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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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serait impossible de les considérer séparém<strong>en</strong>t : « Nul n’a jamais vu des techniques – et<br />

personne n’a jamais vu d’humains. Nous ne voyons que des assemblages, des crises, des<br />

disputes, des inv<strong>en</strong>tions, des compromis, des substitutions, des traductions et des<br />

ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>ts toujours plus compliqués qui <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t toujours plus d’élém<strong>en</strong>ts. » (LATOUR<br />

2006b, p.19)<br />

Comme le rappelle Serge Proulx, « les approches constructivistes postul<strong>en</strong>t que la réalité<br />

sociale est un processus dynamique <strong>en</strong> construction perman<strong>en</strong>te. Ainsi, <strong>en</strong> ce qui concerne les<br />

phénomènes techniques, il y aurait un <strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t dynamique, instable et perman<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>tre le pôle des technologies et celui de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t social. En d’autres mots, tout objet<br />

ou dispositif technique porterait l’empreinte des rapports sociaux qui le sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t et, <strong>en</strong><br />

même temps, la dim<strong>en</strong>sion technique traverserait de plus <strong>en</strong> plus largem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble des<br />

formes sociales.» (PROULX 2000). L’objet technique n’est plus vu comme une boîte noire,<br />

mais comme le résultat d’un <strong>en</strong>semble de controverses techniques et sociales qui a abouti à<br />

sa création. Les représ<strong>en</strong>tations que les divers acteurs concernés se font des notions de<br />

« social » et de « technique » soulèv<strong>en</strong>t elles-mêmes des controverses, ainsi aucune frontière<br />

nette <strong>en</strong>tre ces notions ne pourrait être tracée a priori.<br />

A la place de l’opposition <strong>en</strong>tre des humains et des techniques, <strong>La</strong>tour propose de p<strong>en</strong>ser <strong>en</strong><br />

termes de dynamique, <strong>en</strong> termes d’association ou de substitution : « nous savons que les<br />

élém<strong>en</strong>ts, quels qu’ils soi<strong>en</strong>t, se substitu<strong>en</strong>t et se transform<strong>en</strong>t. L’association – ET –, la<br />

substitution – OU –, voilà qui suffit à nous r<strong>en</strong>dre la précision que n’avait jamais pu nous<br />

donner la distinction du social et du technique, des humains et des choses, de la "dim<strong>en</strong>sion<br />

symbolique" et des "contraintes matérielles". » (LATOUR 2006b, p.35-36). Observant la réalité<br />

tangible et reconnaissant les mélanges des humains et des techniques, on pourrait essayer de<br />

compr<strong>en</strong>dre les transformations, l’évolution de ces deux aspects à travers leurs interrelations,<br />

mais il serait improductif – voire illusoire – d’essayer d’isoler l’un de l’autre.<br />

« Nul n’a jamais vu de collectif qui ne soit, au mom<strong>en</strong>t même où on le considère, tracé par la<br />

circulation de bi<strong>en</strong>s, de gestes, de paroles ; nul n’a jamais considéré de techniques qui ne<br />

soi<strong>en</strong>t saisies, partagées, reprises, échangées à travers un collectif – par là définit. » (LATOUR<br />

2006b, p.33). Dans la pratique les sujets et les objets n’existerai<strong>en</strong>t pas isolem<strong>en</strong>t ; ce qui<br />

existerait ce sont « des circulations, des parcours, des transferts, des traductions, des<br />

déplacem<strong>en</strong>ts, des cristallisations » (LATOUR 2006b, p.34), <strong>en</strong>fin des mouvem<strong>en</strong>ts propres<br />

des relations qui façonn<strong>en</strong>t une exist<strong>en</strong>ce imbriquée <strong>en</strong>tre sujets et objets.<br />

Ce que propose alors la sociologie des associations est l’étude de ces mouvem<strong>en</strong>ts, de ces<br />

chaînes d’associations. On est <strong>en</strong> droit de demander alors « mais associations de quoi ».<br />

<strong>La</strong>tour dit qu’<strong>en</strong> première approximation on pourrait parler d’associations « d’humains et de<br />

non-humains » (LATOUR 2006b, p.35), mais au fond il est am<strong>en</strong>é à déconstruire même cette<br />

distinction : « Parler d’"humains" et de "non-humains" ne permet qu’une approximation<br />

grossière qui emprunte <strong>en</strong>core à la philosophie moderne cette idée stupéfiante qu’il existerait<br />

des humains et des non-humains, alors qu’il n’y a que des parcours et des <strong>en</strong>vois, des tracés et<br />

des déplacem<strong>en</strong>ts. » (LATOUR 2006b, p.35). L’important serait que, même sans pouvoir<br />

définir la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre humains et techniques, il serait possible de docum<strong>en</strong>ter avec<br />

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