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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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d’autres, distribuée dans un grand nombre de formes d’exist<strong>en</strong>ce sans visage » (LATOUR<br />

2006a, p.65-66), ce qui lui donnerait toujours un aspect mystérieux. L’action devrait donc<br />

rester une surprise, et ainsi, au lieu de pr<strong>en</strong>dre appui sur une force sociale abstraite, le point<br />

de départ pour les sociologues devrait être le caractère sous-déterminé de l’action – « les<br />

incertitudes et les controverses portant sur "qui" agit lorsque "nous" agissons » (LATOUR<br />

2006a, p.66) – sans qu’il soit possible de décider si cette source d’incertitude ti<strong>en</strong>t à<br />

l’observateur ou à l’acteur.<br />

<strong>La</strong>tour comm<strong>en</strong>ce donc à déconstruire la notion d’acteur, qui dans le s<strong>en</strong>s commun est<br />

souv<strong>en</strong>t associée à l’int<strong>en</strong>tionnalité, à l’origine de l’action. Pour lui, au contraire, l’acteur<br />

« n’est pas la source d’une action, mais la cible mouvante de tout un essaim d’<strong>en</strong>tités qui<br />

fond<strong>en</strong>t sur lui » (LATOUR 2006a, p.67). L’auteur nous appelle à considérer les diverses<br />

influ<strong>en</strong>ces qui se font s<strong>en</strong>tir dans la concrétisation de l’action : « un acteur n’agit pas : on le<br />

fait agir » (LATOUR 2006a, p.67). L’origine de l’action serait donc source d’incertitude, et<br />

toute t<strong>en</strong>tative précoce d’attribution de s<strong>en</strong>s à partir des catégories abstraites, comme les<br />

« forces globales de la société » (LATOUR 2006a, p.68), serait artificielle et infondée. A ce<br />

propos <strong>La</strong>tour conclut qu’il n’y aurait « pas d’acteur, mais des formes d’exist<strong>en</strong>ce qui le font<br />

agir et dont on compr<strong>en</strong>d mal l’origine et la force » (LATOUR 2006a, p.125).<br />

Toute <strong>en</strong> reconnaissant le caractère sous-déterminé de l’action – qui d’ailleurs sera davantage<br />

clarifié dans la sous-section « Redistribuer le local » –, je serai am<strong>en</strong>é à nuancer la<br />

déconstruction de l’acteur suggérée par <strong>La</strong>tour, pour finalem<strong>en</strong>t garder la conviction de<br />

l’importance de l’int<strong>en</strong>tionnalité de l’acteur humain dans la réalisation de quelques<br />

circonstances particulières. J’adhère néanmoins à l’idée de concéder aux objets le rôle<br />

d’acteurs à part <strong>en</strong>tière, même si cela exige la reformulation de la notion même d’acteur,<br />

comme <strong>La</strong>tour le suggère avec la prochaine source d’incertitude.<br />

4.4.3.3 Troisième source d’incertitude : les objets comme médiateurs<br />

Avec l’exploration de ce que <strong>La</strong>tour appelle la troisième source d’incertitude, il continue la<br />

déconstruction de la notion traditionnelle d’acteur, cette fois-ci incluant les <strong>en</strong>tités « nonhumaines<br />

» dans la liste de pot<strong>en</strong>tiels acteurs. Selon lui, il est difficile de voir comm<strong>en</strong>t des<br />

objets peuv<strong>en</strong>t véritablem<strong>en</strong>t agir si l’on limite la notion d’action à ce que font les humains,<br />

dotés d’int<strong>en</strong>tionnalité. En revanche, si l’on ti<strong>en</strong>t à la décision de suivre les controverses<br />

portant sur les « formes d’exist<strong>en</strong>ce participant à un cours d’action », alors une autre<br />

définition d’acteur est nécessaire : « toute chose qui vi<strong>en</strong>t modifier une situation donnée <strong>en</strong> y<br />

introduisant une différ<strong>en</strong>ce devi<strong>en</strong>t un acteur » (LATOUR 2006a, p.102-103). Ainsi, la question<br />

qu’il convi<strong>en</strong>drait de poser pour évaluer la pertin<strong>en</strong>ce d’une <strong>en</strong>tité comme acteur est la<br />

suivante (LATOUR 2006a, p.103) : introduit-elle ou non une différ<strong>en</strong>ce dans le déroulem<strong>en</strong>t<br />

de l’action d’un ag<strong>en</strong>t En plus de servir d’arrière-fond de l’action humaine, les choses<br />

peuv<strong>en</strong>t « autoriser, r<strong>en</strong>dre possible, <strong>en</strong>courager, mettre à portée, permettre, suggérer,<br />

influ<strong>en</strong>cer, faire obstacle, interdire, et ainsi de suite » (LATOUR 2006a, p.103-104). Dans cette<br />

nouvelle perspective, il faudrait donc les élever « au rang d’acteurs de plein droit. » (LATOUR<br />

2006a, p.104)<br />

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