La thèse en version intégrale - Fondation FARM
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l’importance des r<strong>en</strong>contres physiques pour l’établissem<strong>en</strong>t de la confiance <strong>en</strong>tre les<br />
interlocuteurs. J’ai abordé systématiquem<strong>en</strong>t avec les agriculteurs r<strong>en</strong>contrés le sujet des SIM<br />
qui propos<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong> relation à distance <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>ts acteurs afin de faciliter la<br />
commercialisation des produits agricoles. Aucun des agriculteurs r<strong>en</strong>contrés ne connaissait le<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t de tels systèmes. Néanmoins, tout <strong>en</strong> se montrant intéressés, tous m’ont fait<br />
part de leurs préoccupations sur la possibilité de faire confiance à une personne que l’on ne<br />
connaît pas, <strong>en</strong> ayant seulem<strong>en</strong>t comme base une indication du système. Selon eux, il faut<br />
r<strong>en</strong>contrer les personnes pour faire affaire. Quelques uns ont dit que la mise <strong>en</strong> relation<br />
pourrait, peut-être, se faire à distance, mais l’affaire se conclura seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de la<br />
marchandise et de l’arg<strong>en</strong>t. Un autre exemple de la préfér<strong>en</strong>ce des agriculteurs pour<br />
l’échange face-à-face est l’importance attribuée à la prés<strong>en</strong>ce physique aux réunions<br />
d’information de l’UGCPA-BM : comme il a été souligné plus haut, sans avoir participé<br />
directem<strong>en</strong>t aux réunions, les agriculteurs se méfi<strong>en</strong>t des informations qui y sont véhiculées.<br />
6.2.2.2 Caractéristiques des flux d’informations<br />
Caractériser un flux d’information, c’est id<strong>en</strong>tifier la nature des informations diffusées, les<br />
principaux acteurs impliqués dans la diffusion, ainsi que les moy<strong>en</strong>s utilisés. Dans la première<br />
section de ce chapitre j’ai cité les questionnem<strong>en</strong>ts professionnels de base dans l’esprit des<br />
agriculteurs selon Soumabéré Dioma : savoir quoi produire, décider où v<strong>en</strong>dre, décider quand<br />
v<strong>en</strong>dre, décider d’emmagasiner ou pas, et calculer raisonnablem<strong>en</strong>t les marges. Toutes les<br />
informations qui apport<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts de réponse à ces questions sont pertin<strong>en</strong>tes pour<br />
les agriculteurs qui adopt<strong>en</strong>t une approche <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euriale de l’agriculture. Dans la<br />
pratique, néanmoins, une bonne partie des agriculteurs que j’ai r<strong>en</strong>contrés à la Boucle du<br />
Mouhoun n’assumai<strong>en</strong>t pas une posture véritablem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euriale vis-à-vis de leur<br />
activité agricole, ce qui r<strong>en</strong>d la tâche d’id<strong>en</strong>tification de besoins <strong>en</strong> information beaucoup<br />
plus floue, et nécessairem<strong>en</strong>t indirecte. Des questions du type « De quelles informations avezvous<br />
besoin » ne sont que rarem<strong>en</strong>t efficaces car une partie des agriculteurs r<strong>en</strong>contrés,<br />
surtout ceux qui ne sont pas membres d’une organisation professionnelle agricole, sembl<strong>en</strong>t<br />
ne pas avoir formalisé dans leurs esprits le rapport <strong>en</strong>tre leurs activités professionnelles<br />
quotidi<strong>en</strong>nes et l’<strong>en</strong>semble d’informations qu’y sont associées. Selon Koueri Cissé, les<br />
membres des groupem<strong>en</strong>ts de producteurs sont plus s<strong>en</strong>sibilisés à l’importance d’être bi<strong>en</strong><br />
informés, et ils font beaucoup d’efforts pour avoir accès à des informations une fois qu’ils<br />
sont convaincus que cela leur permet de mieux maitriser leur exploitation. Selon Koueri Cissé,<br />
une des avancées les plus importantes pour les agriculteurs dans ce s<strong>en</strong>s a été le fait de<br />
s’organiser <strong>en</strong> coopératives, ce qui leur a permis d’échanger des informations de façon plus<br />
efficace et de faire face, notamm<strong>en</strong>t, aux pratiques abusives des commerçants 145 .<br />
145 Koueri dit qu’avant la création des groupem<strong>en</strong>ts de producteurs, ils étai<strong>en</strong>t dans des situations très difficiles pour<br />
négocier avec les commerçants. Mal informés, les agriculteurs n’arrivai<strong>en</strong>t jamais à avoir des prix justes pour leurs<br />
produits.<br />
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