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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 95<br />

Moyennant 100 l. on peut ach<strong>et</strong>er en Angl<strong>et</strong>erre une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> change ou le droit <strong>de</strong><br />

recevoir 101 1. en Hollan<strong>de</strong>, 102 1. en France, <strong>et</strong> 105 1. en Espagne. On dit dans ce cas que<br />

le change est <strong>de</strong> 1 pour 100 contre la Hollan<strong>de</strong>, <strong>de</strong> 2 contre la France, <strong>et</strong> <strong>de</strong> 5 contre l’Espagne.<br />

Cela annonce qu’il y a proportionnellement plus <strong>de</strong> numéraire dans ce pays qu’il ne<br />

<strong>de</strong>vrait y en avoir, <strong>et</strong> la valeur comparative du numéraire <strong>de</strong> chaque pays sera bientôt<br />

ramenée au pair si l’on r<strong>et</strong>ire l’argent qui est en excès dans les autres pays, <strong>et</strong> si on le fait<br />

passer en Angl<strong>et</strong>erre.<br />

Ceux qui ont soutenu que la monnaie anglaise était dépréciée pendant les <strong>de</strong>rnières dix<br />

années, quand le cours du change variait <strong>de</strong> 20 a 30 pour 100 contre ce pays, n’ont jamais<br />

prétendu, comme on les en a accusés, que la monnaie ne pût pas être d'une plus gran<strong>de</strong> valeur<br />

dans un pays que dans un autre, comparée aux diverses marchandises. Ils ont seulement soutenu<br />

qu’il était impossible d’expliquer, sans adm<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te dépréciation, comment l'Angl<strong>et</strong>erre<br />

pouvait r<strong>et</strong>enir 130 l., alors que c<strong>et</strong>te somme, estimée en argent <strong>de</strong> Hambourg ou <strong>de</strong><br />

Hollan<strong>de</strong>, ne valait que 100 1.<br />

En rem<strong>et</strong>tant à Hambourg 130 1. en bonnes espèces d‘Angl<strong>et</strong>erre, même avec 5 1. <strong>de</strong> frais,<br />

je recevrais à Hambourg 125 1. ; comment aurais-je donc pu consentir à donner 130 1. pour<br />

une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> change qui ne m’aurait produit à Hambourg que 100 l., si mes liv. sterling<br />

eussent été <strong>de</strong> bonnes espèces ? C’est qu’elles étaient dégradées, c’est que leur valeur<br />

intrinsèque était <strong>de</strong>venue moindre que celle <strong>de</strong>s livres sterling <strong>de</strong> Hambourg, <strong>et</strong> qu’envoyées<br />

aux frais <strong>de</strong> 5 l., elles n’y valaient que 100 1. Personne ne nie qu’avec mes 130 1. en espèces<br />

métalliques je pusse avoir 125 1. à Hambourg ; mais avec <strong>de</strong>s livres sterling en papiermonnaie<br />

je ne pouvais obtenir que 100 1. : <strong>et</strong> l’on voudrait cependant nous faire croire que<br />

130 1. en papier valaient autant que 130 l. en argent ou en or !<br />

D’autres ont soutenu avec plus <strong>de</strong> raison que 130 l. en papier ne valaient point en eff<strong>et</strong><br />

130 1. en espèces métalliques ; mais ils préten<strong>de</strong>nt que c‘est le numéraire qui avait changé <strong>de</strong><br />

valeur <strong>et</strong> non le papier-monnaie ; ils veulent n’appliquer le mot dépréciation qu’à une baisse<br />

<strong>de</strong> valeur, <strong>et</strong> non à une différence comparative entre la valeur <strong>de</strong> la monnaie <strong>et</strong> la mesure type<br />

d‘après laquelle c<strong>et</strong>te valeur est réglée par les lois. Cent livres sterling d’argent anglais<br />

valaient autrefois <strong>et</strong> pouvaient ach<strong>et</strong>er 100 l. en argent <strong>de</strong> Hambourg ; <strong>et</strong> dans tout autre pays<br />

une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> change <strong>de</strong> 100 1. sur l’Angl<strong>et</strong>erre ou sur Hambourg, pouvait pareillement ach<strong>et</strong>er<br />

précisément la même quantité <strong>de</strong> marchandises. C<strong>et</strong>te même quantité <strong>de</strong> marchandises, je<br />

ne pouvais, dans les <strong>de</strong>rniers temps, l’ach<strong>et</strong>er que moyennant 130 1. d’argent anglais, tandis<br />

que Hambourg l’obtenait pour 100 1. en argent <strong>de</strong> Hambourg. Si donc l’argent anglais avait<br />

eu la même valeur qu’auparavant, il faudrait que l’argent <strong>de</strong> Hambourg eût haussé <strong>de</strong> valeur ;<br />

<strong>et</strong> quelle preuve en donne-t-on ? Comment déterminer si c’est l’argent anglais qui avait<br />

baissé, ou l’argent <strong>de</strong> Hambourg haussé ? Il n’y a point <strong>de</strong> mesure commune pour déci<strong>de</strong>r la<br />

question. C’est une assertion qui n’est point susceptible <strong>de</strong> preuves ; on ne peut ni l‘adm<strong>et</strong>tre<br />

ni la combattre d‘une manière positive. Tous les peuples <strong>de</strong> l’univers ont dû s’apercevoir <strong>de</strong><br />

bonne heure qu’il n’existait point <strong>de</strong> mesure fixe dans la nature à laquelle on pût s’en<br />

rapporter sans crainte d‘erreur ; c’est pourquoi ils choisirent un agent <strong>de</strong> circulation, qui, sous<br />

bien <strong>de</strong>s rapports, leur parût moins variable que toutes les autres matières.

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