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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 156<br />

médiatement. Jusque là nous sommes tout à fait d'accord ; mais nous différons essentiellement<br />

dans la manière dont chacun <strong>de</strong> nous envisage l'action postérieure d'un pareil impôt.<br />

"Ainsi, quand même un impôt direct sur les salaires du travail, dit Adam Smith,<br />

serait payé par les mains mêmes <strong>de</strong> l'ouvrier, on ne pourrait pas dire proprement qu'il<br />

fait l'avance <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong>, du moins si la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> le prix moyen <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées restaient les mêmes après <strong>l'impôt</strong> comme auparavant.. Dans tous les cas, la<br />

personne qui emploie immédiatement l'ouvrier serait obligée d'avancer, nonseulement<br />

<strong>l'impôt</strong>, mais quelque chose <strong>de</strong> plus que <strong>l'impôt</strong>. Le paiement définitif<br />

r<strong>et</strong>omberait sur <strong>de</strong>s personnes différentes, selon les circonstances. La hausse que<br />

<strong>l'impôt</strong> occasionnerait dans les salaires <strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> manufacture, serait avancée<br />

par le maître manufacturier, qui serait à la fois dans la nécessité <strong>et</strong> dans le droit <strong>de</strong><br />

la reporter, avec un profit, sur le prix <strong>de</strong> ses marchandises. Ainsi, le paiement<br />

définitif <strong>de</strong> ce surhaussement <strong>de</strong> salaires, y compris le profit additionnel du maître<br />

manufacturier, r<strong>et</strong>omberait sur le consommateur. La hausse qu'un tel impôt<br />

occasionnerait dans les salaires du travail <strong>de</strong> la campagne, serait avancée par le<br />

fermier, qui serait obligé alors d'employer un plus gros capital pour entr<strong>et</strong>enir le<br />

même nombre <strong>de</strong> travailleurs qu'auparavant. Pour se rembourser <strong>de</strong> c<strong>et</strong> excédant <strong>de</strong><br />

capital, ainsi que <strong>de</strong>s profits ordinaires <strong>de</strong>s capitaux, il serait nécessaire qu'il r<strong>et</strong>înt<br />

dans ses mains une plus forte portion, ou, ce qui revient au même, la valeur d'une<br />

plus gran<strong>de</strong> portion du produit <strong>de</strong> la terre, <strong>et</strong> par conséquent qu’il payât moins <strong>de</strong><br />

rente au propriétaire. Ainsi, dans ce cas, le paiement définitif <strong>de</strong> ce surhaussement <strong>de</strong><br />

salaires, en y joignant le profit additionnel du fermier qui l’aurait avancé,<br />

r<strong>et</strong>omberait sur le propriétaire. Dans tous les cas, un impôt direct sur les salaires du<br />

travail doit nécessairement occasionner, à la longue, une plus forte diminution dans<br />

la rente <strong>de</strong> la terre ; <strong>et</strong> en même temps une plus forte hausse dans le prix <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s<br />

manufacturés que n’en aurait pu occasionner, d'une part ni <strong>de</strong> l’autre, l’imposition<br />

d‘une somme égale au produit <strong>de</strong> c<strong>et</strong> impôt, qui aurait été convenablement assise,<br />

partie sur le revenu <strong>de</strong> la terre, <strong>et</strong> partie sur les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> consommation." Tome III,<br />

page 337.<br />

Smith soutient, dans ce passage, que le surhaussement <strong>de</strong>s salaires payé par les fermiers<br />

doit r<strong>et</strong>omber en définitive sur les propriétaires fonciers, qui recevront moins <strong>de</strong> rente ; mais<br />

que l’excédant <strong>de</strong> salaires payé par les manufacturiers à leurs ouvriers occasionnera une<br />

hausse dans le prix <strong>de</strong>s ouvrages manufacturés, <strong>et</strong> que ce surcroît <strong>de</strong> frais r<strong>et</strong>ombera par<br />

conséquent sur le consommateur.<br />

Supposons la société composée <strong>de</strong> propriétaires fonciers, <strong>de</strong> manufacturiers, <strong>de</strong> fermiers <strong>et</strong><br />

d’ouvriers. On convient que les ouvriers seront dédommagés <strong>de</strong> ce qu’ils paieront pour<br />

l’impôt ; mais qui les en dédommagera ? qui voudra se charger <strong>de</strong> payer la portion qui ne<br />

r<strong>et</strong>ombe pas sur les propriétaires ? Les manufacturiers ne pourraient en payer aucune partie ;<br />

car, si le prix <strong>de</strong> leurs marchandises haussait à proportion du surhaussement <strong>de</strong>s salaires<br />

qu’ils sont obligés <strong>de</strong> payer, ils se trouveraient dans une plus belle position après l’impôt<br />

qu’auparavant. Si le fabricant <strong>de</strong> drap, le chapelier, le cordonnier, <strong>et</strong>c., pouvaient chacun<br />

élever le prix <strong>de</strong> ses marchandises <strong>de</strong> 10 pour cent, en supposant que ces 10 pour cent<br />

suffisent complètement pour les in<strong>de</strong>mniser du surcroît <strong>de</strong> salaires qu’ils paient à leurs<br />

ouvriers ; si, comme le dit Adam Smith, "ils étaient à la fois dans la nécessité <strong>et</strong> dans le droit<br />

<strong>de</strong> reporter ce surcroît <strong>de</strong> salaires, avec un profit, sur le prix <strong>de</strong> leurs marchandises," dans ce

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