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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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• « l’excitation verbale » des Dioula et des Bobos révélant une utilisation maximale de la<br />

parole aussi bi<strong>en</strong> pour exprimer une id<strong>en</strong>tité que comme une forme privilégiée de<br />

construire une relation avec autrui.<br />

Selon Nyamba « cela ne veut pas dire que les uns parlerai<strong>en</strong>t plus que les autres, tout dép<strong>en</strong>d<br />

des circonstances et des conditions d’énonciation de la parole et de déroulem<strong>en</strong>t de la<br />

communication » (NYAMBA 2005, p.80).<br />

Dans les sociétés de tradition orale, les modes originaux de communication ont des<br />

manifestations extérieures diverses – la parole, les signes, les instrum<strong>en</strong>ts de musique, les<br />

symboles et les gestuelles, avec la danse <strong>en</strong> particulier – « dont la portée et les performances<br />

(…) sont soumises aux conditions limitatives du temps et de l’espace » (NYAMBA 2005, p.83).<br />

Autrem<strong>en</strong>t dit, dans un système traditionnel de communication, « les acteurs sont prés<strong>en</strong>ts<br />

<strong>en</strong> une sorte de face-à-face verbal où leur communication se limite à l’espace et au temps qui<br />

les rassembl<strong>en</strong>t » (NYAMBA 2005, p.83). Or, avec le développem<strong>en</strong>t des nouveaux moy<strong>en</strong>s de<br />

communication, l’information ne se conti<strong>en</strong>t plus dans les limites restrictives de temps et de<br />

l’espace de la relation face-à-face. L’utilisation des TIC lève ces limitations, permettant<br />

l’établissem<strong>en</strong>t de nouveaux cadres de communication et la structuration d’autres formes<br />

d’organisation des activités sociales. Nyamba pose donc la question : « Que devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors<br />

‘la pudeur lég<strong>en</strong>daire’ des Peuls et ‘l’excitation verbale’ des Dioula et des Bobos face au<br />

téléphone fixe, au téléphone mobile cellulaire et aux différ<strong>en</strong>tes offres très timides de service<br />

public <strong>en</strong> matière de communication » (NYAMBA 2005, p.80).<br />

Nyamba parle de la r<strong>en</strong>contre des sociétés traditionnelles avec « l’extérieur <strong>en</strong>vahissant », et<br />

de changem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par cette r<strong>en</strong>contre aussi bi<strong>en</strong> dans la constitution sociale que<br />

dans les types de rapport à l’autre. L’auteur donne l’exemple du mot « radio » dans la langue<br />

des Sanan du Burkina Faso, « aradjo », expliquant qu’au début de l’utilisation de la radio dans<br />

leur société ce mot était associé à une vérité absolue. Cela s’explique par les représ<strong>en</strong>tations<br />

sociales antérieures des Sanan pour lesquelles la parole qui vi<strong>en</strong>t de loin est chargée de<br />

connaissances nouvelles. Avec la vulgarisation de la radio chez les Sanan, ces derniers sav<strong>en</strong>t<br />

désormais que l’on peut m<strong>en</strong>tir à la radio, et <strong>en</strong> plus que cela peut arriver souv<strong>en</strong>t. C’est donc<br />

le système de représ<strong>en</strong>tation premier sur la véracité de « la parole qui vi<strong>en</strong>t de loin » qui a été<br />

déconstruit au fur et à mesure que le nouvel outil de communication était approprié par les<br />

Sanan. « <strong>La</strong> déferlante actuelle des NTIC amorce la construction de nouvelles id<strong>en</strong>tités et<br />

désagrège les id<strong>en</strong>tités anci<strong>en</strong>nes. » (NYAMBA 2005, p.81). Sans pr<strong>en</strong>dre a priori une<br />

connotation morale négative, cette reconstruction id<strong>en</strong>titaire doit être prise <strong>en</strong> compte dans<br />

la compréh<strong>en</strong>sion de l’appropriation des TIC par ces sociétés, incluant certainem<strong>en</strong>t une<br />

dim<strong>en</strong>sion éthique.<br />

Une autre conclusion fondam<strong>en</strong>tale exemplifiée par le cas de la radio chez les Sanan du<br />

Burkina Faso est énoncée plus loin par Nyamba : « Les modes d’appropriation de la situation<br />

prés<strong>en</strong>te rest<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cés par les antécéd<strong>en</strong>ts socioculturels des groupes<br />

considérés. » (NYAMBA 2005, p.81). <strong>La</strong> radio a été initialem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> acceptée chez les Sanan<br />

aussi <strong>en</strong> raison de la représ<strong>en</strong>tation positive que ce groupe avait de « la parole qui vi<strong>en</strong>t de<br />

loin ». Selon Nyamba, il est fondam<strong>en</strong>tal de compr<strong>en</strong>dre que « les valeurs sociales qui<br />

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