Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 162<br />
rapporter aucun profit ; mais converti par échange en matériaux, en machines <strong>et</strong> en subsistances,<br />
il donnerait un revenu, <strong>et</strong> ajouterait à la richesse <strong>et</strong> aux ressources du pays.<br />
Je me flatte donc d‘avoir démontré d'une manière satisfaisante, qu’un prix comparativement<br />
bas <strong>de</strong>s métaux précieux, par suite d’un impôt, ou, en d‘autres termes, un prix généralement<br />
élevé <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées, ne peut nuire en rien à un pays, attendu qu’une partie <strong>de</strong>s métaux<br />
serait exportée, ce qui, en faisant hausser leur valeur, ferait baisser d’un autre côté le prix <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nrées. J’ai démontré <strong>de</strong> plus, que, si les métaux précieux n’étaient point exportés, <strong>et</strong> si, par<br />
<strong>de</strong>s lois prohibitives, on pouvait les r<strong>et</strong>enir dans le pays, l’eff<strong>et</strong> produit sur le change contrebalancerait<br />
celui <strong>de</strong>s hauts prix. Si donc <strong>de</strong>s impôts sur les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> première nécessité <strong>et</strong> sur<br />
les salaires, ne peuvent pas avoir l’eff<strong>et</strong> d’élever le prix <strong>de</strong> toutes les <strong>de</strong>nrées dont la<br />
production a exigé l’emploi d’une certaine somme <strong>de</strong> travail, on aurait tort <strong>de</strong> condamner ces<br />
impôts sur <strong>de</strong> pareil motifs : <strong>et</strong> quand même il serait vrai qu’ils produisissent <strong>de</strong> semblables<br />
eff<strong>et</strong>s, ils n’en seraient pas, pour cela, plus nuisibles.<br />
Il est incontestable que "les impôts sur les choses <strong>de</strong> luxe n’ont aucune tendance à faire<br />
monter le prix d’aucune autre marchandise que <strong>de</strong> celles qui sont imposées ;" mais il n’est<br />
pas vrai "que les impôts sur les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> nécessité, en faisant monter les salaires du travail,<br />
ten<strong>de</strong>nt nécessairement à faire monter le prix <strong>de</strong> tous les obj<strong>et</strong>s manufacturés." Il est vrai<br />
"que les impôts sur les choses <strong>de</strong> luxe sont payés, en définitive, par les consommateurs <strong>de</strong> la<br />
chose imposée, sans aucune répétition <strong>de</strong> leur part. Ils tombent indistinctement sur toutes<br />
espèces <strong>de</strong> revenus, salaires <strong>de</strong> travail, profits <strong>de</strong> capitaux, <strong>et</strong> rentes <strong>de</strong> terre." Mais il est faux<br />
"que les impôts sur les choses <strong>de</strong> nécessité, pour ce qui pèse sur la classe pauvre <strong>et</strong> ouvrière,<br />
soient payés en définitive, partie par les propriétaires dans le déch<strong>et</strong> que souffrent les fermages<br />
<strong>de</strong> leurs terres, <strong>et</strong> partie par les riches consommateurs, propriétaires <strong>et</strong> autres, dans le<br />
surhaussement <strong>de</strong> prix <strong>de</strong>s choses manufacturées ;" car, en tant que ces impôts portent sur la<br />
classe pauvre <strong>et</strong> ouvrière, ils seront payés presque en totalité par la diminution <strong>de</strong>s profits du<br />
capital, les travailleurs eux-mêmes n’en payant qu’une très-p<strong>et</strong>ite partie par la diminution du<br />
travail, diminution que les impôts <strong>de</strong> tout genre ten<strong>de</strong>nt à produire.<br />
C‘est d’après la manière erronée dont le docteur Smith a envisagé les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ces impôts,<br />
qu’il a été conduit à la conclusion suivante : « Si les classes supérieures <strong>et</strong> mitoyennes<br />
entendaient bien leur intérêt, elles <strong>de</strong>vraient toujours s’opposer à tous impôts sur les choses<br />
nécessaires à la vie, tout comme aux impôts directs sur les salaires du travail. » C<strong>et</strong>te conclusion<br />
découle du raisonnement suivant.<br />
« Le paiement définitif <strong>de</strong>s uns aussi bien que <strong>de</strong>s autres r<strong>et</strong>ombe en entier sur<br />
elles, <strong>et</strong> toujours avec une surcharge considérable. Il r<strong>et</strong>ombe avec plus <strong>de</strong> poids<br />
surtout sur le propriétaire, qui paie doublement, ou à <strong>de</strong>ux différents titres, comme<br />
propriétaire par la réduction <strong>de</strong> son revenu, <strong>et</strong> comme riche consommateur par<br />
l’augmentation <strong>de</strong> sa dépense. L’observation faite par sir Matthew Decker, qu’il y a<br />
<strong>de</strong>s impôts qui sont quelquefois répétés <strong>et</strong> accumulés cinq ou six fois dans le prix <strong>de</strong><br />
certaines marchandises, est parfaitement juste à l’égard <strong>de</strong>s impôts sur les choses<br />
nécessaires à la vie. Par exemple, dans le prix du cuir, il faut que vous payiez nonseulement<br />
l’impôt sur le cuir <strong>de</strong>s souliers que vous portez, mais encore une partie <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong> impôt sur les souliers que portent le cordonnier <strong>et</strong> le tanneur. Il faut que vous