La thèse en version intégrale - Fondation FARM
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technologique indisp<strong>en</strong>sable pour combler son retard et l’autre, plus méfiante, qui s<strong>en</strong>t<br />
rev<strong>en</strong>ir, sous une forme plus pernicieuse, la domination culturelle du modèle occid<strong>en</strong>tal, ce<br />
débat ne peut être tranché que par une participation off<strong>en</strong>sive et positive au dialogue<br />
mondial, <strong>en</strong> tirant parti des possibilités offertes par ces technologies pour à la fois créer les<br />
courants d’échanges indisp<strong>en</strong>sables <strong>en</strong>tre nos pays, pour valoriser nos complém<strong>en</strong>tarités et<br />
marquer notre prés<strong>en</strong>ce dans le monde par la production de cont<strong>en</strong>us de qualité aptes à faire<br />
apprécier nos ressources et nos pot<strong>en</strong>tialités par l’extérieur » (SECK M. T., 1999 cité dans<br />
(CHENEAU-LOQUAY 1999, p.20-21). Seck souligne alors l’importance à la fois de l’ouverture et<br />
de l’implication directe et active des chercheurs africains dans la conception de modèles<br />
auth<strong>en</strong>tiquem<strong>en</strong>t africains d’application des TIC, <strong>en</strong> profonde cohér<strong>en</strong>ce avec les spécificités<br />
socioculturelles du contin<strong>en</strong>t.<br />
Dans son livre « Les pays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t face à la société de l’information » (KIYINDOU<br />
2009), Alain Kiyindou critique la notion occid<strong>en</strong>tale de société de l’information, soulevant <strong>en</strong><br />
particulier les incompatibilités d’un tel concept avec les réalités socioculturelles des PED,<br />
principalem<strong>en</strong>t celles de l’Afrique. Annie Chéneau-Loquay dit que la coopération au<br />
développem<strong>en</strong>t « s’inscrit dans les schémas des théories classiques de développem<strong>en</strong>t qui<br />
définiss<strong>en</strong>t les besoins des sociétés à développer <strong>en</strong> fonction du retard à rattraper <strong>en</strong><br />
référ<strong>en</strong>ce aux sociétés développées » (CHENEAU-LOQUAY 2005). Selon l’auteur, les <strong>en</strong>jeux<br />
fondam<strong>en</strong>taux d’une telle vision sont « économiques et politiques et basés sur le substrat<br />
culturel d’une hégémonie occid<strong>en</strong>tale ».<br />
Pour attirer l’att<strong>en</strong>tion sur l’incompatibilité culturelle des notions de société de l’information<br />
et de société de la connaissance dans le contexte africain, Kiyindou dit que la connaissance<br />
n’est pas directem<strong>en</strong>t recherchée <strong>en</strong> Afrique, qu’elle est plutôt souv<strong>en</strong>t implicite ou<br />
fonctionnelle : « En effet, si la connaissance est un objet recherché à tout prix dans la culture<br />
occid<strong>en</strong>tale, dans bi<strong>en</strong> d’autres cas, vouloir la connaissance à tout prix c’est aller à l’<strong>en</strong>contre<br />
des lois, c’est rompre le contrat social qui lie les uns avec les autres et la nature. » (KIYINDOU<br />
2009, p.37) <strong>La</strong> connaissance s’acquérait surtout avec l’expéri<strong>en</strong>ce, et donc avec l’âge. Elle se<br />
transmettrait de génération <strong>en</strong> génération et pourrait faire l’objet d’un don : « En d’autres<br />
termes, ce ne sont pas les hommes qui vont vers la connaissance, c’est la connaissance qui<br />
vi<strong>en</strong>t à eux. » (KIYINDOU 2009, p.37). Cette vision substantiellem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te de la<br />
connaissance dans les cultures africaines par rapport à la notion occid<strong>en</strong>tale illustre bi<strong>en</strong> la<br />
nécessité d’une adaptation de la société de la connaissance selon Kiyindou, laissant la place<br />
aux autres modes de vie et à la différ<strong>en</strong>ce (KIYINDOU 2009, p.140) : « sans cela, la société de<br />
l’information ne sera pas autre chose que dictature, tyrannie, recolonisation et donc objet de<br />
résistance. »<br />
<strong>La</strong> problématique du transfert <strong>en</strong> Afrique du modèle occid<strong>en</strong>tal de développem<strong>en</strong>t et<br />
d’application des TIC selon ce modèle est rappelé par Chéneau-Loquay : « l’analyse des<br />
processus d’insertion et des formes d’usages de ces technologies ne saurait se m<strong>en</strong>er selon<br />
une logique simple de transfert d’un modèle imposé par rapport auquel les Africains serai<strong>en</strong>t<br />
de simples récepteurs plus consommateurs qu’acteurs » (CHENEAU-LOQUAY 2004, p.12).<br />
Selon Castells, « des conditions spécifiques favoris<strong>en</strong>t l’innovation technologique […] [et] la<br />
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