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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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touche la majorité des agriculteurs et commerçants. Même si une bonne partie des acteurs<br />

locaux, des commerçants notamm<strong>en</strong>t, sav<strong>en</strong>t lire les chiffres et arriv<strong>en</strong>t donc à compr<strong>en</strong>dre<br />

des messages sur des prix des produits agricoles, leur exploration des informations écrites<br />

issues des systèmes d’information reste très limitée. De plus, comme souligne Lompo, il est<br />

rare de trouver des logiciels <strong>en</strong> langues locales, ce qui r<strong>en</strong>d les systèmes <strong>en</strong>core plus<br />

difficilem<strong>en</strong>t appropriables.<br />

Liée à l’analphabétisme, mais le dépassant largem<strong>en</strong>t, la question de l’importance de l’oralité<br />

dans la communication locale a déjà été soulignée à plusieurs reprises dans ma recherche.<br />

Lompo a attiré, lui aussi, l’att<strong>en</strong>tion sur les traditions orales des différ<strong>en</strong>tes ethnies prés<strong>en</strong>tes<br />

au Burkina Faso. Plus qu’une conséqu<strong>en</strong>ce du haut taux d’analphabétisme dans les zones<br />

rurales burkinabè, la préfér<strong>en</strong>ce pour la communication orale est ancrée dans les habitudes<br />

culturelles locales. En pratique, on remarque que même les personnes alphabétisées<br />

préfèr<strong>en</strong>t échanger oralem<strong>en</strong>t avec leurs interlocuteurs. Le bouche-à-oreille reste la méthode<br />

majoritairem<strong>en</strong>t employée pour transmettre une information. Cet aspect culturel joue<br />

naturellem<strong>en</strong>t un rôle important dans l’appropriation des technologies et des systèmes<br />

d’information qui <strong>en</strong> font usage. Parmi les TIC, la radio est sans doute la plus utilisée – son<br />

succès ainsi que celui du téléphone portable, surtout à travers des échanges sonores, peuv<strong>en</strong>t<br />

être associés à cet aspect culturel.<br />

Selon Lompo, le succès de la flotte, par exemple, est dû au fait qu’elle fonctionne selon un<br />

mode de communication proche de celui que les acteurs locaux utilisai<strong>en</strong>t avant l’arrivée de<br />

la technologie : les Burkinabè ont normalem<strong>en</strong>t « plus de confiance dans la parole que dans<br />

ce qui est écrit ». Lompo m’a donné <strong>en</strong>core un autre exemple de l’importance des<br />

dynamiques antérieures à l’utilisation des TIC pour que l’application de ces technologies soit<br />

appropriée naturellem<strong>en</strong>t par les acteurs locaux. Il s’agit de la réussite de la partie du projet<br />

MISTOWA mise <strong>en</strong> œuvre par APROSSA au Burkina Faso. Selon Lompo, ce succès est dû, <strong>en</strong><br />

grande partie, à l’exist<strong>en</strong>ce d’un travail de base préalable – la bourse céréalière d’APROSSA –,<br />

à la fois indép<strong>en</strong>dant des outils technologiques et antérieur à leur mise à disposition par<br />

MISTOWA.<br />

Cela n’empêche que l’appropriation des TIC par les acteurs locaux reste une question <strong>en</strong>tière.<br />

Selon Lompo, elle s’insère dans une autre, plus large, qu’il associe au « problème de tout ce<br />

qui est nouveau ». Lompo voulait ainsi attirer mon att<strong>en</strong>tion sur une certaine inertie du<br />

comportem<strong>en</strong>t des agriculteurs burkinabè face à de possibles changem<strong>en</strong>ts, sur leur<br />

méfiance vis-à-vis des innovations. Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t des TIC, Lompo a cité notamm<strong>en</strong>t les<br />

campagnes de conseil technique agricole qui, depuis plus de 50 ans, essai<strong>en</strong>t de convaincre<br />

les agriculteurs de semer <strong>en</strong> ligne pour avoir une plus grande productivité. Selon lui, malgré<br />

tous les efforts d’information et de formation à ce propos, une bonne partie des agriculteurs<br />

continue de semer de façon erratique.<br />

Philippe Ki, coordinateur d’APROSSA, considère, quant à lui, que pour augm<strong>en</strong>ter les chances<br />

d’appropriation des TIC et des processus d’information qui <strong>en</strong> font usage, il faut avoir une<br />

bonne méthodologie de s<strong>en</strong>sibilisation et d’animation des acteurs locaux. Selon lui, « si les<br />

personnes compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’intérêt elles adhér<strong>en</strong>t ». Cela justifie la préparation par APROSSA de<br />

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