Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 128<br />
suj<strong>et</strong>tes à l’impôt, celles qui ren<strong>de</strong>nt peu <strong>et</strong> celles qui rapportent beaucoup; <strong>et</strong> sur les terres<br />
qui ne paient pas <strong>de</strong> rente, il ne pourrait y avoir <strong>de</strong> compensation à l’impôt dans une<br />
réduction <strong>de</strong> la rente. Un impôt partiel sur les profits ne frappe jamais le genre d’industrie sur<br />
lequel il est assis ; car le commerçant quittera son commerce, ou se remboursera <strong>de</strong> l’impôt.<br />
Or, ceux qui ne paient pas <strong>de</strong> rente, ne pouvant être dédommagés que par la hausse du prix<br />
<strong>de</strong>s produits, <strong>l'impôt</strong> que M. Say propose r<strong>et</strong>omberait sur le consommateur, sans frapper ni le<br />
propriétaire ni le fermier.<br />
Si l'on augmentait <strong>l'impôt</strong> proposé dans le rapport <strong>de</strong> l'augmentation <strong>de</strong> la quantité ou <strong>de</strong> la<br />
valeur <strong>de</strong>s produits agricoles, il ne différerait en rien <strong>de</strong> la dîme, <strong>et</strong> il serait, <strong>de</strong> la même<br />
manière, rej<strong>et</strong>é sur le consommateur. Qu'un tel impôt fût donc assis sur le produit brut ou sur<br />
le produit n<strong>et</strong> <strong>de</strong> la terre, ce serait un impôt sur la consommation, qui ne pèserait sur le<br />
propriétaire <strong>et</strong> sur le fermier qu'à la manière <strong>de</strong> tout autre impôt sur les produits agricoles.<br />
Si l'on n'avait mis aucun impôt sur la terre, <strong>et</strong> que les sommes nécessaires à la dépense <strong>de</strong><br />
l'État eussent été levées par tout autre moyen, l'agriculture aurait prospéré pour le moins<br />
autant qu'elle l'a fait ; car il est impossible qu'aucun impôt sur la terre soit un encouragement<br />
à la culture. Un impôt modéré peut ne pas être <strong>et</strong> probablement n'est pas un obstacle à la<br />
production, mais il ne l'encourage point. Le gouvernement anglais n'a pas tenu le langage que<br />
M. Say lui prête. Il ne promit pas d'exempter la classe agricole <strong>et</strong> leurs successeurs <strong>de</strong> tout<br />
impôt futur, <strong>et</strong> <strong>de</strong> lever les fonds qui pourraient <strong>de</strong>venir nécessaires pour les dépenses <strong>de</strong><br />
l'État sur les autres classes <strong>de</strong> la société ; le gouvernement a dit simplement :"Nous ne<br />
chargerons plus la terre par ce mo<strong>de</strong> d'impôt ; mais nous nous réservons la plus entière liberté<br />
<strong>de</strong> vous faire payer sous une autre forme tout le montant <strong>de</strong> votre contingent futur pour<br />
défrayer les besoins <strong>de</strong> l'État."<br />
En parlant <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong> en nature, ou <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong> levé en une certaine portion <strong>de</strong>s produits, ce<br />
qui est précisément la même chose que la dîme, M. Say dit :<br />
"C<strong>et</strong>te forme d'impôt paraît la plus équitable <strong>de</strong> toutes : il n'y en a pas qui le soit<br />
moins. Il ne tient nul compte <strong>de</strong>s avances faites par le producteur ; il se proportionne<br />
au revenu brut, <strong>et</strong> non au revenu n<strong>et</strong>.<br />
"Deux agriculteurs ont <strong>de</strong>s cultures différentes : l'un cultive <strong>de</strong> médiocres terres<br />
à blé, ses frais <strong>de</strong> culture se montent, année commune, à 8,000 fr. ; le produit brut <strong>de</strong><br />
ses terres est <strong>de</strong> 12,000 fr. : il a donc 4,000 fr. <strong>de</strong> revenu n<strong>et</strong>.<br />
"Son voisin a <strong>de</strong>s prairies ou <strong>de</strong>s bois qui ren<strong>de</strong>nt brut, tous les ans, 12,000 fr.<br />
également, mais qui ne lui coûtent d'entr<strong>et</strong>ien que 2,000 fr. : c'est donc, année<br />
commune, 10,000 fr. <strong>de</strong> revenu qui lui restent.<br />
"Une loi comman<strong>de</strong> qu’on lève en nature un douzième <strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong> la terre,<br />
quels qu’ils soient. On enlève en conséquence, au premier, <strong>de</strong>s gerbes <strong>de</strong> blé pour<br />
une valeur <strong>de</strong> 1,000 fr., <strong>et</strong> au second, <strong>de</strong>s bottes <strong>de</strong> foin, <strong>de</strong>s bestiaux ou <strong>de</strong>s bois<br />
pour une valeur <strong>de</strong> 1,000 fr. également. Qu’est-il arrivé ? C’est qu’on a pris à l’un le<br />
quart <strong>de</strong> son revenu, qui se montait à 4,000 fr., <strong>et</strong> à l’autre, le dixième seulement du<br />
sien, qui se montait à 10,000 fr.