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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 159<br />

que pas tout à fait aussi lourds, ont lieu dans le Milanais, dans les États <strong>de</strong> Gênes, dans le<br />

duché <strong>de</strong> Modène, dans les duchés <strong>de</strong> Parme, <strong>de</strong> Plaisance <strong>et</strong> <strong>de</strong> Guastalla, <strong>et</strong> dans l’État <strong>de</strong><br />

l’Église. Un auteur français, <strong>de</strong> quelque réputation, a proposé <strong>de</strong> réformer les finances <strong>de</strong> son<br />

pays, en substituant à la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s autres impôts, c<strong>et</strong>te espèce d’impôts, la plus<br />

ruineuse <strong>de</strong> toutes : - Il n’y a rien <strong>de</strong> si absur<strong>de</strong>, dit Cicéron, qui n’ait été avancé par quelque<br />

philosophe," - Dans un autre endroit il dit : "Les impôts sur les choses <strong>de</strong> nécessité, en faisant<br />

monter les salaires du travail, ten<strong>de</strong>nt nécessairement à faire monter le prix <strong>de</strong> tous les obj<strong>et</strong>s<br />

manufacturés, <strong>et</strong> par conséquent à en diminuer la vente <strong>et</strong> la consommation."<br />

Ce genre d’impôt ne mériterait point une pareille censure, quand même le principe posé<br />

par le docteur Smith serait exact : - à savoir que ces impôts ten<strong>de</strong>nt a faire monter le prix <strong>de</strong>s<br />

obj<strong>et</strong>s manufacturés ; car c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ne pourrait être que temporaire, <strong>et</strong> n’entraînerait pour nous<br />

aucun désavantage dans notre commerce étranger. Si une cause quelconque faisait monter le<br />

prix <strong>de</strong> quelques marchandises manufacturées, elle en entraverait ou en empêcherait<br />

l’exportation. Mais si c<strong>et</strong>te même cause avait un eff<strong>et</strong> général sur toutes les marchandises,<br />

son eff<strong>et</strong> ne serait que nominal ; il n’affecterait pas leur valeur relative, <strong>et</strong> ne diminuerait en<br />

rien l’appât que présente le commerce d’échange. Or, tout commerce extérieur <strong>et</strong> intérieur<br />

n’est réellement autre chose qu’un commerce d‘échange 1 .<br />

J’ai déjà essayé <strong>de</strong> prouver que, lorsqu’une cause quelconque fait renchérir toutes les<br />

<strong>de</strong>nrées en général, ses eff<strong>et</strong>s sont presque pareils à ceux qu’occasionne une baisse dans la<br />

valeur <strong>de</strong> la monnaie. Si la monnaie baisse <strong>de</strong> valeur, toutes les <strong>de</strong>nrées haussent <strong>de</strong> prix ; <strong>et</strong><br />

si c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> se borne à un seul pays, il modifie son commerce étranger <strong>de</strong> la même manière<br />

que le ferait un renchérissement <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées occasionné par <strong>de</strong>s impôts. Par conséquent,<br />

examiner les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la dépréciation <strong>de</strong> la monnaie d‘un seul pays, c’est examiner les eff<strong>et</strong>s<br />

d‘un renchérissement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées borné à un seul pays. Adam Smith, en eff<strong>et</strong>, était bien<br />

persuadé <strong>de</strong> la parité. <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux cas ; c’est pourquoi il soutient que la dépréciation du<br />

numéraire, ou, comme il le dit, <strong>de</strong> l’argent en Espagne, par suite <strong>de</strong> la défense <strong>de</strong> l’exporter,<br />

est très-nuisible aux manufactures <strong>et</strong> au commerce étranger <strong>de</strong> l’Espagne.<br />

"Mais c<strong>et</strong>te dégradation <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> l’argent, qui, étant le résultat ou <strong>de</strong> la<br />

situation particulière d’un pays ou <strong>de</strong> ses institutions <strong>politique</strong>s, n’a lieu que pour ce<br />

pays seulement, entraîne <strong>de</strong>s conséquences tout autres ; <strong>et</strong> bien loin qu’elle ten<strong>de</strong> à<br />

rendre personne réellement plus riche, elle tend à rendre chacun réellement plus<br />

pauvre. La hausse <strong>de</strong> prix en argent <strong>de</strong> toutes les <strong>de</strong>nrées <strong>et</strong> marchandises, qui, dans<br />

ce cas, est une circonstance particulière à ce pays, tend à y décourager plus ou moins<br />

toute espèce d'industrie au <strong>de</strong>dans, <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre les nations étrangères à portée <strong>de</strong><br />

1 Même dans le commerce d’échange <strong>et</strong> sans faire usage <strong>de</strong> monnaie, une marchandise peut être chère ou à<br />

bon marché. Elle est chère lorsqu’elle est le résultat <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> frais <strong>de</strong> production, du service <strong>de</strong> beaucoup<br />

<strong>de</strong> capitaux ou d‘industrie, ou, ce qui revient au même, lorsque beaucoup <strong>de</strong> capitaux ou d’industrie<br />

n’ont donné que peu <strong>de</strong> marchandise. Lorsque c<strong>et</strong>te marchandise va dans l’étranger, on n’en peut donner que<br />

peu en échange <strong>de</strong> quoi que ce soit ; par conséquent elle ne trouve pas à s’y échanger facilement. C’est ce<br />

qu’on appelle ne pas soutenir la concurrence avec les marchandises produites dans ce pays étranger,<br />

lesquelles pouvant s’offrir en plus gran<strong>de</strong> abondance dans les échanges, obtiennent la préférence.<br />

C‘est une preuve <strong>de</strong> plus qu’il y a autre chose que <strong>de</strong>s variations relatives dans les prix, comme toute la<br />

doctrine <strong>de</strong> M. Ricardo semble l’établir. - J.-B. SAY.

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