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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 60<br />

Dans <strong>de</strong>s colonies nouvelles où l'on introduit les arts <strong>et</strong> les connaissances <strong>de</strong>s pays plus<br />

avancés en civilisation, il est probable que les capitaux ten<strong>de</strong>nt à s'accroître plus vite que<br />

l'espèce humaine ; <strong>et</strong> si <strong>de</strong>s pays plus peuplés ne suppléaient au manque <strong>de</strong> bras, c<strong>et</strong>te tendance<br />

élèverait considérablement le prix du travail. A mesure que ces établissements <strong>de</strong>viennent<br />

plus peuplés, <strong>et</strong> que l'on commence à défricher <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> mauvaise qualité, les<br />

capitaux n'augmentent plus si rapi<strong>de</strong>ment ; car l'excédant <strong>de</strong>s produits sur les besoins <strong>de</strong> la<br />

population doit nécessairement être proportionné à la facilité <strong>de</strong> la production, c'est-à-dire au<br />

p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> personnes qui y sont employées. Quoiqu'il soit donc probable que, dans les<br />

circonstances les plus favorables, la production <strong>de</strong>vance la population, cela ne saurait continuer<br />

longtemps ; car, l'étendue du sol étant bornée, <strong>et</strong> ses qualités étant différentes, à chaque<br />

nouvel emploi <strong>de</strong> capital, le taux <strong>de</strong> la production diminuera, tandis que les progrès <strong>de</strong> la<br />

population resteront toujours les mêmes.<br />

Dans les pays où il y a <strong>de</strong>s terres fertiles en abondance, mais où les habitants sont exposés,<br />

par leur ignorance, leur paresse <strong>et</strong> leur barbarie, à toutes les horreurs <strong>de</strong> la dis<strong>et</strong>te <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

famine, <strong>et</strong> où on a pu dire que la population se dispute les moyens d'alimentation, il faudrait y<br />

remédier autrement que dans les États <strong>de</strong>puis longtemps civilisés, <strong>et</strong> où la diminution <strong>de</strong>s<br />

subsistances entraîne tous les maux d'une population excessive. Dans le premier cas, le mal<br />

vient d'un mauvais gouvernement, <strong>de</strong> l'instabilité <strong>de</strong> la propriété, <strong>de</strong> l'ignorance générale.<br />

Pour rendre ces populations plus heureuses, il suffirait d'améliorer le gouvernement, d'étendre<br />

l'instruction ; on verrait alors l'augmentation du capital dépasser nécessairement l'accroissement<br />

<strong>de</strong> la population, <strong>et</strong> les moyens <strong>de</strong> production iraient au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> la nation.<br />

Dans l'autre cas, la population grandit plus lite que le fonds nécessaire a son entr<strong>et</strong>ien : <strong>et</strong> il<br />

arrivera que chaque nouvel effort <strong>de</strong> l'industrie, à moins d'être suivi d'une diminution dans les<br />

rangs du pays, ne fera qu'ajouter au mal : - la production ne pouvant, marcher aussi rapi<strong>de</strong>ment<br />

que les naissances.<br />

Pour un pays où l'on se dispute les subsistances, les seuls remè<strong>de</strong>s sont, ou un affaiblissement<br />

<strong>de</strong> la population ou une accumulation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> capital. Dans les pays riches, où toutes<br />

les terres fertiles ont été déjà mises en culture, le <strong>de</strong>rnier remè<strong>de</strong> n'est ni très-praticable ni<br />

très-désirable, car le résultat serait, au bout <strong>de</strong> quelque temps, <strong>de</strong> réduire toutes les classes <strong>de</strong><br />

la société à la même indigence. Mais dans ces contrées pauvres, où existent d'immenses<br />

moyens <strong>de</strong> production, enfouis dans <strong>de</strong>s terres fertiles <strong>et</strong> incultes, l'augmentation du capital<br />

est le seul moyen efficace <strong>et</strong> sûr <strong>de</strong> combattre le mal, car il en résultera dans la situation <strong>de</strong><br />

toutes les classes <strong>de</strong> la société une amélioration sensible.<br />

Tous les amis <strong>de</strong> l'humanité doivent désirer que les classes laborieuses cherchent partout<br />

le bien-être, les jouissances légitimes, <strong>et</strong> soient poussées, par tous les moyens légaux, à les<br />

acquérir. On ne saurait opposer un meilleur frein à une population exubérante. Dans les pays<br />

où les classes pauvres ont le moins <strong>de</strong> besoins, <strong>et</strong>, se contentent <strong>de</strong> la plus chétive subsistance,<br />

les populations sont soumises aux misères <strong>et</strong> aux vicissitu<strong>de</strong>s les plus terribles. Elles<br />

n'ont aucun abri contre les calamités sociales : elles ne sauraient chercher un refuge dans une<br />

situation plus humble : elles sont déjà si abaissées, si malheureuses, qu'il ne leur reste même<br />

plus la triste faculté <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre encore. Elles ne peuvent remplacer que par <strong>de</strong> rares

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