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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 164<br />

rissement <strong>de</strong>stiné à in<strong>de</strong>mniser les ouvriers ou les entrepreneurs d’industrie <strong>de</strong> l’impôt qu’ils<br />

ont été obligés d‘avancer. Dans ce cas même, l’argument n’est pas concluant ; car s’il n’y a<br />

rien <strong>de</strong> payé au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qui est exigé par le gouvernement, qu’importe au consommateur<br />

riche d‘acquitter directement l’impôt, en donnant un prix plus élevé pour un obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> luxe, ou<br />

<strong>de</strong> l’acquitter indirectement en payant plus cher les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> nécessité <strong>et</strong> autres articles <strong>de</strong> sa<br />

consommation ? Si le peuple ne paie que ce qui est reçu par le gouvernement, le consommateur<br />

riche ne contribuera que pour sa juste part ; s’il y a quelque chose <strong>de</strong> payé au <strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

ce que le gouvernement reçoit, Adam Smith aurait dû dire quel est celui qui reçoit ce surplus.<br />

M. Say ne me paraît pas être resté d‘accord avec le principe évi<strong>de</strong>nt que j’ai transcrit <strong>de</strong><br />

son excellent ouvrage ; car dès la page suivante, en parlant <strong>de</strong> l’impôt, il dit : « Lorsqu’il est<br />

poussé trop loin, il produit ce déplorable eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> priver le contribuable <strong>de</strong> sa richesse sans en<br />

enrichir le gouvernement ; c’est ce qu’on pourra comprendre, si l’on considère que le revenu<br />

<strong>de</strong> chaque contribuable offre toujours la mesure <strong>et</strong> la borne <strong>de</strong> sa consommation, productive<br />

ou non. On ne peut donc lui prendre une part <strong>de</strong> son revenu sans le forcer à réduire proportionnellement<br />

ses consommations. De là, diminution <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s qu’il ne<br />

consomme plus, <strong>et</strong> nommément <strong>de</strong> ceux sur lesquels est assis l’impôt ; <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te diminution <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> résulte une diminution <strong>de</strong> production, <strong>et</strong> par conséquent moins <strong>de</strong> matière imposable.<br />

Il y a donc perte pour le contribuable d’une partie <strong>de</strong> ses jouissances, <strong>et</strong> perte pour le<br />

fisc d’une partie <strong>de</strong> ses rec<strong>et</strong>tes. »<br />

M. Say en donne pour exemple l’impôt établi sur le sel en France avant la révolution, <strong>et</strong><br />

qui diminua la production du sel <strong>de</strong> moitié. Cependant si l’on consommait moins <strong>de</strong> sel, il y<br />

avait aussi moins <strong>de</strong> capital employé à sa production 1 ; <strong>et</strong> par conséquent, quoique le<br />

1 Lorsque, par défaut <strong>de</strong> consommation, on ne fait plus usage d’un marais salant, les frais qui ont été faits<br />

pour l’établir sont un capital perdu, un capital qui ne peut se vouer à aucune autre production. Dans les cas<br />

même, ce qui est fort rare, où l’on peut r<strong>et</strong>irer, sans en perdre la majeure partie, ses capitaux d‘une industrie<br />

dont les frais excè<strong>de</strong>nt les produits, on ne replace pas nécessairement dans l’industrie les portions qu’on en<br />

sauve. Souvent on les prête au gouvernement ; on en achète <strong>de</strong>s charges ; on les place dans l’étranger. Les<br />

travaux industriels eux-mêmes ne se déplacent pas sans pertes <strong>et</strong> sans inconvénients. Qui peut dire ce que<br />

sont <strong>de</strong>venus les ouvriers qui travaillaient aux marais salants auxquels on a été forcé <strong>de</strong> renoncer ? Et en<br />

supposant qu’ils aient pu se transporter ailleurs <strong>et</strong> apprendre un autre métier, le revenu <strong>de</strong> leurs bras en a<br />

nécessairement souffert ; il y a eu moins <strong>de</strong> gains faits par leurs travaux industriels ; quant aux chefs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

industrie, en supposant même qu’ils n’aient pas renoncé entièrement à une production <strong>de</strong>venue trop ingrate,<br />

ils auront du moins réduit leur exploitation ; leurs bénéfices n’auront plus été les mêmes. Ce ne sont donc<br />

pas seulement <strong>de</strong>s capitaux <strong>et</strong> une industrie qui changent <strong>de</strong> place, mais <strong>de</strong>s capitaux <strong>et</strong> une industrie<br />

diminués <strong>et</strong> produisant moins. J’ai donc pu dire que lorsque l’impôt est poussé trop loin, il y a <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong><br />

jouissances <strong>et</strong> <strong>de</strong> revenus dont le gouvernement ne fait pas son profit.<br />

L’impôt prive aussi quelquefois complètement les consommateurs <strong>de</strong> certains produits que rien ne<br />

remplace. Sans les impôts on pourrait se procurer en Angl<strong>et</strong>erre les vins communs du midi <strong>de</strong> la France pour<br />

quelques sous par bouteille. Le peuple d’Angl<strong>et</strong>erre est totalement privé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te boisson salubre. Lorsque,<br />

par suite d’une prohibition ridicule, le sucre valait en France 5 a 6 francs la livre, toutes les femmes en<br />

couches, tous les mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la classe indigente, furent privés en totalité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te matière si précieuse dans<br />

leur situation. La consommation du sucre diminua <strong>de</strong> moitié, <strong>et</strong> par conséquent les jouissances provenant <strong>de</strong><br />

la consommation du sucre.<br />

Sans doute c’est un principe vrai en soi, qu’en général l’industrie <strong>et</strong> la production sont en raison <strong>de</strong>s<br />

capitaux productifs ; <strong>et</strong> cependant toutes les observations nous persua<strong>de</strong>nt que les impôts altèrent la production,<br />

même avant que la somme <strong>de</strong>s capitaux soit entamée. Il n’est pas pru<strong>de</strong>nt, en économie <strong>politique</strong>,

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