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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 157<br />

cas, chacun d’eux pourrait consommer autant <strong>de</strong> marchandises <strong>de</strong>s autres marchands que par<br />

le passé, <strong>et</strong> par conséquent ils ne contribueraient en rien à l’impôt. Si le fabricant <strong>de</strong> draps<br />

payait ses chapeaux <strong>et</strong> ses souliers plus cher, il vendrait aussi son drap a plus haut prix. Ces<br />

fabricants achèteraient tous les ouvrages manufacturés avec autant d’avantage qu’auparavant,<br />

<strong>et</strong> tant que le blé conserverait le même prix, - ce qu’adm<strong>et</strong> le docteur Smith, - <strong>et</strong> qu’ils auront<br />

un surcroît <strong>de</strong> monnaie pour l’ach<strong>et</strong>er, ils gagneraient, au lieu <strong>de</strong> perdre, a un tel impôt.<br />

Si donc, ni les cultivateurs ni les manufacturiers ne contribuent à un tel impôt, <strong>et</strong> si les<br />

fermiers s’en dédommagent par la baisse <strong>de</strong> la rente, il n’y aura que les propriétaires fonciers<br />

qui en supporteront tout le far<strong>de</strong>au, <strong>et</strong> ils <strong>de</strong>vront encore fournir au surhaussement <strong>de</strong>s profits<br />

du manufacturier. Mais pour effectuer cela, il faut qu’ils consomment tous les ouvrages<br />

manufacturés du pays ; car le surcroît <strong>de</strong> prix réparti sur toute la masse, est à peine supérieur<br />

à la valeur <strong>de</strong> l’impôt levé dans l’origine sur les ouvriers <strong>de</strong>s manufactures.<br />

Or personne ne niera que le fabricant <strong>de</strong> draps, le chapelier <strong>et</strong> les autres manufacturiers ne<br />

soient tous consommateurs respectifs <strong>de</strong> leurs marchandises ; tout le mon<strong>de</strong> conviendra que<br />

tout ouvrier consomme du savon, du drap, <strong>de</strong>s souliers, <strong>de</strong> la chan<strong>de</strong>lle <strong>et</strong> plusieurs autres<br />

<strong>de</strong>nrées : il est donc impossible que tout le far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> ces sortes d’impôts tombe uniquement<br />

sur les propriétaires.<br />

Mais si les ouvriers ne paient aucune part <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong>, <strong>et</strong> que cependant le prix <strong>de</strong>s ouvrages<br />

manufacturés hausse, les salaires doivent hausser, non-seulement pour les in<strong>de</strong>mniser <strong>de</strong><br />

l’impôt, mais encore à cause du renchérissement <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s manufacturés <strong>de</strong> première<br />

nécessité ; <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te hausse, en tant qu’elle affecte les travaux <strong>de</strong> l’agriculture, <strong>de</strong>viendra une<br />

nouvelle cause <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la rente, tandis qu’elle occasionnera une nouvelle hausse <strong>de</strong><br />

prix <strong>de</strong>s marchandises manufacturées. Ce surhaussement du prix <strong>de</strong>s marchandises agira à<br />

son tour sur les salaires. L’action <strong>et</strong> la réaction, d’abord <strong>de</strong>s salaires sur les marchandises, <strong>et</strong><br />

ensuite <strong>de</strong>s marchandises sur les salaires, s’étendra sans qu’on puisse lui assigner <strong>de</strong>s limites.<br />

Les arguments sur lesquels repose c<strong>et</strong>te théorie mènent à <strong>de</strong>s conclusions si absur<strong>de</strong>s, qu’il<br />

est aisé <strong>de</strong> voir du premier coup d’œil que le principe posé est tout à fait insoutenable.<br />

Toutes les variations qu’éprouvent les profits du capital <strong>et</strong> les salaires du travail, par la<br />

hausse <strong>de</strong>s rentes <strong>et</strong> par celle <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> première nécessité, dans le progrès naturel <strong>de</strong> la<br />

société, <strong>et</strong> la difficulté croissante <strong>de</strong> la production, seront également occasionnées par l’accroissement<br />

<strong>de</strong> salaires que cause un impôt ; <strong>et</strong> par conséquent les jouissances <strong>de</strong> l'ouvrier,<br />

aussi bien que celles <strong>de</strong> ceux qui l’emploient, seront diminuées par l’eff<strong>et</strong>, non-seulement <strong>de</strong><br />

l’impôt en question, mais <strong>de</strong> tout autre moyen servant à prélever la même somme.<br />

L’erreur d‘Adam Smith vient d‘abord <strong>de</strong> ce qu’il suppose que tout impôt payé par le<br />

fermier doit nécessairement r<strong>et</strong>omber sur le propriétaire, sous la forme d‘une réduction <strong>de</strong><br />

rente. Quant à c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>, je me suis déjà expliqué dans le plus grand détail, <strong>et</strong> je me flatte<br />

d’avoir démontré, à la satisfaction du lecteur, que puisqu’un capital considérable est employé<br />

sur les terres qui ne paient pas <strong>de</strong> rente, <strong>et</strong> puisque c’est le résultat obtenu au moyen <strong>de</strong> ce<br />

capital qui règle le prix <strong>de</strong>s produits agricoles, il ne saurait être fait <strong>de</strong> déduction dans les rentes.<br />

Par conséquent, ou il ne sera point accordé <strong>de</strong> compensation au fermier pour l’in<strong>de</strong>mniser

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