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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 92<br />

Les profits, on ne saurait trop le répéter, dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s salaires, non <strong>de</strong>s salaires en valeur<br />

nominale, mais <strong>de</strong>s salaires réels. Ce n’est pas le nombre <strong>de</strong> livres sterling que l’on paie<br />

annuellement à l’ouvrier, mais le travail du nombre <strong>de</strong> jours nécessaires pour acquérir c<strong>et</strong><br />

argent, qu’il faut considérer. Les salaires peuvent donc être sur le même pied dans <strong>de</strong>ux pays<br />

<strong>et</strong> être dans les mêmes rapports avec la rente <strong>et</strong> avec le produit total <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> terre,<br />

quoique le travailleur reçoive dans l’un <strong>de</strong> ces pays 10 schellings, <strong>et</strong> dans l’autre 12 schellings<br />

par semaine. Dans l’enfance <strong>de</strong>s sociétés, quand l’industrie <strong>et</strong> les manufactures sont<br />

encore peu avancées, les produits <strong>de</strong> tous les pays sont à peu près semblables, <strong>et</strong> se composent<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées volumineuses <strong>et</strong> d’utilité première. La valeur <strong>de</strong> l’argent dans chacun <strong>de</strong> ces<br />

pays tiendra principalement à la distance à laquelle il pourra se trouver <strong>de</strong>s mines d‘où l’on<br />

tire les métaux précieux ; mais à mesure que les arts font <strong>de</strong>s progrès, que les améliorations<br />

s’introduisent dans la société, <strong>et</strong> que certaines nations excellent dans <strong>de</strong>s branches particulières<br />

d’industrie, quoique la proximité ou l’éloignement <strong>de</strong>s mines influe sur la valeur <strong>de</strong>s<br />

métaux précieux, c’est néanmoins la supériorité industrielle qui règle principalement c<strong>et</strong>te<br />

valeur.<br />

Supposons que tous les pays produisent du blé, <strong>de</strong>s bestiaux <strong>et</strong> du drap grossier, <strong>et</strong> que ce<br />

soit par l’exportation <strong>de</strong> ces obj<strong>et</strong>s qu’ils obtiennent, en r<strong>et</strong>our, <strong>de</strong> l’or <strong>de</strong>s pays qui le<br />

produisent, ou <strong>de</strong>s pays qui en sont les maîtres. Dans ce cas, l’or vaudra plus en Pologne<br />

qu’en Angl<strong>et</strong>erre, en raison <strong>de</strong>s frais plus considérables que la Pologne aura à supporter pour<br />

transporter un article aussi volumineux que le blé dans un voyage plus long, <strong>et</strong> en raison<br />

aussi <strong>de</strong>s frais plus considérables qu’il faudra supporter pour porter <strong>de</strong> l’or en Pologne.<br />

C<strong>et</strong>te différence dans la valeur <strong>de</strong> l’or, ou, ce qui revient au même, c<strong>et</strong>te différence <strong>de</strong>s<br />

prix du blé dans les <strong>de</strong>ux pays, subsisterait alors même qu’il serait beaucoup plus aisé <strong>de</strong><br />

cultiver le blé en Angl<strong>et</strong>erre qu’en Pologne, soit en raison <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> fertilité du sol,<br />

soit par l’intelligence plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ouvrier, ou la supériorité <strong>de</strong> ses instruments.<br />

Si cependant la Pologne était la première à perfectionner ses manufactures ; si elle parvenait<br />

à fabriquer un article d‘un usage général <strong>et</strong> qui eût une gran<strong>de</strong> valeur sous peu <strong>de</strong><br />

volume, ou si la nature lui avait accordé la possession exclusive, <strong>de</strong> quelque production<br />

naturelle d’une utilité générale, <strong>et</strong> qu’aucun autre pays ne possédât la Pologne obtiendrait en<br />

échange, pour c<strong>et</strong>te marchandise, une quantité plus forte en or, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te quantité additionnelle<br />

affecterait le prix <strong>de</strong> son blé, <strong>de</strong> ses bestiaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses draps grossiers. Le désavantage <strong>de</strong>s<br />

distances serait plus que compensé par l’avantage <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un produit exportable d‘une si<br />

gran<strong>de</strong> valeur ; <strong>et</strong> l’or aurait constamment moins <strong>de</strong> valeur en Pologne qu’en Angl<strong>et</strong>erre. Si ,<br />

au contraire, l’avantage <strong>de</strong> l’habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>de</strong>s machines appartenait à l’Angl<strong>et</strong>erre, ce serait<br />

encore une raison <strong>de</strong> plus pour que l’or y eût moins <strong>de</strong> valeur qu’en Pologne, <strong>et</strong> pour que le<br />

blé, les bestiaux <strong>et</strong> le drap fussent plus chers en Angl<strong>et</strong>erre.<br />

Voilà, je crois, les <strong>de</strong>ux seules causes qui déterminent la valeur comparative <strong>de</strong> l’argent<br />

dans les différents pays du mon<strong>de</strong> ; car, quoique les impôts dérangent l’équilibre du numéraire,<br />

ils ne produisent c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> qu’en privant le pays qui les supporte d'une partie <strong>de</strong>s<br />

avantages attachés à l’habil<strong>et</strong>é, à la <strong>de</strong>xtérité <strong>et</strong> au climat.

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