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Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Unilibrary

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David Ricardo (1817), <strong>Des</strong> <strong>principes</strong> <strong>de</strong> l’économie <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impôt (trad. française, 1847) 132<br />

n'éprouvât aucun changement ; car, chacun n'ayant besoin que d'une quantité définie <strong>de</strong> blé, il<br />

continuerait à la consommer tant qu'il aurait les moyens <strong>de</strong> l'ach<strong>et</strong>er. Mais pour ce qui<br />

regar<strong>de</strong> le numéraire, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en est exactement en raison <strong>de</strong> sa valeur. Personne ne pourrait<br />

consommer le double du blé qui lui est ordinairement nécessaire pour sa nourriture ; mais<br />

tout le mon<strong>de</strong>, quoique n'ach<strong>et</strong>ant <strong>et</strong> ne vendant que la même quantité <strong>de</strong> marchandises, peut<br />

avoir besoin d'employer <strong>de</strong>ux, trois, ou un plus grand nombre <strong>de</strong> fois autant d'argent.<br />

L'argument dont je viens <strong>de</strong> me servir ne s'applique qu'aux pays dont la monnaie est<br />

métallique, <strong>et</strong> où il n'y a point <strong>de</strong> papier-monnaie. L'or, ainsi que toute autre marchandise, a<br />

une valeur courante qui se règle en définitive par le <strong>de</strong>gré comparatif <strong>de</strong> facilité ou <strong>de</strong> difficulté<br />

<strong>de</strong> la production ; <strong>et</strong> quoique, par sa nature durable <strong>et</strong> par la difficulté d'en diminuer la<br />

quantité, il ne soit pas très-suj<strong>et</strong> à éprouver <strong>de</strong>s variations dans son prix courant, c<strong>et</strong>te<br />

difficulté augmente encore beaucoup en raison <strong>de</strong> ce qu'il sert <strong>de</strong> monnaie. Si la quantité <strong>de</strong><br />

l'or, considéré uniquement comme marchandise, n'était, dans le marché, que <strong>de</strong> dix mille<br />

onces, <strong>et</strong> que la consommation <strong>de</strong> nos manufactures fût <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille onces par an, l'or pourrait<br />

hausser d'un quart ou <strong>de</strong> 25 pour % <strong>de</strong> sa valeur dans un an, si l'approvisionnement<br />

annuel venait a être r<strong>et</strong>iré ; mais si, en raison <strong>de</strong> ce qu'il sert <strong>de</strong> monnaie, sa quantité était <strong>de</strong><br />

cent mille onces, il faudrait dix ans pour que la valeur <strong>de</strong> l'or pût hausser d'un quart. Comme<br />

la monnaie <strong>de</strong> papier peut être très-facilement réduite en quantité, sa valeur, quoique réglée<br />

d'après celle <strong>de</strong> l'or, augmenterait aussi rapi<strong>de</strong>ment que le ferait celle <strong>de</strong> ce métal, s'il n'avait<br />

aucun rapport avec la monnaie.<br />

Si l'or n'était que le produit d'un seul pays, <strong>et</strong> si ce métal était partout employé comme<br />

monnaie, on pourrait m<strong>et</strong>tre sur l’or un impôt très-considérable qui frapperait tous les pays<br />

dans la proportion <strong>de</strong> l’or qu’on y emploierait dans la production. Quant à la portion qui en<br />

serait employée comme monnaie, quoiqu’on en r<strong>et</strong>irât un impôt considérable, personne<br />

cependant ne le paierait. C’est là une propriété particulière du numéraire. Toutes les autres<br />

marchandises dont il n’y a qu’une quantité bornée, <strong>et</strong> qui ne peut s’accroître par la concurrence,<br />

ont une valeur qui tient au goût, au caprice <strong>et</strong> à la fortune <strong>de</strong>s ach<strong>et</strong>eurs ; mais l’argent<br />

est une marchandise qu’aucun pays ne désire augmenter ; car il n’y a pas plus d’avantage à<br />

employer vingt millions que dix comme agent <strong>de</strong> la circulation. Un pays pourrait avoir un<br />

monopole <strong>de</strong> soie ou <strong>de</strong> vin, <strong>et</strong> cependant le prix <strong>de</strong> la soie <strong>et</strong> du vin pourrait baisser, en<br />

raison du caprice, <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> ou du goût, qui ferait préférer <strong>et</strong> remplacer ces articles par du<br />

drap <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau-<strong>de</strong>-vie. La même chose pourrait, jusqu’à un certain point, arriver par rapport<br />

à l’or, en tant qu’il serait employé dans les manufactures ; mais tant que l’or est l’agent<br />

général <strong>de</strong> la circulation ou <strong>de</strong>s échanges, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui s’en fait n’est jamais une affaire <strong>de</strong><br />

choix : elle est toujours l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> la nécessité. Vous êtes forcé <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong> l’or en échange<br />

<strong>de</strong> vos marchandises, <strong>et</strong> par conséquent on ne peut assigner <strong>de</strong>s bornes à la quantité que le<br />

commerce étranger peut vous forcer d’accepter, s’il baisse <strong>de</strong> valeur ; au contraire, si son prix<br />

hausse, il n’est point <strong>de</strong> réduction dans la quantité <strong>de</strong> ce métal à laquelle vous ne soyez forcé<br />

<strong>de</strong> vous soum<strong>et</strong>tre. Vous pouvez, à la vérité, remplacer le numéraire par un papier-monnaie ;<br />

mais ce moyen ne fera pas diminuer la quantité <strong>de</strong> la monnaie. Ce n’est que par la hausse du<br />

prix <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées qu’on peut empêcher qu’elles soient exportées d’un pays où l’on peut les<br />

ach<strong>et</strong>er pour peu d’argent, dans un autre où elles se ven<strong>de</strong>nt plus cher ; <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te hausse ne

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