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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 111<br />

L'eff<strong>et</strong> d'un impôt sur les produits naturels serait probablement <strong>de</strong> faire hausser <strong>de</strong> prix<br />

toutes les marchandises dans la composition <strong>de</strong>squelles ces matières entrent, mais dans une<br />

proportion bien moindre que la valeur <strong>de</strong> <strong>l'impôt</strong> ; tandis que les autres marchandises dont les<br />

produits immédiats <strong>de</strong> l'agriculture ne font point partie, tels que les obj<strong>et</strong>s fabriqués avec <strong>de</strong>s<br />

métaux ou avec <strong>de</strong>s minéraux, baisseraient <strong>de</strong> prix, <strong>et</strong> par ce moyen la même quantité <strong>de</strong><br />

monnaie suffirait aux besoins <strong>de</strong> la circulation.<br />

Un impôt qui ferait hausser le prix <strong>de</strong> tous les produits nationaux, ne découragerait l'exportation<br />

que pendant un espace <strong>de</strong> temps assez court. Si, par l'eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong> impôt, ils renchérissaient<br />

dans le pays, on ne pourrait à la vérité les exporter dans le moment même avec<br />

profits, parce que les produits nationaux se trouveraient grevés d'un impôt dont ils seraient<br />

exempts dans l'étranger. C<strong>et</strong> impôt aurait le même eff<strong>et</strong> qu'une altération dans la valeur <strong>de</strong>s<br />

monnaies qui ne serait point commune à tous les pays, mais bornée à un seul. Si l'Angl<strong>et</strong>erre<br />

était ce pays, elle pourrait être dans l'impossibilité <strong>de</strong> vendre, mais elle pourrait toujours<br />

ach<strong>et</strong>er, parce que les obj<strong>et</strong>s d'importation n'auraient point haussé <strong>de</strong> prix. Dans le cas<br />

supposé, on ne pourrait exporter en échange <strong>de</strong>s marchandises étrangères, que du numéraire ;<br />

mais un tel commerce ne saurait durer longtemps : on ne peut épuiser le numéraire d'un<br />

pays ; car, après qu'une certaine quantité en est sortie, celle qui reste hausse <strong>de</strong> valeur, <strong>et</strong> il<br />

s'ensuit une telle baisse dans le prix <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées, qu'elles peuvent <strong>de</strong> nouveau être exportées<br />

avec profit. Aussitôt que le numéraire aura haussé <strong>de</strong> prix, on aura cessé <strong>de</strong> l'exporter en<br />

échange pour <strong>de</strong>s marchandises du <strong>de</strong>hors, <strong>et</strong> on exportera au contraire les mêmes marchandises<br />

qui avaient d'abord haussé <strong>de</strong> prix, par la hausse <strong>de</strong>s produits immédiats <strong>de</strong> l'agriculture<br />

qui entraient dans leur composition, <strong>et</strong> que l'exportation du numéraire avait ensuite fait<br />

baisser <strong>de</strong> nouveau.<br />

Mais l'on pourrait objecter que le numéraire augmentant ainsi <strong>de</strong> valeur, augmenterait<br />

également par rapport aux marchandises nationales <strong>et</strong> étrangères, <strong>et</strong> que par conséquent il n'y<br />

aurait plus rien qui pût engager à importer <strong>de</strong>s marchandises du <strong>de</strong>hors. Supposons, par<br />

exemple, que les marchandises importées coûtent à l’étranger 100 1., <strong>et</strong> qu’elles rapportent<br />

dans le pays 120 1. : l’importation cessera aussitôt que, par l’augmentation <strong>de</strong> la valeur du<br />

numéraire, elles ne rapporteront plus que 100 l., ce qui cependant ne peut jamais arriver. Ce<br />

qui nous engage à faire venir une marchandise <strong>de</strong> l’étranger, c’est <strong>de</strong> savoir qu’elle s’y vend<br />

à meilleur marché, c’est la comparaison <strong>de</strong> son prix naturel au <strong>de</strong>hors avec son prix naturel<br />

dans le pays. Si un pays exporte <strong>de</strong>s chapeaux, <strong>et</strong> importe du drap, il n’agit ainsi que parce<br />

valeur générale. Quand la récolte est mauvaise, <strong>et</strong> que le prix du blé vient à doubler, on le paie le double en<br />

écus, quoique le nombre <strong>de</strong>s écus soit <strong>de</strong>meuré le même dans le pays ; <strong>de</strong> même qu’on le paie d’une double<br />

quantité <strong>de</strong> sucre, <strong>de</strong> toile, <strong>de</strong> savon, <strong>de</strong> toute autre marchandise. C'est-à-dire que si le blé vaut 6 1. st. le<br />

quarter, le fabricant <strong>de</strong> drap, par exemple, est obligé <strong>de</strong> vendre quatre aunes <strong>de</strong> son drap, qui vaut 30 sch.,<br />

pour obtenir l’argent qui achètera un quarter <strong>de</strong> blé, tandis qu’il ne serait obligé d’en donner que <strong>de</strong>ux aunes<br />

pour le même quarter, si le quarter était à 3 liv. st. On ne peut pas dire qu’il faut que la quantité <strong>de</strong> drap ait<br />

doublé dans le pays, pour qu’on en donne ainsi le double en échange d‘une mesure <strong>de</strong> blé. De même il n'est<br />

pas nécessaire que le numéraire augmente en quantité, pour qu'une <strong>de</strong>nrée se ven<strong>de</strong> plus cher.<br />

Il y a une cherté propre, une cherté réelle indépendamment <strong>de</strong> la valeur relative <strong>de</strong>s choses, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />

cherté propre est en raison <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> production. (Voyez le Traité d'Économie <strong>politique</strong>, liv. II, chap. 4.)<br />

- J.-B. SAY.

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