Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 139<br />
maison est <strong>de</strong>bout, ne peut pas, dans les circonstances les plus désastreuses, payer longtemps<br />
une partie quelconque <strong>de</strong> l’impôt.<br />
C<strong>et</strong> impôt pèserait donc en définitive sur le locataire <strong>et</strong> sur le propriétaire du terrain. Mais<br />
"dans quelle proportion (<strong>de</strong>man<strong>de</strong> Adam Smith) ce paiement final se partagera-t-il entre<br />
eux ? C‘est ce qui n’est pas très-facile à déci<strong>de</strong>r. Ce partage se ferait probablement d’une<br />
manière très-différente dans <strong>de</strong>s circonstances différentes ; <strong>et</strong> un impôt <strong>de</strong> ce genre, d‘après<br />
ces circonstances différentes, affecterait d'une manière très-inégale le locataire <strong>de</strong> la maison<br />
<strong>et</strong> le propriétaire du terrain."<br />
Adam Smith regar<strong>de</strong> les loyers du sol comme un obj<strong>et</strong> très-propre à être imposé. "Les<br />
loyers du sol, dit-il, <strong>et</strong> les rentes ordinaires <strong>de</strong>s terres, sont une espèce <strong>de</strong> revenu dont le<br />
propriétaire jouit le plus souvent sans avoir ni soins ni attention à donner. Quand une partie<br />
<strong>de</strong> ce revenu lui serait ôtée pour fournir aux besoins <strong>de</strong> l’État, on ne découragerait par là<br />
aucune espèce d’industrie. Le produit annuel <strong>de</strong>s terres <strong>et</strong> du travail <strong>de</strong> la société, la richesse<br />
<strong>et</strong> le revenu réel <strong>de</strong> la masse du peuple pourraient toujours être les mêmes après l’impôt<br />
qu’auparavant. Ainsi le loyer du sol <strong>et</strong> les rentes ordinaires <strong>de</strong>s terres sont peut-être l’espèce<br />
<strong>de</strong> revenu qui peut le mieux supporter un impôt spécial."<br />
Il faut convenir que les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ces sortes d’impôts seraient tels que le dit Adam Smith ;<br />
ce serait pourtant assurément une gran<strong>de</strong> injustice, que d'imposer exclusivement le revenu<br />
d’une classe particulière <strong>de</strong> la société. Les charges <strong>de</strong> l’État doivent être supportées par tous,<br />
<strong>et</strong> être en raison <strong>de</strong>s facultés <strong>de</strong> chacun : c’est là une <strong>de</strong>s quatre maximes posées par Adam<br />
Smith, <strong>et</strong> qui doivent servir <strong>de</strong> règle pour tout impôt. La rente appartient souvent à ceux qui,<br />
après bien <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> peines, ont fini par réaliser leurs profits, <strong>et</strong> ont employé leur fortune<br />
à l’achat d’un fonds <strong>de</strong> terre. Ce serait donc bien certainement au mépris <strong>de</strong> la sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s<br />
propriétés, principe qui <strong>de</strong>vrait toujours être sacré, qu’on assuj<strong>et</strong>tirait les rentes à un impôt<br />
inégal. Il est à regr<strong>et</strong>ter que les droits <strong>de</strong> timbre dont est grevée la mutation <strong>de</strong>s biens-fonds,<br />
soient un obstacle si puissant à leur transmission, <strong>et</strong> les empêche <strong>de</strong> passer dans les mains <strong>de</strong><br />
ceux qui pourraient les rendre plus productifs. Et si l’on réfléchit que non-seulement la terre,<br />
considérée comme un obj<strong>et</strong> propre à supporter un impôt exclusif, baisserait <strong>de</strong> valeur pour<br />
compenser le risque d’être imposée, mais encore que plus ce risque serait indéfini, plus sa<br />
valeur incertaine, <strong>et</strong> plus les biens-fonds <strong>de</strong>viendraient un obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> spéculation, un agiotage<br />
plutôt qu’un commerce régulier ; si on y réfléchit, dis-je, ou verra combien il est probable<br />
que les mains dans lesquelles les terres viendraient à tomber seraient celles <strong>de</strong>s individus qui<br />
sont plutôt <strong>de</strong>s agioteurs que <strong>de</strong>s propriétaires pru<strong>de</strong>nts, capables <strong>de</strong> tirer le plus grand parti<br />
<strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> terre.