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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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<strong>La</strong>tour le rappelle, Luc Boltanski et <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Thév<strong>en</strong>ot avai<strong>en</strong>t déjà montré que « s’il y a une<br />

chose qu’on ne peut pas faire à la place des acteurs (…) c’est bi<strong>en</strong> de décider où ceux-ci se<br />

situ<strong>en</strong>t sur une échelle qui va du plus petit au plus grand, parce que, à chaque étape de leurs<br />

nombreuses t<strong>en</strong>tatives pour justifier leur comportem<strong>en</strong>t, ils peuv<strong>en</strong>t soudain mobiliser<br />

l’humanité tout <strong>en</strong>tière, la France, le capitalisme et la Raison, tandis qu’une minute plus tard<br />

ils sont capables de négocier un compromis local. (…) Le changem<strong>en</strong>t d’échelle est donc une<br />

prouesse qu’il faut laisser à l’acteur » (BOLTANSKI & THEVENOT 1991 cité dans LATOUR<br />

2006a, p.269-270).<br />

Selon <strong>La</strong>tour, la solution <strong>en</strong>visagée par la sociologie des associations, au contraire, « n’a ri<strong>en</strong> à<br />

voir avec une quelconque t<strong>en</strong>tative de proposer un nouveau compromis <strong>en</strong>tre le niveau micro<br />

et le niveau macro, ou l’acteur et le système » (LATOUR 2006a, p.248). <strong>La</strong> question serait<br />

plutôt de savoir « si l’acteur est "dans" un système ou si le système est "fait" d’acteurs qui<br />

interagiss<strong>en</strong>t » (LATOUR 2006a, p.246). Le s<strong>en</strong>s ne serait ni dans le niveau micro des<br />

interrelations, ni dans le niveau macro des contextes. Aucune des deux positions extrêmes ne<br />

serai<strong>en</strong>t satisfaisantes car d’un côté les interactions serai<strong>en</strong>t débordées par des structures qui<br />

leur donnerai<strong>en</strong>t leur forme, et de l’autre côté ces structures resterai<strong>en</strong>t elles-mêmes trop<br />

abstraites « aussi longtemps qu’elles n’ont pas été situées dans des exemples, mobilisées,<br />

réalisées ou incarnées dans quelqu’interaction locale et vécue » (LATOUR 2006a, p.247). Pour<br />

la sociologie des associations, la solution demanderait donc le dépassem<strong>en</strong>t de la dichotomie<br />

local/global, et cela dans toutes ses formes : micro/macro, acteur/système,<br />

interaction/contexte.<br />

<strong>La</strong> conclusion de ce dépassem<strong>en</strong>t pour mon travail est la nécessité de nuancer le caractère<br />

microsociologique de ma recherche. Je compte garder cet adjectif dans la description de mon<br />

approche car il fait référ<strong>en</strong>ce à une façon de conduire la recherche qui correspond, jusqu’à un<br />

certain point, à mes choix méthodologiques – comme, notamm<strong>en</strong>t, la priorité donnée à des<br />

méthodes qualitatives. Au fond pourtant, le dépassem<strong>en</strong>t de la dichotomie micro/macro,<br />

associé à la première source d’incertitude – qui institue l’impossibilité d’établir à l’avance la<br />

légitimité d’une catégorisation d’<strong>en</strong>tités ou un niveau d’étude à privilégier –, exige de<br />

susp<strong>en</strong>dre les oppositions de tout ordre pour simplem<strong>en</strong>t suivre les associations là où elles<br />

m’amèneront. Il faut sortir des cadres d’analyse, y compris celui de la microsociologie, pour<br />

se permettre simplem<strong>en</strong>t de décrire les associations de plus près, de la façon la plus fiable<br />

possible.<br />

Les principes de la sociologie des associations sont des inspirations majeures pour ma<br />

recherche. En particulier, la reconnaissance des diverses sources d’incertitude citées par<br />

<strong>La</strong>tour – et <strong>en</strong>core une ultime que sera abordée plus loin – me semble fondam<strong>en</strong>tale pour<br />

éviter les prét<strong>en</strong>tions qui risqu<strong>en</strong>t de s’infiltrer dans n’importe quelle t<strong>en</strong>tative de<br />

compréh<strong>en</strong>sion des réalités sociales. <strong>La</strong> critique systématique de l’approche critique <strong>en</strong><br />

sociologie me semble pertin<strong>en</strong>te et précieuse pour <strong>en</strong>visager une autre façon d’<strong>en</strong>trer <strong>en</strong><br />

relation avec les ag<strong>en</strong>ts ordinaires qui font l’objet de l’étude. Dans la conclusion ci-après, je<br />

serai am<strong>en</strong>é à nuancer mon adhésion à certaines idées avancées par <strong>La</strong>tour et les autres<br />

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