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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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4.4 Au fondem<strong>en</strong>t de la sociologie, des associations<br />

Après avoir discuté des concepts de l’ethnologie des techniques, de la sociologie des usages<br />

et de l’ethnométhodologie, je prés<strong>en</strong>te, dans les pages suivantes, l’intérêt que la sociologie<br />

des associations porte pour mon travail. Elle se rapproche de l’ethnométhodologie <strong>en</strong> ce qui<br />

concerne la critique systématique de l’approche durkheimi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> sociologie. Il me semble,<br />

néanmoins, que la sociologie des associations propose des changem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>core plus<br />

audacieux pour le raisonnem<strong>en</strong>t sociologique que ceux suggérés par l’ethnométhodologie.<br />

Cela justifie <strong>en</strong> partie le fait que je serai plus long dans sa prés<strong>en</strong>tation : la compréh<strong>en</strong>sion de<br />

changem<strong>en</strong>ts plus importants demande un suivi de plus att<strong>en</strong>tif. Il me semble important de<br />

discuter <strong>en</strong> détail les différ<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>ts du courant théorique qui, finalem<strong>en</strong>t, a eu la plus<br />

grande influ<strong>en</strong>ce dans l’ori<strong>en</strong>tation de ma méthode de recherche – y compris pour marquer<br />

clairem<strong>en</strong>t les points de désaccord avec ma propre approche.<br />

4.4.1 <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> question de l’opposition <strong>en</strong>tre des sujets et des objets<br />

<strong>La</strong> sociologie des associations 80 est une approche sociologique particulière, formalisée <strong>en</strong><br />

France principalem<strong>en</strong>t au sein du C<strong>en</strong>tre de Sociologie de l’Innovation de l’Ecole de Mines de<br />

Paris, notamm<strong>en</strong>t par Bruno <strong>La</strong>tour, Michel Callon et Madeleine Akrich. Elle est née des<br />

résultats insatisfaisants issus de l’application de la méthode sociologique traditionnelle à<br />

l’étude de la production sci<strong>en</strong>tifique. Une série de controverses dans ce champ ont am<strong>en</strong>é<br />

quelques sociologues et philosophes à remettre <strong>en</strong> question certains aspects la méthode<br />

sociologique, et à élaborer progressivem<strong>en</strong>t cette nouvelle approche, tributaire du<br />

constructivisme.<br />

Dans les sci<strong>en</strong>ces sociales, le constructivisme se prés<strong>en</strong>te comme une alternative aux<br />

conceptions dualistes du monde. Ces dernières t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à décrire et à analyser la réalité<br />

sociale ou des processus sociaux au moy<strong>en</strong> de catégories duelles abstraites et rigides :<br />

individu versus société ; nature versus culture ; déterminisme versus liberté ; technique<br />

versus société (AKOUN & ANSART 1999, p.587). Ainsi, « les lectures constructivistes des<br />

phénomènes techniques se veul<strong>en</strong>t une alternative à la p<strong>en</strong>sée déterministe, paradigme fort<br />

répandu tant du côté des techno-optimistes que des techno-pessimistes. » (PROULX 2000)<br />

A l’opposé de la perception dualiste, <strong>La</strong>tour insiste sur le caractère illusoire de l’opposition<br />

<strong>en</strong>tre des sujets et des objets, des personnes et des choses : « Considérez des choses, vous<br />

aurez des humains. Considérez des humains, vous êtes par là même intéressé aux choses. »<br />

(LATOUR 2006b, p.45). Les réalités des uns et des autres serai<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t imbriquées qu’il<br />

80 Ce domaine de recherche est appelé différemm<strong>en</strong>t selon les auteurs et selon l’aspect des relations sociales qui est<br />

mis <strong>en</strong> avant. Deux autres expressions sont assez souv<strong>en</strong>t utilisées : théorie de l’acteur-réseau et théorie de la<br />

traduction. Aussi bi<strong>en</strong> une que l’autre me sembl<strong>en</strong>t soulever des confusions vis-à-vis des acceptions courantes des<br />

termes utilisés. Ainsi, je préfère la référ<strong>en</strong>ce directe aux associations, qui sont le cœur de l’étude dans le domaine <strong>en</strong><br />

question. J’utiliserai donc l’expression « sociologie des associations ».<br />

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