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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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5.1.4 Un handicap important dans la conduite de ma recherche de terrain : ma<br />

méconnaissance des langues locales<br />

Pour conclure cette section préliminaire de la prés<strong>en</strong>tation de ma méthodologie, j’aimerais<br />

aborder la question des langues locales. Si, d’un côté, il est vrai que les langues parlées au<br />

Burkina Faso sont nombreuses, de l’autre côté, je crois avoir fait un mauvais choix <strong>en</strong><br />

privilégiant l’appr<strong>en</strong>tissage d’une des plus répandues de ces langues, le Dioula, au détrim<strong>en</strong>t<br />

des autres. Le Dioula est une langue commerciale parlée par un grand nombre de personnes<br />

dans la région de la Boucle du Mouhoun, même si souv<strong>en</strong>t ce n’est pas leur langue<br />

maternelle 91 . Motivé par le fait que la grande majorité des adultes peuv<strong>en</strong>t communiquer <strong>en</strong><br />

Dioula, j’ai comm<strong>en</strong>cé à pr<strong>en</strong>dre des cours particuliers de cette langue dès mon arrivée à<br />

Dédougou. Mon int<strong>en</strong>tion au départ était d’arriver à prés<strong>en</strong>ter le cadre de mon travail de<br />

recherche dans cette langue, voulant faire preuve d’un effort pour communiquer dans une<br />

langue familière aux agriculteurs. Quelques semaines plus tard il m’était <strong>en</strong> effet possible de<br />

faire les salutations coutumières dans cette langue. Néanmoins, dans des nombreuses<br />

situations cela n’a pas eu l’effet positif que j’att<strong>en</strong>dais : le Dioula n’est pas la première langue<br />

des agriculteurs ; ils aurai<strong>en</strong>t préféré être salués dans leurs langues maternelles. Tout compte<br />

fait, je vois maint<strong>en</strong>ant que mon choix d’appr<strong>en</strong>dre les bases du Dioula au détrim<strong>en</strong>t des<br />

autres langues a été une erreur. Je n’avais pas de connaissances préalables des langues de la<br />

région et la durée de mon séjour de terrain était insuffisante pour l’appr<strong>en</strong>tissage approfondi<br />

d’une langue particulière, surtout <strong>en</strong> ayant <strong>en</strong> vue que mon temps sur le terrain était<br />

largem<strong>en</strong>t pris par d’autres activités liées à ma recherche. Il aurait été préférable de se limiter<br />

à appr<strong>en</strong>dre les formules de salutation, et d’arriver à les maitriser dans les diverses langues<br />

parlées à la Boucle du Mouhoun.<br />

Avant d’arriver sur le terrain je n’avais aucune connaissance des langues locales et, même si<br />

j’ai comm<strong>en</strong>cé à pr<strong>en</strong>dre des cours de Dioula dès mon arrivée, je savais pertinemm<strong>en</strong>t que je<br />

ne pourrais pas atteindre un niveau de maitrise de cette langue suffisante pour permettre<br />

l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d’une conversation approfondie avec les agriculteurs. Au début de mon travail de<br />

terrain, consci<strong>en</strong>t qu’une bonne partie des agriculteurs de la région ne maitrise pas le<br />

français, j’étais convaincu qu’il serait nécessaire de faire appel à un traducteur pour réaliser<br />

les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec des agriculteurs non-francophones. Le choix de ce traducteur me semblait<br />

alors une question majeure. <strong>La</strong> fluidité des échanges passant par la traduction ainsi que la<br />

qualité des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts construits à partir de ces échanges dép<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t<br />

de la maîtrise des deux langues par le traducteur, mais aussi fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t de la<br />

perspicacité de cet acteur pour m’aider à id<strong>en</strong>tifier des réactions indirectes des<br />

interlocuteurs, comme par exemple des signes non verbaux introduits dans le discours.<br />

Néanmoins, je me suis rapidem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du compte que des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s indirects – faisant appel<br />

à la traduction – étai<strong>en</strong>t fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t incompatibles avec mes choix méthodologiques<br />

de base : d’une part les détails de la communication tributaires de la langue m’échapperai<strong>en</strong>t<br />

91 Le Dioula n’est pas lié à une ethnie spécifique. Il est plutôt une langue d’échange <strong>en</strong>tre ethnies différ<strong>en</strong>tes, étant<br />

souv<strong>en</strong>t la deuxième langue parlée par les adultes dans la région.<br />

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