La thèse en version intégrale - Fondation FARM
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Grâce principalem<strong>en</strong>t à des indications et des contacts de Soumabéré Dioma, secrétaire<br />
exécutif de l’UGCPA-BM, j’ai pu faire une demi-douzaine d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s institutionnels 105 ,<br />
surtout à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. A partir des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts obt<strong>en</strong>us<br />
dans ces <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, j’ai décidé de diviser la prés<strong>en</strong>te section <strong>en</strong> trois parties. Je prés<strong>en</strong>terai<br />
tout d’abord un bref historique des reformes structurales dans le secteur agricole burkinabè.<br />
Je mettrai <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’importance croissante de l’information pour la réussite de l’activité<br />
agricole dans ce contexte de libéralisation. Je prés<strong>en</strong>terai <strong>en</strong>suite quelques systèmes<br />
d’information de marché (SIM) actuellem<strong>en</strong>t opérationnels dans le pays. Je serai<br />
principalem<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>é à souligner l’insuffisance de ces initiatives vis-à-vis des besoins <strong>en</strong><br />
information des agriculteurs et le manque de coordination <strong>en</strong>tre elles. Enfin, je compte citer<br />
des comm<strong>en</strong>taires de quelques uns de mes interlocuteurs institutionnels à propos de<br />
l’appropriation des TIC par des agriculteurs au Burkina Faso.<br />
6.1.1 <strong>La</strong> libéralisation et l’importance accrue de l’information pour la profession agricole<br />
Avant les reformes structurelles des années 1980, l’Etat jouait un rôle fondam<strong>en</strong>tal aussi bi<strong>en</strong><br />
dans la production que dans la commercialisation agricole au Burkina Faso. Du côté de la<br />
production, l’Etat fournissait des subv<strong>en</strong>tions et des <strong>en</strong>grais qui, même étant destinés a priori<br />
à la filière coton, étai<strong>en</strong>t, dans la pratique, égalem<strong>en</strong>t utilisés par les agriculteurs dans<br />
d’autres cultures 106 . Du côté de la commercialisation, l’Etat définissait, non seulem<strong>en</strong>t les prix<br />
d’achat au producteur pour toutes les principales filières – par l’intermédiaire de l’Office<br />
National des Céréales (OFNACER), par exemple –, mais il s’<strong>en</strong>gageait aussi à acheter tout<br />
l’excédant des producteurs à travers des diverses <strong>en</strong>treprises d’Etat 107 . Selon Soumabéré<br />
Dioma, même si les agriculteurs n’étai<strong>en</strong>t parfois pas satisfaits des prix définis par le<br />
gouvernem<strong>en</strong>t, il ne leur restait que la tâche de produire, sans se soucier de la mise <strong>en</strong><br />
marché de leurs produits. Selon Dioma, à cette époque, « on suivait pour suivre ».<br />
Dans la déc<strong>en</strong>nie de 1980, avec la pression des institutions de Bretton Woods 108 pour la<br />
libéralisation des marchés, l’Etat s’est dés<strong>en</strong>gagé aussi bi<strong>en</strong> de la production que de la<br />
commercialisation de produits agricoles. D’une part, la majorité des subv<strong>en</strong>tions à la<br />
105 En plus de Soumabéré Dioma, j’ai r<strong>en</strong>contré : Brigitte <strong>La</strong>bbe, administratrice régionale d’achats du Programme<br />
Alim<strong>en</strong>taire Mondial (PAM) ; Malick Lompo, gestionnaire de la C<strong>en</strong>trale d’Information sur la Sécurité Alim<strong>en</strong>taire,<br />
Direction Générale de la Promotion de l’Economie Rurale (DGPER), du Ministère de l’Agriculture du Burkina Faso ; Eric<br />
Palé, ingénieur socio-économiste au Système de l’information des marchés céréaliers, de Société nationale de gestion<br />
du stock de sécurité alim<strong>en</strong>taire du Burkina Faso (SONAGESS) ; Philippe Ki, coordinateur de l’Association pour la<br />
Promotion de la Sécurité et de la Souveraineté Alim<strong>en</strong>taires au Burkina (APROSSA), la branche burkinabè de l’ONG<br />
Afrique Verte ; ainsi que Soumaïla Sanou, présid<strong>en</strong>t du Comité interprofessionnel des filières céréales et niébé du<br />
Burkina (CICB).<br />
106 En abs<strong>en</strong>ce de ressources financières ou de moy<strong>en</strong>s pratiques de se procurer des <strong>en</strong>grais pour la production de leurs<br />
autres cultures, les agriculteurs se sont habitués à y appliquer, de façon clandestine, une partie des <strong>en</strong>grais reçus pour<br />
la production du coton. Le détournem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>grais destinés à la culture du coton fait partie, <strong>en</strong>core aujourd’hui, des<br />
pratiques courantes des agriculteurs de la région de la Boucle du Mouhoun.<br />
107 Comme, par exemple, l’huilerie et savonnerie Citex, la brasserie Brakina, le Grand Moulin de Banfora et l’<strong>en</strong>treprise<br />
de tissage Faso Fani.<br />
108 <strong>La</strong> Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI).<br />
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