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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 158<br />

<strong>de</strong> l‘impôt sur les salaires ; ou, s’il en obtient une, ce ne sera qu'au moyen d‘un renchérissement<br />

<strong>de</strong>s produits agricoles.<br />

Si l’impôt est trop onéreux pour le fermier, il pourra élever le prix <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>nrées premières,<br />

afin <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> niveau avec les autres commerçants : mais un impôt sur les<br />

salaires, qui ne pèserait pas plus sur son commerce que sur celui <strong>de</strong>s autres, ne pourrait ni<br />

être rej<strong>et</strong>é sur ceux-ci, ni compensé par la hausse <strong>de</strong>s produits agricoles ; car le même motif<br />

qui pourrait l’engager à élever le prix du blé, c’est-à-dire, le désir <strong>de</strong> se rembourser <strong>de</strong><br />

l’impôt, déci<strong>de</strong>rait le fabricant <strong>de</strong> draps à élever le prix <strong>de</strong> ses étoffes, <strong>et</strong> le cordonnier, le<br />

chapelier <strong>et</strong> le tapissier, à augmenter le prix <strong>de</strong> la chaussure, <strong>de</strong>s chapeaux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s meubles.<br />

S’ils peuvent tous augmenter le prix <strong>de</strong> leurs marchandises <strong>de</strong> manière à se rembourser<br />

avec profit <strong>de</strong> l’impôt, puisqu’ils sont tous consommateurs, chacun <strong>de</strong>s marchandises <strong>de</strong>s<br />

autres, il est évi<strong>de</strong>nt que l’impôt ne serait jamais payé ; car si tout le mon<strong>de</strong> en trouve la<br />

compensation, où seraient les contribuables ?<br />

J’espère donc avoir réussi à prouver que tout impôt qui peut occasionner une hausse <strong>de</strong>s<br />

salaires, sera payé moyennant une diminution <strong>de</strong>s profits, <strong>et</strong> par conséquent qu’un impôt sur<br />

les salaires n’est réellement qu’un impôt sur les profits.<br />

Ce principe fondamental du partage du produit du travail <strong>et</strong> du capital, entre les salaires <strong>et</strong><br />

les profits, que je me suis efforcé d’établir, me paraît si certain, qu’à l’exception <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong><br />

immédiat, je suis disposé à croire qu’il importe peu lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux on impose, <strong>de</strong>s profits du<br />

capital ou <strong>de</strong>s salaires du travail. En imposant les profits du capital vous changerez probablement<br />

le taux d’accroissement progressif <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong>stinés à entr<strong>et</strong>enir les travailleurs, <strong>et</strong><br />

les salaires, en haussant trop, se trouveraient hors <strong>de</strong> proportion avec l’état <strong>de</strong> ce fonds En<br />

m<strong>et</strong>tant l’impôt sur les salaires, la récompense accordée à l’ouvrier étant trop faible, ne se<br />

trouverait pas non plus proportionnée à ce fonds. L’équilibre naturel entre les profits <strong>et</strong> les<br />

salaires se rétablirait, dans un cas, par la baisse, <strong>et</strong> dans l’autre, par la hausse <strong>de</strong>s salaires en<br />

monnaie.<br />

Un impôt sur les salaires ne pèse donc pas sur le propriétaire, mais il porte sur les profits<br />

du capital. Il "n’autorise ni n’oblige le maître manufacturier à le reporter avec un profit sur le<br />

prix <strong>de</strong> ses marchandises ;" car il ne pourra pas en augmenter le prix, <strong>et</strong> il doit par conséquent<br />

supporter en entier, <strong>et</strong> sans compensation, tout le far<strong>de</strong>au d‘un tel impôt 1 .<br />

Si l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>s impôts sur les salaires est tel que je viens <strong>de</strong> le décrire, ces impôts ne méritent<br />

point la censure dont le docteur Smith les a frappés. Voici ce qu’il dit au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> tels<br />

impôts : "On dit que ces impôts <strong>et</strong> quelques autres du même genre, en faisant monter le prix<br />

du travail, ont ruiné la plupart <strong>de</strong>s manufactures <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>. <strong>Des</strong> impôts semblables, quoi-<br />

1 M. Say paraît être imbu <strong>de</strong> l’opinion générale sur ce point. En parlant du blé, il dit : "De là il résulte encore<br />

que son prix influe sur celui <strong>de</strong> tous les autres produits. Un chef d’entreprise, fermier, manufacturier, ou<br />

négociant, emploie un certain nombre d’ouvriers, qui tous ont besoin <strong>de</strong> consommer une certaine quantité <strong>de</strong><br />

blé. Si le prix du blé augmente, il est obligé d’augmenter dans la même proportion le prix <strong>de</strong> ses produits."<br />

Liv. I, chap. XVII. (Note <strong>de</strong> l’Auteur.)

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