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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 67<br />

La tendance funeste <strong>de</strong> ces lois n'est plus un mystère <strong>de</strong>puis qu'elle a été dévoilée par la<br />

plume habile <strong>de</strong> M. Malthus, <strong>et</strong> tous les amis <strong>de</strong>s pauvres <strong>de</strong>vraient désirer ar<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> les<br />

voir abolies. Par malheur , elles sont établies <strong>de</strong>puis si longtemps, <strong>et</strong> les pauvres ont contracté<br />

<strong>de</strong> telles habitu<strong>de</strong>s sous leur influence, qu'il faudrait beaucoup <strong>de</strong> précautions <strong>et</strong> d'adresse<br />

pour pouvoir les extirper sans danger <strong>de</strong> notre système <strong>politique</strong>. Ceux même qui sont le plus<br />

résolus à abolir ces lois, conviennent qu'il faut opérer lentement, graduellement, si l'on veut<br />

empêcher ceux en faveur <strong>de</strong> qui ces lois furent faites mal à propos, d'être accablés par la<br />

misère 1 .<br />

C'est une vérité incontestable, que l'aisance <strong>et</strong> le bien-être <strong>de</strong>s pauvres ne sauraient être<br />

assurés, à moins qu'ils ne cherchent eux-mêmes, ou que la législature ne les conduise à<br />

diminuer la fréquence <strong>de</strong>s mariages entre <strong>de</strong>s individus jeunes <strong>et</strong> imprévoyants. Le système<br />

<strong>de</strong> la législation sur les pauvres a agi dans un sens tout à fait opposé. Il a rendu toute contrainte<br />

superflue ; <strong>et</strong> l'on a séduit la jeunesse impru<strong>de</strong>nte en lui offrant une portion <strong>de</strong>s récompenses<br />

dues à la prévoyance <strong>et</strong> à l'industrie 2 .<br />

La nature du mal en indique le remè<strong>de</strong>. En circonscrivant graduellement les lois <strong>de</strong>s<br />

pauvres, <strong>et</strong> en cherchant à faire sentir aux indigents le prix <strong>de</strong> l’indépendance, en leur<br />

montrant qu’ils ne doivent plus compter sur les secours d'une bienfaisance systématique ou<br />

casuelle, <strong>et</strong> qu’ils n’ont d‘autre ressource que celle <strong>de</strong> leur travail ; en leur prouvant enfin que<br />

la pru<strong>de</strong>nce est nécessaire <strong>et</strong> la prévoyance utile, on marchera par <strong>de</strong>grés vers un état <strong>de</strong><br />

choses plus stable <strong>et</strong> plus salutaire 3 .<br />

1 C<strong>et</strong>te vieille législation <strong>de</strong>s pauvres, criblée d'abus, <strong>et</strong> ruineuse pour la Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, au point d'avoir<br />

absorbé, en 1818, 7,870,801 livres sterlings, <strong>et</strong>, en 1832, le chiffre colossal <strong>de</strong> 8,739,882 livres sterlings, a<br />

été complètement réformée par l'acte <strong>de</strong> 1834 auquel on a donné le nom par trop mo<strong>de</strong>ste d'amen<strong>de</strong>ment.<br />

Dans le fond, il y a eu substitution d'un système entièrement nouveau dans les annales <strong>de</strong> la charité légale.<br />

Ce système est celui <strong>de</strong>s Work-Houses ou ateliers <strong>de</strong> charité qui s'ouvrent comme un refuge <strong>de</strong>vant les<br />

ouvriers inoccupés, <strong>et</strong> leur distribuent la nourriture, le vêtement, le logement en échange <strong>de</strong> leur travail. -<br />

Voyez, pour l'esquisse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nouvelle législation, le chapitre XVIII : <strong>Des</strong> Taxes pour les pauvres. A. F.<br />

2 Les progrès que l'opinion publique a faits sur c<strong>et</strong>te grave question <strong>de</strong>puis 1796 sont très-remarquables, <strong>et</strong> il<br />

est facile <strong>de</strong> les constater en comparant le <strong>de</strong>rnier rapport <strong>de</strong>s commissaires <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong>s pauvres, avec les<br />

paroles suivantes prononcées par M. Pitt, il y a prés <strong>de</strong> trente ans : - "Faisons, <strong>de</strong>s secours à répandre dans<br />

les familles nombreuses, un lien d'honneur <strong>et</strong> <strong>de</strong> charité <strong>et</strong> non un signe d'opprobre <strong>et</strong> <strong>de</strong> mépris. On fera<br />

ainsi <strong>de</strong>s enfants du pauvre une bénédiction <strong>et</strong> non une calamité: : <strong>et</strong> l'on tracera une ligne <strong>de</strong> démarcation<br />

rationnelle <strong>et</strong> digne entre ceux qui sont capables <strong>de</strong> se suffire au moyen <strong>de</strong> leur travail, <strong>et</strong> ceux qui, après<br />

avoir doté leur pays d'un grand nombre d'enfants, ont acquis le droit <strong>de</strong> réclamer les moyens <strong>de</strong> les élever." -<br />

Histoire parlementaire <strong>de</strong> Hansard, v. 32, p. 710.<br />

3 Ces vues qui ne sont pas seulement d’un philanthrope, mais d’un philanthrope éclairé, font sentir l'imbécillité<br />

<strong>de</strong>s princes qui consacrent les événements heureux <strong>de</strong> leur règne par le mariage <strong>de</strong> quelques filles<br />

pauvres, c’est-à-dire qui se réjouissent en condamnant aux larmes, <strong>et</strong> peut-être à la mort, les familles qui<br />

naîtront <strong>de</strong> ces unions follement provoquées. Plutôt que <strong>de</strong> multiplier les créatures vivantes <strong>et</strong> susceptibles<br />

<strong>de</strong> souffrir, il vaudrait mieux favoriser la multiplication <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> subsistances, c’est-à-dire abolir les<br />

entraves à l’industrie, ne point emprunter, afin <strong>de</strong> laisser les capitaux chercher <strong>de</strong>s emplois productifs, <strong>et</strong><br />

diminuer les impôts qui augmentent la cherté <strong>de</strong>s produits <strong>et</strong> par conséquent la difficulté <strong>de</strong> vivre ; mais ces<br />

moyens qui n’effraient point les bons princes, sont très-difficiles pour les mauvais. - J. B. SAY.

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