29.06.2013 Views

Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 86<br />

La masse <strong>de</strong> vin que le Portugal doit donner en échange pour le drap anglais n’est pas<br />

déterminée par la quantité respective <strong>de</strong> travail que la production <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

articles a coûté ; - ce qui arriverait s'ils étaient tous <strong>de</strong>ux fabriqués en Angl<strong>et</strong>erre ou en<br />

Portugal.<br />

L’Angl<strong>et</strong>erre peut se trouver dans <strong>de</strong>s circonstances telles qu’il lui faille, pour fabriquer le<br />

drap, le travail <strong>de</strong> cent hommes par an, tandis que, si elle voulait faire du vin, il lui faudrait<br />

peut-être le travail <strong>de</strong> cent vingt hommes par an : il serait donc <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre<br />

d‘importer du vin, <strong>et</strong> d’exporter en échange du drap.<br />

En Portugal, la fabrication du vin pourrait ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r que le travail <strong>de</strong> quatre-vingts<br />

hommes pendant une année, tandis que la fabrication du drap exigerait le travail <strong>de</strong> quatrevingt-dix<br />

hommes. Le Portugal gagnerait donc à exporter du vin en échange pour du drap.<br />

C<strong>et</strong> échange pourrait même avoir lieu dans le cas où on fabriquerait en Portugal l’article importé<br />

à moins <strong>de</strong> frais qu’en Angl<strong>et</strong>erre. Quoique le Portugal pût faire son drap en<br />

n’employant que quatre-vingt-dix hommes, il préférerait le tirer d‘un autre pays où il faudrait<br />

cent ouvriers pour le fabriquer, parce qu’il trouverait plus <strong>de</strong> profit à employer son capital à<br />

la production du vin, en échange duquel il obtiendrait <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre une quantité <strong>de</strong> drap<br />

plus forte que celle qu’il pourrait produire en détournant une portion <strong>de</strong> son capital employé<br />

à la culture <strong>de</strong>s vignes, <strong>et</strong> en l’employant à la fabrication <strong>de</strong>s draps.<br />

Dans ce cas, l’Angl<strong>et</strong>erre donnerait le produit du travail <strong>de</strong> cent hommes en échange du<br />

produit du travail <strong>de</strong> quatre-vingts. Un pareil échange ne saurait avoir lieu entre les individus<br />

du même pays. On ne peut échanger le travail <strong>de</strong> cent Anglais pour celui <strong>de</strong> quatre-vingts<br />

autres Anglais ; mais le produit du travail <strong>de</strong> cent Anglais peut être échangé contre le produit<br />

du travail <strong>de</strong> quatre-vingts Portugais, <strong>de</strong> soixante Russes ou <strong>de</strong> cent vingt Asiatiques. Il est<br />

aisé d‘expliquer la cause <strong>de</strong> la différence qui existe à c<strong>et</strong> égard entre un pays <strong>et</strong> plusieurs :<br />

cela tient à l’activité avec laquelle un capital passe constamment, dans le même pays, d’une<br />

province à l’autre pour trouver un emploi plus profitable, <strong>et</strong> aux obstacles qui en pareil cas<br />

s’opposent au déplacement <strong>de</strong>s capitaux d‘un pays à l’autre 1 .<br />

1 Un pays qui, par sa supériorité dans les machines <strong>et</strong> l’habil<strong>et</strong>é <strong>de</strong> ses ouvriers, fabrique avec une plus gran<strong>de</strong><br />

économie <strong>de</strong> main-d’œuvre que ses voisins, peut, avec les produits <strong>de</strong> son industrie, faire venir du <strong>de</strong>hors le<br />

blé nécessaire à sa consommation, lors même que son sol serait plus fertile, <strong>et</strong> que le blé y viendrait avec<br />

moins <strong>de</strong> travail que dans le pays d’où il tirerait son approvisionnement. Supposons <strong>de</strong>ux ouvriers sachant<br />

l’un <strong>et</strong> l’autre faire <strong>de</strong>s souliers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chapeaux : l’un d‘eux peut exceller dans les <strong>de</strong>ux métiers ; mais en<br />

faisant <strong>de</strong>s chapeaux il ne l’emporte sur son rival que d’un cinquième, ou <strong>de</strong> 20 pour cent, tandis qu’en<br />

travaillant à <strong>de</strong>s souliers, il a sur lui un avantage d’un tiers, ou <strong>de</strong> 33 pour cent. Ne serait-il pas <strong>de</strong> l’intérêt<br />

<strong>de</strong> tous les <strong>de</strong>ux que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état <strong>de</strong> cordonnier, <strong>et</strong> le moins adroit<br />

à celui <strong>de</strong> chapelier ? (Note <strong>de</strong> l'Auteur.)<br />

Les explications données ici, soit dans le texte, soit dans la note qui précè<strong>de</strong> , ten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en plus à<br />

faire sentir la folie du système exclusif qui prohibe les produits étrangers pour favoriser les produits<br />

indigènes. Tout ce qu’une nation peut consommer se produit chez elle ; elle ne peut consommer aucune<br />

valeur qui n’ait été produite chez elle *. ; car avec quoi peut elle ach<strong>et</strong>er un produit <strong>de</strong> la Chine, si ce n’est<br />

avec un produit qu’elle a créé, ou, ce qui revient au même, avec le prix <strong>de</strong> vente d’un produit qu’elle a créé ?<br />

De même que les Anglais fabriquent leur vin en draps, on peut dire que les Français, en faisant <strong>de</strong>s étoffes<br />

<strong>de</strong> soie, fabriquent du sucre. Et si, par le moyen du commerce, le sucre qui leur vient <strong>de</strong>s îles leur coûte<br />

moins que celui qu’ils pourraient tirer <strong>de</strong> leur sol, il leur convient, il convient à l’État, comme aux

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!