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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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production ont été abolies. D’autre part, les prix d’achat au producteur n’étai<strong>en</strong>t plus définis<br />

par des ag<strong>en</strong>ces étatiques. En ce qui concerne la filière céréales, par exemple, l’OFNACER ne<br />

définissait plus les prix des céréales à payer aux agriculteurs, organisant plutôt ses achats par<br />

des appels d’offres. Dans ce nouveau contexte, les commerçants sont dev<strong>en</strong>us les maîtres de<br />

lieux, à la fois incontournables et bénéficiaires d’une relation inégale avec les producteurs.<br />

D’un côté, le nombre de producteurs qui arrivai<strong>en</strong>t à produire une quantité suffisante de<br />

céréales pour v<strong>en</strong>dre directem<strong>en</strong>t à l’OFNACER, et qui avai<strong>en</strong>t les moy<strong>en</strong>s de transporter<br />

leurs productions jusqu’aux points de v<strong>en</strong>te, était très réduit – pour la grande majorité des<br />

agriculteurs, il fallait passer par les commerçants. De l’autre côté, très mobiles et surtout<br />

beaucoup plus organisés <strong>en</strong>tre eux que les agriculteurs de l’époque, les commerçants<br />

communiquai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux et se coordonnai<strong>en</strong>t pour définir les prix à payer aux producteurs.<br />

Ces derniers, mal informés sur les prix pratiqués par l’OFNACER, se retrouvai<strong>en</strong>t dans une<br />

situation embarrassante et inégale lors de la négociation avec les commerçants. De plus, les<br />

différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>treprises qui consommai<strong>en</strong>t la production agricole nationale ont été, une à une,<br />

privatisées. Elles répondai<strong>en</strong>t dès lors à une logique de r<strong>en</strong>tabilité et non plus à une<br />

préoccupation gouvernem<strong>en</strong>tale d’absorption des excédants de production. Dans la pratique,<br />

l’agriculteur n’avait plus l’assurance d’écouler sa production.<br />

En bref, le producteur s’est retrouvé dans un contexte auquel il n’était pas préparé. Comme il<br />

a été dit plus haut, avant la libéralisation, l’agriculteur burkinabè n’avait pas besoin de<br />

beaucoup d’informations pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> son activité : l’Etat définissait aussi bi<strong>en</strong> ce qu’il<br />

avait besoin de planter que le prix qu’il aurait pour le produit <strong>en</strong> question. L’Etat s’est <strong>en</strong>suite<br />

retiré de la scène 109 . Selon Dioma, aujourd’hui, « tout est libéralisé » et, <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce,<br />

« l’agriculteur a besoin d’avoir une vision <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euriale, d’analyse de coûts et de r<strong>en</strong>tabilité<br />

de sa production ». Désormais il faut non seulem<strong>en</strong>t négocier les prix des produits agricoles<br />

avec les commerçants – et pour ce faire, il est fondam<strong>en</strong>tal de connaître les prix pratiqués<br />

dans les divers marchés concernés, ainsi que les coûts de transport jusqu’à ces marchés –<br />

mais il est aussi important d’adapter la production agricole selon les besoins évolutifs du<br />

marché, y compris <strong>en</strong> ce qui concerne des exig<strong>en</strong>ces de rigueur et de qualité pour les divers<br />

produits. Aucune de ces activités ne peut être conduite efficacem<strong>en</strong>t sans l’obt<strong>en</strong>tion et le<br />

traitem<strong>en</strong>t d’informations pertin<strong>en</strong>tes. Dans ce nouveau contexte, l’information est dev<strong>en</strong>ue<br />

fondam<strong>en</strong>tale pour la prise de décision des agriculteurs burkinabè.<br />

Le Comité interprofessionnel des filières céréales et niébé du Burkina (CICB), le principal<br />

organisme responsable par la mise <strong>en</strong> œuvre du Plan d’Action sur les Céréales du Ministère<br />

109 Même si la libéralisation est souv<strong>en</strong>t vue du côté positif par les responsables des OP burkinabè – comme condition<br />

favorable au développem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ariat agricole –, l’abs<strong>en</strong>ce relative de l’Etat est, dans certain cas, cause de<br />

plaintes. Soumabéré Dioma, par exemple, regrette que l’Etat n’ait pas assuré jusqu’à prés<strong>en</strong>t le cadrage de l’activité<br />

commerciale du domaine agricole. Selon lui, le manque total de réglem<strong>en</strong>tation <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre, sur le marché des produits<br />

agricoles burkinabè, un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t propice à des irrégularités de tout ordre – du mélange de pierres aux céréales,<br />

jusqu’au mauvais emmagasinage des produits. Aussi bi<strong>en</strong> Dioma que Brigitte <strong>La</strong>bbé m’ont parlé, par ailleurs, du<br />

manque de standardisation dans les mesures de capacité dans les différ<strong>en</strong>tes régions du Burkina : dép<strong>en</strong>dant de la<br />

région, on mesure la quantité des céréales <strong>en</strong> sac de c<strong>en</strong>t kilogrammes ou <strong>en</strong> sac d’une autre capacité, <strong>en</strong> « boite de<br />

tomates », souv<strong>en</strong>t de capacités différ<strong>en</strong>tes, ou <strong>en</strong> « yorobas », un grand plat qui correspond à <strong>en</strong>viron quatre boites de<br />

tomates. Selon eux, l’Etat devrait assurer la réglem<strong>en</strong>tation du secteur dans ses différ<strong>en</strong>ts aspects.<br />

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