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La thèse en version intégrale - Fondation FARM

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eproduction de ces conditions est d’ordre culturel et institutionnel, tout autant<br />

qu’économique et technologique » (CASTELLS 2000b, p.37), ce qui représ<strong>en</strong>te une mise <strong>en</strong><br />

garde importante contre toute t<strong>en</strong>tative d’exporter des bonnes pratiques d’application des<br />

TIC pour le développem<strong>en</strong>t issues d’une expéri<strong>en</strong>ce particulière. André Nyamba, considérant<br />

l’utilisation des TIC <strong>en</strong> milieu rural africain, affirme que : « Toute politique d’introduction du<br />

téléphone dans leur milieu [rural], ou même toute innovation technologique de façon<br />

générale, devra t<strong>en</strong>ir compte de chaque spécificité <strong>en</strong> milieu rural. Voilà une nouvelle façon de<br />

voir les choses qui, à terme, peut aider à préciser l’aide au développem<strong>en</strong>t: une meilleure<br />

implication des "bénéficiaires" pour qu’ils puiss<strong>en</strong>t mieux s’approprier ce qu’on leur propose. »<br />

(NYAMBA 2000, p.210)<br />

Effectivem<strong>en</strong>t, le fait que les TIC sont de plus <strong>en</strong> plus prés<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> Afrique 31 , aussi bi<strong>en</strong> dans<br />

les villes que dans les campagnes, doit susciter l’intérêt par les <strong>en</strong>jeux socioculturels de leur<br />

utilisation. Une logique multiple existe derrière la demande croissante d’accès aux TIC de la<br />

part des populations locales. En plus de la valeur sociale attribuée à la technologie et donc de<br />

la distinction sociale d’être « connecté », l’accès à l’information techniquem<strong>en</strong>t et<br />

économiquem<strong>en</strong>t pertin<strong>en</strong>te, comme cité plus haut, est susceptible d’exercer un effet de<br />

levier sur le développem<strong>en</strong>t économique local. Mais quelle serait l’empreinte de la technique<br />

sur la configuration socioculturelle des populations locales Il y aurait-il des risques<br />

associés <br />

Le contact <strong>en</strong>tre deux cultures différ<strong>en</strong>tes détermine toujours un certain niveau d’influ<strong>en</strong>ce<br />

de l’une sur l’autre, un certain niveau de métissage <strong>en</strong>tre ces cultures. Si les TIC sont<br />

porteuses des valeurs de la technique, leur simple utilisation par des agriculteurs africains<br />

suscite un contact <strong>en</strong>tre ces derniers et les valeurs <strong>en</strong> question, <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drant pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

des changem<strong>en</strong>ts dans leur propre culture. Le questionnem<strong>en</strong>t à propos de l’ext<strong>en</strong>sion et des<br />

conséqu<strong>en</strong>ces sociales de ces possibles changem<strong>en</strong>ts culturels est donc légitime. Le<br />

philosophe de la technologie Michel Puech parle de « transaction évolutive » (PUECH 2008)<br />

pour caractériser le contact <strong>en</strong>tre cultures. Selon lui, il y aurait toujours des gains et des<br />

pertes liés à l’influ<strong>en</strong>ce d’une culture sur une autre. Cela caractériserait une transaction dans<br />

le s<strong>en</strong>s qu’il devrait exister une négociation et une prise de consci<strong>en</strong>ce par rapport à<br />

l’influ<strong>en</strong>ce réciproque.<br />

Or, selon le sociologue burkinabè André Nyamba, dans la majorité des cas, les Africains ne<br />

sont pas complètem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ts des pertes et des gains associés à l’adoption des TIC<br />

(NYAMBA 2005) : « Les villageois africains press<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ce qu’ils ont à gagner à s’approprier les<br />

NTIC. Mais ils n’y gagneront que s’ils sav<strong>en</strong>t gérer les pertes correspondantes : perdre<br />

l’accessoire peut-être, mais pas l’ess<strong>en</strong>tiel, notamm<strong>en</strong>t dans la mutation des sociabilités. »<br />

31 Selon l’édition 2008 du rapport de l’Union Internationale de Télécommunications (UIT) sur les indicateurs des<br />

télécommunications et des TIC africaines l’Afrique reste la région du monde qui connaît la plus forte croissance<br />

annuelle du nombre d’abonnés mobiles, par exemple avec pas moins de 65 millions de nouveaux abonnés <strong>en</strong> 2007.<br />

Début 2008, on rec<strong>en</strong>sait plus de 250 millions d’abonnés mobiles sur le contin<strong>en</strong>t. Six mois plus tard, <strong>en</strong> juin 2008, la<br />

barrière des 300 millions d’abonnés dans le contin<strong>en</strong>t avait déjà été franchie (Celular-News, http://www.celularnews.com/story/31784.php,<br />

consulté le 26/08/09). Le taux de pénétration de la téléphonie mobile est passé de 1 pour<br />

50 habitants au début des années 2000 à près d’un tiers de la population actuelle.<br />

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