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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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s’intègr<strong>en</strong>t aux différ<strong>en</strong>ts groupes sociaux sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t de fait les systèmes de<br />

communication aujourd’hui fonctionnels dans les villages africains » (NYAMBA 2005, p.81-82).<br />

En termes de possibilité / probabilité d’appropriation, il estime que « cela signifie aussi que<br />

l’adhésion massive des populations à des nouvelles formes de communication, via les NTIC, ne<br />

s’opère que s’il n’y a pas de m<strong>en</strong>ace immédiate sur les valeurs sociales construites<br />

historiquem<strong>en</strong>t et intégrées par les différ<strong>en</strong>tes générations et par les acteurs <strong>en</strong> première<br />

ligne dans les villages » (NYAMBA 2005, p.82).<br />

Nyamba dit que le contrôle social de l’information et de la communication reste très fort dans<br />

les villages burkinabè, sans pour autant empêcher le développem<strong>en</strong>t des nouvelles formes<br />

d’expression, <strong>en</strong> particulier à travers les TIC. Il se demande ce qui va se passer <strong>en</strong> termes<br />

d’<strong>en</strong>jeux sociétaux lorsque la prés<strong>en</strong>ce des outils de communication sera <strong>en</strong>core plus forte<br />

dans les villages. Même confirmant l’exist<strong>en</strong>ce dans ces villages d’un désir d’intégrer les<br />

nouvelles technologies, Nyamba dit que « le recours aux NTIC n’est pas le résultat de choix<br />

préalablem<strong>en</strong>t raisonnés, mais celui de viol<strong>en</strong>ces imposées, bon gré mal gré, aux<br />

populations » (NYAMBA 2005, p.82). Il n’est pas clair dans quel s<strong>en</strong>s le terme « viol<strong>en</strong>ce » est<br />

employé ici. Il ne me semble pas que le terme doive être compris comme imposition d’outils<br />

technologiques ou comme promotion d’usages motivées par des intérêts cachés,<br />

commerciaux ou autres, car finalem<strong>en</strong>t Nyamba dit que les outils <strong>en</strong> question répond<strong>en</strong>t aux<br />

besoins de la population : « Ces viol<strong>en</strong>ces sont d’autant plus fortes qu’elles répond<strong>en</strong>t<br />

effectivem<strong>en</strong>t à la satisfaction de nouveaux besoins de communication et d’information<br />

apparus dans les villages: il s’effectue prés<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t de nombreuses r<strong>en</strong>contres de<br />

populations, sans parler des mobilités de travail et des échanges qui s’y déroul<strong>en</strong>t. » (NYAMBA<br />

2005, p.82). De toute façon, l’auteur semble faire allusion à la fois aux changem<strong>en</strong>ts<br />

pot<strong>en</strong>tiels dans la structure sociale de ces populations avec l’utilisation des TIC et à la forte<br />

demande des populations pour des moy<strong>en</strong>s de répondre à de nouveaux besoins de<br />

communication. Allier ces deux points signifie soit attirer l’att<strong>en</strong>tion sur le fait que ces<br />

groupes ne sont pas consci<strong>en</strong>ts des « m<strong>en</strong>aces » pot<strong>en</strong>tielles sur leurs valeurs sociales, soit<br />

admettre qu’ils sont prêts à se détacher de quelques uns de leurs repères sociaux historiques<br />

pour bénéficier des outils technologiques.<br />

Si les facilités de communication introduites par l’usage des TIC peuv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter des<br />

avantages pratiques considérables, Nyamba souligne quelques inconvéni<strong>en</strong>ts de l’abandon<br />

des systèmes d’information et de communication de proximité. En dehors de la perte<br />

évid<strong>en</strong>te <strong>en</strong> termes de pouvoir de persuasion introduite par quelques moy<strong>en</strong>s de<br />

communication basés sur les TIC par le fait qu’ils limit<strong>en</strong>t la possibilité de recourir au signe, à<br />

la gestuelle et au symbole, Nyamba attire l’att<strong>en</strong>tion sur un fait beaucoup plus subtil : « dans<br />

les sociétés de tradition orale, on ne parle pas n’importe où et n’importe comm<strong>en</strong>t. Il y a des<br />

conditions de prise de parole, liées le plus souv<strong>en</strong>t aux id<strong>en</strong>tités des acteurs » (NYAMBA 2005,<br />

p.84) mais aussi aux circonstances sociales. « L’énonciation de la parole conduit les locuteurs<br />

à décliner leurs id<strong>en</strong>tités respectives, des id<strong>en</strong>tités construites au fil des générations par une<br />

organisation sociale unique <strong>en</strong> son g<strong>en</strong>re. » (NYAMBA 2005, p.84). L’auteur nous parle donc<br />

de l’importance sociale de cette façon de communiquer : « <strong>La</strong> déclinaison des id<strong>en</strong>tités<br />

rassure d’une certaine manière les locuteurs et crée les conditions d’une communication de<br />

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