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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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l’exploitation familiale, dans laquelle il ne travaille plus <strong>en</strong> raison de son âge avancé, que sur<br />

des questions professionnelles liées à l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de Susanne avec l’Union, même si dans<br />

ce cas il n’a pas nécessairem<strong>en</strong>t son mot à dire : « Il faut que j’informe toujours mon mari ».<br />

Susanne dit cela de façon naturelle et considère qu’il serait un manquem<strong>en</strong>t grave de sa part<br />

de ne pas le faire. Ainsi, par exemple, si Susanne doit s’abs<strong>en</strong>ter du village pour participer à<br />

une réunion à Dédougou <strong>en</strong> raison de ses responsabilités institutionnelles auprès de l’UGCPA-<br />

BM, et que son mari ne le découvre qu’au mom<strong>en</strong>t du départ, Susanne dit que « cela n’est<br />

pas bon ». Elle affirme donc informer son mari de tout ce qui se passe, de toutes les<br />

informations quelle reçoit. Elie Fofana, de son côté, insiste pour que le chef de la famille soit<br />

obligatoirem<strong>en</strong>t informé de tout. Je lui ai demandé, par exemple, si cela lui dérangerait que<br />

sa femme ait un téléphone portable. Il m’a répondu tranquillem<strong>en</strong>t que non, à condition que<br />

cela n’introduise pas des secrets <strong>en</strong>tre eux – Elie aurait accès au portable de sa femme à tout<br />

mom<strong>en</strong>t.<br />

V<strong>en</strong>ance Konaté, futur chef des terres de Passakongo, considère très important que les chefs<br />

traditionnels soi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> informés sur ce qui se passe dans leurs villages ; cela fait partie,<br />

selon lui, de leurs attributions. Il croit que, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t des changem<strong>en</strong>ts qui s’opèr<strong>en</strong>t<br />

actuellem<strong>en</strong>t dans les communautés de la région, avec une remise <strong>en</strong> question croissante de<br />

certains aspects de la tradition, quelques décisions vont toujours passer par la famille des<br />

chefs traditionnels, comme, par exemple, l’attribution de terres à des étrangers. Elie Fofana<br />

insiste, lui-aussi, pour que les chefs traditionnels soi<strong>en</strong>t toujours informés des questions<br />

villageoises, et cela même si quelques décisions seront prises dans le village contre leur<br />

volonté originale. Selon Elie, si, d’un côté, les chefs doiv<strong>en</strong>t faire preuve de flexibilité pour<br />

accepter de temps <strong>en</strong> temps de pr<strong>en</strong>dre des décisions contraires à leurs avis personnels, de<br />

l’autre côté, ils ne doiv<strong>en</strong>t jamais accepter d’être écartés du processus décisionnel. Cela exige<br />

qu’ils soi<strong>en</strong>t toujours conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t informés sur tous les sujets qui concern<strong>en</strong>t la<br />

communauté. L’important serait d’être consulté et de participer de la décision. Face aux<br />

mouvances de la modernité, Elie considère que les chefs doiv<strong>en</strong>t être diplomatiques dans leur<br />

comportem<strong>en</strong>t, accepter les changem<strong>en</strong>ts pour pouvoir continuer à avoir un rôle dans les<br />

décisions villageoises, établissant des compromis <strong>en</strong>tre la tradition et la modernité. S’ils<br />

affront<strong>en</strong>t simplem<strong>en</strong>t les changem<strong>en</strong>ts, s’y opposant fermem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison de la tradition,<br />

Elie dit qu’ils risqu<strong>en</strong>t d’être simplem<strong>en</strong>t contournés, jusqu’au mom<strong>en</strong>t où ils seront<br />

finalem<strong>en</strong>t oubliés, laissés complètem<strong>en</strong>t de côté.<br />

J’ai pu observer, de par le comportem<strong>en</strong>t de divers agriculteurs r<strong>en</strong>contrés, non seulem<strong>en</strong>t<br />

l’importance attribuée à la c<strong>en</strong>tralisation des informations autour des différ<strong>en</strong>ts chefs des<br />

communautés – chef de l’exploitation, chef du village, chef des terres –, mais aussi que le<br />

conséqu<strong>en</strong>t contrôle social de l’information n’est pas perçu comme une contrainte par<br />

rapport à leur liberté d’action. Cela peut être illustré par quelques détails de mes échanges<br />

avec Sounsoura Coulibaly le jour où j’ai participé des travaux champêtres chez lui. Au<br />

mom<strong>en</strong>t où l’on partait de la cour de Sounsoura vers son champ, nous avons aperçu au loin<br />

Emmanuel Dakio, futur chef du village à Soukuy et membre du bureau exécutif de l’UGCPA-<br />

BM. Sounsoura a t<strong>en</strong>u à passer le voir pour expliquer le cadre de ma visite avant que l’on<br />

parte au champ. Après les salutations coutumières, Sounsoura a très brièvem<strong>en</strong>t expliqué<br />

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