Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 144<br />
conserverait la même valeur. Si toutes les <strong>de</strong>nrées restaient au même prix, il recevrait la<br />
même rente en nature, mais moins d'argent. Dans l'un comme dans l'autre cas, quoique son<br />
revenu ne fût point imposé directement , il contribuerait pourtant d’une manière indirecte au<br />
paiement <strong>de</strong> la contribution.<br />
Mais supposons que les profits du fermier soient également imposés. Dans ce cas, il se<br />
trouvera dans la même position que les autres commerçants ; ses produits agricoles hausseront,<br />
<strong>et</strong> il aura le même revenu en argent après avoir payé l’impôt ; mais il paiera plus cher<br />
toutes les marchandises <strong>de</strong> sa consommation, y compris les produits du sol.<br />
Son propriétaire, cependant, se trouvera dans une position différente. L’impôt mis sur les<br />
profits <strong>de</strong> son fermier lui sera profitable ; car il se trouvera in<strong>de</strong>mnisé du prix plus élevé qu’il<br />
sera obligé <strong>de</strong> donner pour les marchandises manufacturées dont il a besoin, dans le cas où<br />
elles hausseraient <strong>de</strong> prix ; <strong>et</strong> il jouira du même revenu en argent quand, par l’eff<strong>et</strong> d’une<br />
hausse dans la valeur <strong>de</strong> la monnaie, les <strong>de</strong>nrées reviendront à leur ancien prix. Un impôt sur<br />
les profits du fermier n’est pas une contribution proportionnée au produit brut <strong>de</strong> la terre ; il<br />
est assis sur son produit n<strong>et</strong>, la rente, les salaires <strong>et</strong> les autres charges étant acquittés. Comme<br />
les cultivateurs <strong>de</strong>s différentes espèces <strong>de</strong> terres, n° 1, n° 2 <strong>et</strong> n° 3, emploient précisément <strong>de</strong>s<br />
capitaux pareils, ils auront exactement les mêmes profits, quelle que soit la quantité <strong>de</strong><br />
produit brut que l’on puisse obtenir <strong>de</strong> plus que les autres ; <strong>et</strong> par conséquent ils seront tous<br />
imposés sur le même pied.<br />
Supposons que le produit brut <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> la qualité n° 1 soit <strong>de</strong> cent quatre-vingts<br />
quarters, celui du n° 2 <strong>de</strong> cent soixante-dix quarters <strong>et</strong> celui du n° 3 <strong>de</strong> cent soixante. Si<br />
chacune est imposée à dix quarters, la différence entre le produit du n° 1, du n° 2 <strong>et</strong> du n° 3,<br />
l’impôt acquitté, restera la même qu’auparavant ; car si le n° 1 est réduit à cent soixante-dix,<br />
le n° 2 à cent soixante <strong>et</strong> le n° 3 à cent cinquante quarters, la différence entre le n° 3 <strong>et</strong> le n° 1<br />
sera, comme auparavant, <strong>de</strong> vingt quarters, <strong>et</strong> celle entre le n° 3 <strong>et</strong> le n° 2, <strong>de</strong> dix quarters. Si,<br />
malgré cela, le prix du blé <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes les autres <strong>de</strong>nrées restait le même qu’auparavant, les<br />
rentes en nature ou en argent n’éprouveraient aucune variation ; mais si le prix du blé <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
toutes les autres <strong>de</strong>nrées haussait par suite <strong>de</strong> l’impôt, les rentes en argent hausseraient alors<br />
dans la même proportion. Si le blé vaut 4 1. st. le quarter, la rente du n° 1 sera <strong>de</strong> 80 l., <strong>et</strong><br />
celle du n° 2 <strong>de</strong> 40 1. ; mais si le blé haussait <strong>de</strong> 10 pour cent, c’est-à-dire, s’il montait a 4 1.<br />
8 sch., la rente s’élèverait <strong>de</strong> même <strong>de</strong> 10 pour cent ; car vingt quarters <strong>de</strong> blé vaudraient<br />
alors 88 l., <strong>et</strong> dix en vaudraient 44 1. Un pareil impôt ne peut donc, dans aucun cas, affecter<br />
le propriétaire.<br />
Un impôt sur les profits du capital n'a jamais d’eff<strong>et</strong> sur la rente en nature ; mais la rente<br />
en argent varie selon le prix du blé. Au contraire, un impôt sur les produits immédiats <strong>de</strong> la<br />
terre, ou une dîme, affecte toujours les rentes en nature, <strong>et</strong> laisse en général les rentes en<br />
argent dans le même état. Dans une autre partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage, j’ai dit que si un impôt<br />
territorial d'une valeur égale en argent était mis sur toutes sortes <strong>de</strong> terres en culture, sans<br />
égard pour leurs différents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fertilité, c<strong>et</strong>te contribution serait très-inégale dans son<br />
opération, car ce serait un profit pour le propriétaire <strong>de</strong>s terres les plus fertiles. Un tel impôt<br />
ferait hausser le prix du blé à proportion <strong>de</strong> la charge supportée par le fermier du plus mau-