Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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Table <strong>de</strong>s matières<br />
David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 36<br />
Il reste à considérer si l’appropriation <strong>de</strong>s terres <strong>et</strong> la création subséquente <strong>de</strong> la rente,<br />
peuvent causer quelque variation dans la valeur relative <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées, abstraction faite <strong>de</strong> la<br />
quantité <strong>de</strong> travail nécessaire pour les produire. Pour bien comprendre c<strong>et</strong>te partie <strong>de</strong> notre<br />
suj<strong>et</strong> il faut étudier la nature <strong>de</strong> la rente <strong>et</strong> rechercher quels sont les <strong>principes</strong> qui en règlent la<br />
hausse <strong>et</strong> la baisse.<br />
La rente est c<strong>et</strong>te portion du produit <strong>de</strong> la terre que l‘on paie au propriétaire pour avoir le<br />
droit d‘exploiter les facultés productives <strong>et</strong> impérissables du sol. Cependant on confond<br />
souvent la rente avec l’intérêt <strong>et</strong> le profit du capital, <strong>et</strong> dans le langage vulgaire on donne le<br />
nom <strong>de</strong> rente h tout ce que le fermier paie annuellement au propriétaire.<br />
Supposons <strong>de</strong>ux fermes contiguës, ayant une même étendue, <strong>et</strong> un sol d'une égale fertilité,<br />
mais dont l’une, pourvue <strong>de</strong> tous les bâtiments <strong>et</strong> instruments utiles à l’agriculture, est <strong>de</strong><br />
plus bien entr<strong>et</strong>enue, bien fumée, <strong>et</strong> convenablement entourée <strong>de</strong> haies, <strong>de</strong> clôtures <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
murs, tandis que tout cela manque à l’autre. Il est clair que l’une s’affermera plus cher que<br />
l’autre ; mais dans les <strong>de</strong>ux cas on appellera rente la rémunération payée au propriétaire. Il<br />
est cependant évi<strong>de</strong>nt qu’une portion seulement <strong>de</strong> l'argent serait payée pour exploiter les<br />
propriétés naturelles <strong>et</strong> in<strong>de</strong>structibles du sol, le reste représenterait l’intérêt du capital<br />
consacré à amen<strong>de</strong>r le terrain <strong>et</strong> à ériger les constructions nécessaires pour assurer <strong>et</strong><br />
conserver le produit. Adam Smith donne parfois au mot rente le sens rigoureux dans lequel je<br />
cherche à le restreindre, mais le plus souvent il l'emploie dans le sens vulgairement usité.<br />
Ainsi il dit que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s toujours croissantes <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> construction dans les pays<br />
méridionaux <strong>de</strong> l’Europe, faisant hausser les prix, furent cause que l’on commença à affermer<br />
<strong>de</strong>s forêts en Norwège, qui auparavant ne produisaient pas <strong>de</strong> rente. N’est-il pas clair cependant<br />
que celui qui consentit à payer ce qu’il appelle rente, n’avait d‘autre but que d’acquérir<br />
les arbres précieux qui couvraient le terrain, afin d‘obtenir par leur vente le remboursement<br />
<strong>de</strong> son argent, plus <strong>de</strong>s bénéfices ? Si après la coupe <strong>et</strong> l’enlèvement du bois on continuait à<br />
payer au propriétaire une rétribution pour la faculté <strong>de</strong> cultiver le terrain, soit pour y planter<br />
<strong>de</strong> nouveaux arbres, soit dans tout autre but, on pourrait alors en eff<strong>et</strong> l’appeler rente, parce<br />
qu’elle serait payée pour la jouissance <strong>de</strong>s facultés productives du sol ; mais dans le cas cité<br />
par Adam Smith, c<strong>et</strong>te rétribution était payée pour avoir la liberté d‘enlever <strong>et</strong> <strong>de</strong> vendre le<br />
bois, <strong>et</strong> nullement pour la faculté <strong>de</strong> planter <strong>de</strong> nouveaux arbres 1 .<br />
la rente est indépendante <strong>de</strong> c<strong>et</strong> intérêt, <strong>et</strong> n’existe même que par la différence <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> production sur<br />
<strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> qualités diverses. Ceci est donc plus qu’une rectification lexicographique, c’est, avant tout,<br />
une rectification scientifique. On disait jadis : Donnez-moi trois lignes d’un homme <strong>et</strong> je le fais pendre : on<br />
pourrait presque dire, en général : Donnez-moi trois lignes d’un auteur à traduire, <strong>et</strong> je le rends incompréhensible.<br />
En substituant dans tout ce chapitre le mot rente <strong>de</strong> la terre au mot fermage, nous croyons avoir<br />
évité c<strong>et</strong>te faute, <strong>et</strong> nous aurions même <strong>de</strong>s autorités à invoquer, s’il en était besoin lorsqu’on a pour soi la<br />
nécessité logique. - A. F.<br />
1 Si les forêts du propriétaire norvégien étaient en coupe réglée, c’est-à-dire s’il s’était arrangé pour que sa<br />
terre lui fournît toujours le même revenu en arbres, les arbres qu‘il vendait, ou que le fermier <strong>de</strong> ses forêts<br />
vendait pour lui, formaient bien en réalité le profit résultant du pouvoir productif <strong>de</strong> son fonds. Si la pousse<br />
annuelle ne remplaçait pas la vente annuelle, alors il vendait chaque année une portion du capital dont ses