Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary
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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 75<br />
Mais le taux <strong>de</strong>s profits doit baisser encore davantage ; car le capital du fermier, comme<br />
nous l’avons dit, se compose principalement <strong>de</strong> matières brutes, telles que ses meules <strong>de</strong> blé<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> foin, son blé <strong>et</strong> son orge en gerbes, ses chevaux <strong>et</strong> ses vaches, qui doivent tous hausser<br />
<strong>de</strong> prix par le renchérissement <strong>de</strong>s produits. Son produit absolu tombera <strong>de</strong> 480 1. à 445 1. 15<br />
s. Mais si, d‘après les causes que je viens d‘exposer, son capital augmentait <strong>de</strong> 3,000 1. à<br />
3,200 1., le taux <strong>de</strong> ses profits, le blé étant à 5 1. 2 s. 10 d., serait au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 14 pour cent.<br />
Si un manufacturier employait <strong>de</strong> même 3,000 1. sur sa fabrique, il serait forcé, par la<br />
hausse <strong>de</strong>s salaires, d’augmenter son capital pour pouvoir être à même <strong>de</strong> continuer son<br />
commerce. Si sa marchandise se vendait auparavant 720 1., elle continuerait à rapporter le<br />
même prix ; mais les salaires du travail, qui montaient d’abord à 240 l., hausseront, quand le<br />
blé sera à 5 1. 2 s. 10 d., à 274 1. 5 s. Dans le premier cas, il aurait un profit <strong>de</strong> 480 1. sur<br />
3,000 1. ; dans le second, ce bénéfice ne monterait qu’à 445 1. 15 s. sur un capital augmenté,<br />
<strong>et</strong> par conséquent ses profits se rapprocheraient du changement survenu dans ceux du<br />
fermier.<br />
Il est peu <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées qui ne changent plus ou moins <strong>de</strong> prix par la hausse <strong>de</strong>s matières<br />
premières, parce qu’il entre dans la composition <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s marchandises une certaine<br />
portion <strong>de</strong>s produits bruts du sol. Les étoffes <strong>de</strong> coton, les toiles <strong>et</strong> les draps, haussent tous <strong>de</strong><br />
prix par la cherté du blé ; mais ils renchérissent en raison <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> travail<br />
employé à la production <strong>de</strong>s matières premières dont ils sont fabriqués, <strong>et</strong> non en raison <strong>de</strong> ce<br />
que le manufacturier a payé plus cher les ouvriers employés à la fabrication <strong>de</strong> ces étoffes.<br />
Les marchandises haussent toujours parce qu’il faut plus <strong>de</strong> travail pour leur production, <strong>et</strong><br />
jamais en raison <strong>de</strong> la cherté du travail qu’elles exigent. Les ouvrages <strong>de</strong> bijouterie, <strong>de</strong> fer,<br />
d‘argenterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> cuivre, n’éprouveront pas <strong>de</strong> hausse, attendu qu’il n’entre dans leur<br />
composition aucun produit brut provenant <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> la terre.<br />
On dira peut-être que j’ai posé en principe que les salaires en argent doivent hausser par la<br />
cherté <strong>de</strong>s produits bruts du sol, sans qu’il y ait là une conséquence nécessaire ; car l’ouvrier<br />
peut se contenter d’une moindre aisance. Il faut convenir que les salaires peuvent arriver<br />
d‘abord à un taux élevé, pour subir ensuite quelque diminution. Dans ce cas, il n’y aura pas<br />
réduction <strong>de</strong>s profits ; mais il est impossible <strong>de</strong> concevoir comment le prix en argent <strong>de</strong>s<br />
salaires pourrait baisser ou rester stationnaire pendant que celui <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> première<br />
nécessité hausserait graduellement. On peut donc regar<strong>de</strong>r comme une chose démontrée que<br />
dans les cas ordinaires il n’arrive point <strong>de</strong> hausse permanente dans le prix <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong><br />
première nécessité qui ne cause une hausse <strong>de</strong>s salaires, ou qui ne soit l’eff<strong>et</strong> d‘une hausse<br />
survenue auparavant.<br />
L’eff<strong>et</strong> qu’éprouveront les profits sera le même, ou à peu près, s’il y a une hausse<br />
quelconque dans les prix <strong>de</strong>s autres articles <strong>de</strong> première nécessité que l’ouvrier achète avec<br />
ses salaires, - les aliments exceptés. La nécessité où il se trouverait <strong>de</strong> les payer plus cher le<br />
forcerait à exiger une plus forte rémunération ; <strong>et</strong> tout ce qui augmente les salaires réduit les