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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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<strong>La</strong> méthode de la visite guidée m’a permis de découvrir divers espaces villageois et de<br />

remarquer l’importance de certains d’<strong>en</strong>tre eux <strong>en</strong> termes de communication. Koueri dit que<br />

les lieux de r<strong>en</strong>contre dans le village sont par nature des lieux d’échange d’informations, car<br />

« là où on se regroupe, on communique ». Le marché et ses <strong>en</strong>virons sont des lieux de<br />

r<strong>en</strong>contre sociale par excell<strong>en</strong>ce. Ils jou<strong>en</strong>t un rôle important dans la circulation des<br />

informations au sein de la communauté. Cela est <strong>en</strong>core plus évid<strong>en</strong>t dans les villages où le<br />

marché est organisé avec une périodicité non quotidi<strong>en</strong>ne, souv<strong>en</strong>t hebdomadaire ou à<br />

chaque cinq jours. Ainsi, le « jour du marché » est un point fort dans les événem<strong>en</strong>ts<br />

communautaires de la semaine, et souv<strong>en</strong>t une référ<strong>en</strong>ce dans la gestion du temps par les<br />

acteurs locaux. Le jour du marché coïncide souv<strong>en</strong>t avec le jour de repos des travaux<br />

champêtres. J’ai visité quelques marchés avec des agriculteurs, et <strong>en</strong> particulier avec<br />

Ouagadougou Fofana à Kari. J’ai pu remarquer alors que, si le jour du marché est une<br />

référ<strong>en</strong>ce pour que les personnes se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t, la majorité des échanges ont lieu dans les<br />

buvettes ou cabarets. C’est dans ces espèces de bars où les hommes de la communauté se<br />

r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t pour boire le dolo 146 , de la bière ou d’autres alcools plus forts, qu’ils bavard<strong>en</strong>t et<br />

s’inform<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t. Autour d’une calebasse de dolo les hommes discut<strong>en</strong>t de l’état de<br />

la campagne, des prévisions météorologiques, des affaires politiques, des événem<strong>en</strong>ts<br />

culturels, des dernières nouvelles de la communauté, etc. A part les jours de marché, Koueri<br />

Cissé m’a cité aussi les jours de culte ou de fêtes comme des mom<strong>en</strong>ts privilégiés d’échange.<br />

En effet, p<strong>en</strong>dant ces journées de marché, de fête ou de culte, beaucoup de personnes se<br />

regroup<strong>en</strong>t – v<strong>en</strong>ant non seulem<strong>en</strong>t du village, mais aussi des <strong>en</strong>virons –, ce qui crée des<br />

occasions privilégiées d’échange et d’information.<br />

<strong>La</strong> méthode « du bouche à l’oreille » est absolum<strong>en</strong>t majoritaire dans la diffusion<br />

d’informations dans les villages où j’ai été à la Boucle du Mouhoun. Cela semble, d’ailleurs,<br />

cohér<strong>en</strong>t avec l’importance donnée à la communication de proximité et, <strong>en</strong> particulier, à<br />

l’oralité dans ces communautés. Quand j’ai demandé à V<strong>en</strong>ance Konaté, par exemple,<br />

comm<strong>en</strong>t ils font pour connaître les prix des céréales dans les marchés proches de<br />

Passakongo, il m’a simplem<strong>en</strong>t dit que quelqu’un arrive avec l’information et elle se transmet<br />

« très vite », de bouche à oreille, dans le village et « dix minutes après tout le monde est déjà<br />

au courant ». En effet les personnes <strong>en</strong> voyage sembl<strong>en</strong>t être une source d’informations très<br />

importante, surtout pour les membres des villages les plus isolés. Associé à la méthode « du<br />

bouche à l’oreille », et lui permettant de se concrétiser, très souv<strong>en</strong>t quand on veut passer<br />

une information à quelqu’un de spécifique dans un village on « <strong>en</strong>voie un <strong>en</strong>fant », soit pour<br />

transmettre un message simple, soit pour appeler la personne <strong>en</strong> question.<br />

Les villages burkinabè compt<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core sur un autre mécanisme assez intéressant de<br />

diffusion d’informations. Il s’agit des « crieurs publics », une fonction souv<strong>en</strong>t attribuée aux<br />

membres du clan des griots, responsables, comme on l’a vu, de la musique et aussi de<br />

l’information. Sounsoura Coulibaly et Aruna Ili m’ont expliqué que les crieurs publics sont au<br />

service des chefs traditionnels pour diffuser des informations à la population du village. Ainsi,<br />

146 Bière traditionnelle à base de sorgho.<br />

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