les capitalistes ou les possesseurs <strong>de</strong> l’or paieraient l’impôt,<br />
qui se trouverait ainsi ne pas peser sur les personnes qui se servent <strong>de</strong> monnaie. Si sur chaque<br />
mille quarters <strong>de</strong> blé existant actuellement dans le pays, <strong>et</strong> sur chaque mille quarters <strong>de</strong> blé<br />
qui seraient produits par la suite, le Gouvernement prélevait un impôt <strong>de</strong> cent quarters, le<br />
reste s’échangerait contre la même quantité <strong>de</strong> marchandises que l‘on se procurait auparavant<br />
avec les mille quarters. Si l’on en faisait autant par rapport à l’or, <strong>et</strong> si, sur chaque 1,000 liv.<br />
sterl. <strong>de</strong> numéraire actuellement existant dans le pays, ou qui pourrait y être apporté par la<br />
suite, le Gouvernement prélevait un impôt <strong>de</strong> 100 l., les 900 1. qui restent n’achèteraient<br />
qu’une bien p<strong>et</strong>ite valeur au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce que les 900 1. auraient pu ach<strong>et</strong>er avant l’impôt.<br />
L’impôt r<strong>et</strong>omberait sur celui dont la fortune consisterait en argent, <strong>et</strong> continuerait à peser sur<br />
lui jusqu’à ce que la quantité <strong>de</strong> l’argent se trouvât réduite en proportion <strong>de</strong> l’augmentation<br />
<strong>de</strong>s frais occasionnés par l’impôt 1 .<br />
Cela aurait lieu plus particulièrement pour ce qui regar<strong>de</strong> un métal servant <strong>de</strong> monnaie que<br />
pour toute autre marchandise ; car il n'y a pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour une quantité définie <strong>de</strong><br />
numéraire, comme il y en a pour <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s d'habillement ou <strong>de</strong> nourriture. La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
numéraire n'est réglée que par sa valeur, <strong>et</strong> sa valeur dépend <strong>de</strong> sa quantité. Si l'or valait le<br />
double <strong>de</strong> ce qu'il vaut, la moitié <strong>de</strong> la quantité actuelle remplirait les mêmes fonctions dans<br />
la circulation ; <strong>et</strong> si l'or ne valait que la moitié <strong>de</strong> sa valeur actuelle, il en faudrait le double<br />
pour les besoins <strong>de</strong> la circulation. Si le prix courant du blé augmentait d'un dixième par l'eff<strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong> ou par la difficulté <strong>de</strong> la production, il se pourrait que la consommation du blé<br />
1 L’auteur m<strong>et</strong> ici en opposition <strong>de</strong>ux impôts supposés ; mais je crains qu’il ne se trompe sur l’eff<strong>et</strong> qu’il leur<br />
attribue. Si le gouvernement levait cent quarters <strong>de</strong> blé sur mille, <strong>et</strong> continuait à les lever, les neuf cents<br />
quarters qui resteraient ne vaudraient jamais plus que neuf cents ; car les cent quarters levés par le gouvernement<br />
r<strong>et</strong>ourneraient toujours à la consommation, quoique dans l’intérêt du prince. Il y aurait toujours la<br />
même quantité produite <strong>et</strong> le même nombre <strong>de</strong> consommateurs.<br />
Quant a l’impôt sur l’or, je pense, au contraire, que le gouvernement, en raison du monopole <strong>de</strong> la<br />
fabrication <strong>de</strong>s monnaies, pourrait m<strong>et</strong>tre dans la circulation neuf cents onces d’or en monnaie, <strong>et</strong> les faire<br />
valoir autant que mille en lingots. - J.-B. SAY.