Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 138<br />
"On peut supposer, dit Adam Smith, le loyer d'une maison divisé, en <strong>de</strong>ux<br />
parties, dont l'une constitue proprement le loyer du bâtiment ; l'autre s'appelle communément<br />
le loyer du sol ou rente du fonds <strong>de</strong> terre.<br />
"Le loyer du bâtiment est l'intérêt ou profit du capital dépensé à construire la<br />
maison. Pour m<strong>et</strong>tre le commerce d'un entrepreneur au niveau <strong>de</strong> tous les autres<br />
commerces, il est nécessaire que ce loyer soit suffisant, premièrement, pour lui<br />
rapporter le même intérêt qu'il aurait r<strong>et</strong>iré <strong>de</strong> son capital en le prêtant sur <strong>de</strong> bonnes<br />
sûr<strong>et</strong>és ; <strong>et</strong>, <strong>de</strong>uxièmement, pour tenir constamment la maison en bon état <strong>de</strong><br />
réparation, ou, ce qui revient au même, pour remplacer dans un certain espace<br />
d'années le capital qui a été employé à la bâtir. S'il arrivait que le commerce d'un<br />
entrepreneur <strong>de</strong> maisons rapportât un profit beaucoup plus grand que celui-ci, à<br />
proportion <strong>de</strong> l’intérêt courant <strong>de</strong> l’argent, ce commerce enlèverait bientôt tant <strong>de</strong><br />
capital aux autres branches <strong>de</strong> commerce, qu’il ramènerait ce profit à son juste<br />
niveau. S’il venait, au contraire, à rendre beaucoup moins, les autres commerces lui<br />
enlèveraient bientôt tant <strong>de</strong> capital, que le profit remonterait encore au niveau <strong>de</strong>s<br />
autres.<br />
"Tout ce qui excè<strong>de</strong>, dans le loyer total d'une maison, ce qui est suffisant pour<br />
rapporter ce profit raisonnable, va naturellement au loyer du sol, <strong>et</strong> quand le<br />
propriétaire du sol <strong>et</strong> le propriétaire du bâtiment sont <strong>de</strong>ux personnes différentes,<br />
c’est au premier, le plus souvent, que se paie la totalité <strong>de</strong> c<strong>et</strong> excédant. C<strong>et</strong>te augmentation<br />
<strong>de</strong> loyer est le prix que donne le locataire <strong>de</strong> la maison, pour quelque<br />
avantage <strong>de</strong> situation réel ou réputé tel. Dans les maisons <strong>de</strong>s champs, situées à une<br />
certaine distance <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes, <strong>et</strong> où il y a abondance <strong>de</strong> terrain à choix pour<br />
construire, le loyer du sol n’est presque rien, ou n’est pas plus que ce que rendrait le<br />
fonds sur lequel est la maison, s’il était mis en culture. Dans les maisons <strong>de</strong><br />
campagne voisines <strong>de</strong> quelque gran<strong>de</strong> ville, ce loyer du sol est quelquefois beaucoup<br />
plus haut, <strong>et</strong> on paie souvent assez cher la beauté ou la commodité <strong>de</strong> la situation.<br />
Les loyers du sol sont en général le plus haut possible dans la capitale, <strong>et</strong> surtout<br />
dans ces quartiers recherchés où il se trouve y avoir la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
maisons, quelles que puissent être les causes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, soit raison <strong>de</strong><br />
commerce <strong>et</strong> d‘affaires, soit raison d‘agrément <strong>et</strong> <strong>de</strong> société, ou simplement affaire<br />
<strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> vanité."<br />
Un impôt sur le loyer <strong>de</strong>s maisons peut tomber sur le locataire, sur le propriétaire du<br />
terrain ou sur le propriétaire du bâtiment. Dans les cas ordinaires, il est à présumer que c’est<br />
le locataire qui paiera l’impôt en <strong>de</strong>rnier résultat, comme il le paie immédiatement.<br />
Si l’impôt est modique, <strong>et</strong> si le pays se trouve dans un état stationnaire ou progressif, il n’y<br />
aurait pas <strong>de</strong> motif qui pût déterminer le locataire d’une maison à se contenter d'une autre qui<br />
serait moins commo<strong>de</strong> ou agréable. Mais si l’impôt est élevé, ou que d’autres circonstances<br />
diminuent la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> maisons, le revenu du propriétaire en souffrira ; car le locataire se<br />
dédommagera en partie <strong>de</strong> l’impôt par la diminution <strong>de</strong> son loyer. Il est pourtant difficile <strong>de</strong><br />
savoir dans quelle proportion la partie <strong>de</strong> l’impôt que le locataire a épargnée par la diminution<br />
<strong>de</strong> son loyer, portera sur le loyer du bâtiment <strong>et</strong> sur le loyer du sol. Il est probable que,<br />
dans le premier cas, elle porterait sur l’un comme sur l’autre ; mais comme <strong>de</strong>s maisons sont<br />
<strong>de</strong>s choses périssables, quoiqu’elles ne se détériorent que lentement, <strong>et</strong> comme on n’en<br />
bâtirait plus jusqu’à ce que le profit <strong>de</strong> l’entrepreneur <strong>de</strong> bâtiments fût <strong>de</strong> niveau avec le<br />
profit <strong>de</strong>s autres commerces, le loyer <strong>de</strong>s bâtiments reviendrait, après un certain intervalle <strong>de</strong><br />
temps, à son prix naturel. L’entrepreneur <strong>de</strong> bâtiments ne recevant <strong>de</strong> loyers que tant que la