La thèse en version intégrale - Fondation FARM
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utilitariste des usages du téléphone portable <strong>en</strong> Afrique. A propos du premier, il dit que<br />
« l’individu <strong>en</strong> Afrique [...] est <strong>en</strong>serré dans un tissu relationnel extrêmem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>se » (DO<br />
NASCIMENTO 2005, p.181) et que, dans ce contexte, « l’arrivée du téléphone portable ne<br />
pouvait que constituer une véritable opportunité » (DO NASCIMENTO 2005, p.181). Juste<br />
après avoir dit que le téléphone portable « abolit les distances physiques qu’il faut franchir<br />
pour communiquer » (DO NASCIMENTO 2005, p.181), l’auteur fait l’éloge de cette technologie<br />
avec une considération qui très probablem<strong>en</strong>t ne serait pas partagée par des sociologues plus<br />
minutieux sur les aspects socioculturels de la communication : « [le téléphone portable]<br />
affranchit ainsi de la contrainte kilométrique tout <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant l’int<strong>en</strong>sité du li<strong>en</strong> social,<br />
l’int<strong>en</strong>sité du réseau communicationnel. » (DO NASCIMENTO 2005, p.181). S’il est<br />
incontestable que l’usage du téléphone portable permet l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t de relations à distance,<br />
l’int<strong>en</strong>sité du li<strong>en</strong> social résultant est très différ<strong>en</strong>te de celle développée par la<br />
communication traditionnelle de proximité.<br />
Le deuxième vecteur sociologique de l’expansion du téléphone portable <strong>en</strong> Afrique cité par<br />
Do Nascim<strong>en</strong>to est le « rapport foncièrem<strong>en</strong>t utilitariste que les populations africaines<br />
<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à l’égard du téléphone portable et des NTIC <strong>en</strong> général » (DO NASCIMENTO<br />
2005, p.182). Selon l’auteur ce rapport utilitariste découle des caractéristiques du contexte<br />
africain, de la nécessité des individus à trouver de palliatifs et d’opportunités dans un<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t politique et économique de pénurie. Selon Do Nascim<strong>en</strong>to, dans ce contexte,<br />
« l’appropriation des NTIC répond à un besoin spécifique ; celui d’accéder à des ressources qui<br />
amplifi<strong>en</strong>t la marge de manœuvre des acteurs sociaux » (DO NASCIMENTO 2005, p.182) et<br />
conclut <strong>en</strong> associant les TIC à une option pragmatique dans ce contexte : « Ainsi, le téléphone<br />
portable <strong>en</strong> Afrique, comme toute les NTIC <strong>en</strong> général, apporte une réponse moderne, c’est-àdire<br />
effici<strong>en</strong>te, à une problématique d’origine et d’expression locales. » (DO NASCIMENTO<br />
2005, p.183). Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de la validité de son raisonnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes économique et<br />
politique, sur le plan sociologique, Do Nascim<strong>en</strong>to semble ne pas considérer les influ<strong>en</strong>ces<br />
pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t négatives des TIC citées par d’autres chercheurs que nous analyserons dans<br />
la suite.<br />
D’autres chercheurs et acteurs du développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Afrique sont plus réservés par rapport à<br />
l’expansion des TIC et soulign<strong>en</strong>t à la fois la crainte d’une nouvelle forme de domination de<br />
l’Occid<strong>en</strong>t, des déviations de priorités sociales de la part de la population <strong>en</strong> général et des<br />
pertes symboliques pot<strong>en</strong>tielles pour les cultures locales.<br />
Sur la crainte d’une nouvelle forme de domination Chéneau-Loquay dit que : « <strong>La</strong> technologie<br />
et particulièrem<strong>en</strong>t les TIC sont perçues <strong>en</strong> Afrique comme étant au cœur de grandes<br />
manœuvres pour le contrôle des marchés, des idées et des systèmes de valeur et seront<br />
demain un des principaux facteurs discriminants <strong>en</strong>tre pauvres et riches aussi bi<strong>en</strong> à l’échelle<br />
internationale qu’à l’échelle individuelle. Dans bi<strong>en</strong> des milieux le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t domine d’un Nord<br />
qui submerge de concepts et de modèles de développem<strong>en</strong>t » (CHENEAU-LOQUAY 1999,<br />
p.20). Le chercheur mali<strong>en</strong> Pascal Baba Couloubaly dit, quant à lui, que « compte t<strong>en</strong>u des<br />
disponibilités économiques du contin<strong>en</strong>t, de la demande sociale et culturelle des populations,<br />
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